Les deux créatures aquatiques descendent progressivement des hauteurs, glissant avec une grâce étonnante, comme si elles comprenaient que leurs compagnons souhaitaient retrouver le sol des profondeurs. Leurs tentacules ondulent doucement, créant des remous dans l'eau limpide qui apaisent les jeunes, encore sous le choc.
Rokia, Ryujin, les quelques jeunes survivants et les responsables, les visages marqués par la fatigue et la peur, finissent par descendre de leurs montures aquatiques, leurs jambes tremblantes de soulagement. Ils échangent des regards inquiets, leurs esprits hantés par le chaos auquel ils viennent d'échapper.
Les responsables du centre, se rassemblant un peu à l'écart, échangent des murmures tendus. Ils comprennent qu'ils ne peuvent plus rester ici : il y a un risque que les gardes de l'impératrice reviennent à tout moment, et l'idée de faire face à une nouvelle attaque les pétrifie. Les jeunes, traumatisés par cette expérience, commencent à rebrousser chemin, jetant des regards anxieux autour d'eux, comme si chaque ombre pouvait cacher une menace. La peur au ventre, ils avancent d'un pas prudent, leur seul but étant de trouver un endroit sûr, loin de tout danger.
L'un des responsables s'approche de Cincotti, un éclat de colère et de frustration dans le regard, pour lui parler. Sa voix tremble légèrement, mais il semble déterminé :
— Ce qui s'est passé est tout simplement choquant, souffle-t-il, la voix grave. On a tous été traumatisés par cette scène, et on ne veut pas mourir en continuant à être associés avec vous. On est là pour gagner des gemmes, pour survivre. Nous trois, nous avons décidé de ne plus vous suivre. On ne veut pas payer pour les conséquences de vos actions. C'est pourquoi nous devons couper les liens, finit-il d'une voix sans appel.
Cincotti reste silencieux un instant, réalisant l'ampleur de leur décision. Il observe les visages fermés de ses collègues, et comprend que leur choix est irrévocable. Rokia et Ryujin, à quelques pas de là, comprennent également ce départ et échangent un regard silencieux ; ils savent bien que rester ensemble pourrait les mettre tous en danger.
— Moi aussi, je veux aller sur la terre ferme ! lance alors Anjali, sa voix résonnant dans le silence, surprenant tout le monde par sa détermination soudaine.
Tous la regardent, un peu ébahis. Anjali, connue pour sa tendance à éviter les situations risquées, n'a jamais été de celles qui prennent des décisions aussi audacieuses. Elle croise les bras, essayant de cacher son malaise, mais dans le fond, sa véritable motivation semble être de rester proche de Ryujin. Elle sait pourtant que partir avec eux est risqué, car sans le centre, elle n'aura plus accès aux précieuses opales nécessaires pour se ressourcer. Anjali, consciente de son choix, se glisse discrètement en arrière, se cachant des autres responsables, car pour elle, le travail ici est avant tout une obligation.
De son côté, Cincotti, désormais abandonné par ses propres collègues, ressent une profonde solitude qui le traverse comme un froid glacial. Ses épaules s'affaissent sous le poids de cette perte, et un vide s'installe en lui. Il ne sait pas encore où aller, mais une idée lui traverse l'esprit, une lueur d'espoir fugace : peut-être pourrait-il se rendre dans une ville voisine pour voir une connaissance et trouver des solutions. Il se souvient de ses projets : le centre lui aurait permis de mener des expériences avec les opales spectrales vertes et violettes, mais cet espoir est désormais compromis, s'évanouissant comme un rêve impossible.
Les jeunes et les responsables, unis par la peur et la nécessité, se séparent alors discrètement, chacun cherchant un chemin pour fuir cet endroit sinistre et dangereux. Un passage se dessine derrière eux, un sentier qui grimpe vers un nouvel espoir. Les jeunes échangent un regard et se mettent à escalader, leurs mains glissant parfois sur les parois rocailleuses, mais ils s'entraident, se hissant les uns les autres, déterminés à survivre.
Le chemin qui s'offre à eux est d'une beauté irréelle : un sentier d'une blancheur éclatante, parcouru de filaments lumineux, comme des électrodes qui scintillent à chaque mouvement. Les jeunes avancent en silence, hypnotisés par ce spectacle. Des arbres bordent l'allée, leurs branches ornées d'opales chatoyantes qui réagissent au moindre mouvement des passants, projetant des éclats lumineux comme des étoiles. Ce lieu semble irréel, et pour un instant, ils oublient la peur qui les hante.
Rokia, quant à elle, reste très marquée par les événements récents. Elle sent son cœur battre à tout rompre, et serre son lori contre elle, prête à se défendre au moindre signe de danger. Les yeux fixés droit devant elle, elle avance en état d'alerte, guettant la moindre menace.
La méduse et la pieuvre, ayant retrouvé une taille raisonnable, avancent en éclaireurs devant eux, explorant prudemment le sentier. Leurs mouvements sont presque synchronisés, comme s'ils partageaient le même instinct de protection envers leurs compagnons.
Ils ne sont désormais plus que quatre. Tandis qu'ils progressent, une mélodie douce et envoûtante commence à flotter dans l'air, enveloppant le groupe dans une sensation étrange et réconfortante. Une voix monocorde, apaisante, semble chantonner non loin d'eux, et les jeunes échangent des regards surpris, se demandant d'où peut bien venir cette mélodie. En cherchant la source de cette musique, ils aperçoivent tout autour d'eux des poissons à tête transparente, flottant délicatement dans l'eau. Ces créatures étranges, dotées de plusieurs nageoires et d'une bouche incroyablement longue, semblent danser, leur corps teinté de jaune et de bleu, créant une aura féerique autour du groupe.
Rokia, fascinée, tend la main et effleure l'un des poissons du bout des doigts, comme pour vérifier s'il est bien réel.
— Elles sont extraordinairement belles, murmure-t-elle, presque pour elle-même, ses yeux brillants d'admiration.
Les poissons, comme enchantés par ce contact, se mettent à tournoyer autour d'eux, valsant avec grâce et légèreté, les immergeant dans un moment de pure beauté. Tous se laissent transporter par cette mélodie et cette danse hypnotique, oubliant momentanément le danger et les traumatismes récents. Leurs visages s'illuminent de sourires discrets, leurs peurs s'évaporant sous l'effet de cette scène magique.
Après cette distraction merveilleuse, ils reprennent leurs esprits, échangent un dernier regard complice et se mettent en route. Leurs yeux encore remplis d'émerveillement, ils avancent avec un peu plus de courage. Ce bref moment de symbiose les laisse avec un sentiment de rêve éveillé, offrant à chacun un répit bienvenu au milieu de leur périple tumultueux, qui est loin d'être terminé.
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Opales des Abysses
FantasyRokia, une jeune fille curieuse, assiste à la foire annuelle des jeux de son quartier. Alors qu'elle participe à différents jeux, elle finit par remporter un prix inattendu : une méduse dorée, un animal aquatique étincelant et mystérieux, enfermé da...