Il a fallu quelques minutes avant que la douleur atroce finisse par s'estomper. Finalement, elle parvient à s'endormir.
De son côté, Ryujin n'est pas encore à l'heure du sommeil. Il est en pleine fête avec son camarade, découvrant les spécialités des abysses : calamars grillés, anguilles fumées, nageoire de poisson et étoiles de mer séchées. Bien qu'il soit un peu dégoûté, il se prête au jeu.
« Ça colle sous la dent, mais ce n'est pas si mal. »
Son camarade met la musique à fond, et ils sautent à pieds joints sur les lits, oubliant qu'ils dérangent les autres.
« EH OH ! ON SE CALME LÀ-BAS ! »
Une voix féminine traverse le couloir, résonnant dans les oreilles des deux jeunes, qui se calment immédiatement. Mais elle n'en a pas fini, poussant un cri si fort et perçant que les camarades de chambre se bouchent les oreilles. Rokia et sa colocataire se réveillent sous ce bruit intempestif.
« C'est quoi ce cri de malade ? »
« Ça doit être la dame du dortoir. Elle ne supporte pas le bruit. »
Réveillée par ce vacarme, Rokia se couvre les oreilles, craignant de perdre son audition. Le cri résonne dans tout le dortoir, à la fois chez les filles et les garçons.
Anjali entrouvre alors la porte pour voir ce qui se passe. Elle confirme ses soupçons. Rokia aperçoit cette étrange créature : petite, avec une longue tête, un œil, deux bras, deux doigts, d'énormes oreilles rouges et des nageoires en guise de jambes.
« Bon, ne t'inquiète pas, ça ne va pas durer. »
Rokia est fascinée par cette apparition, si on peut l'appeler ainsi.
« Rokia, je pense qu'on devrait se coucher. Il ne faudrait pas qu'elle nous voie éveillées. »
Elle referme la porte et se glisse rapidement sous les draps.
Le lendemain matin, Rokia est réveillée par le chant des orques. Bien qu'elle n'ait dormi que quelques heures, elle se sent épuisée. Ces chants l'enveloppent dans une sorte d'apesanteur, et les quelques grammes de sommeil qu'il lui reste s'évaporent rapidement.
Elle s'approche de la fenêtre pour admirer ce spectacle. Ces animaux aquatiques semblent planer, comme si le monde était à leurs pieds. C'est impressionnant de les voir en nombre depuis la fenêtre, leurs douces mélodies emplissant l'air.
« Tu es réveillée ? Il faut qu'on se prépare pour aller déjeuner. »
Anjali pensait encore que Rokia était endormie, mais celle-ci est bien éveillée. Elle se prépare, se débarbouille ; une douche ne serait pas de refus. Au lieu de l'eau, des opales dorées coulent le long de son corps, rendant le flot scintillant avant de s'évaporer.
Bien que sa tenue soit dotée d'un réservoir pour opales, Rokia n'en a pas besoin. Étrangement, sa tenue semble repérer sa gemme verte, un liquide verdâtre est visible à travers la partie transparente. Après s'être préparée convenablement, elle rejoint Anjali qui l'attend patiemment. Prêtes, elles s'apprêtent à commencer cette nouvelle journée.
Elles prennent l'ascenseur qui les emmène directement à l'école. Déjà que l'idée de se retrouver dans le vide la stresse, ici, c'est encore pire. L'ascenseur semble relié au néant. À l'intérieur, de petits poissons-lune nagent, bloqués par une vitre qui les empêche de rejoindre le monde extérieur. C'est la première fois que Rokia voit de tels animaux marins aussi petits.
Monter dans cet ascenseur est une rude épreuve, mais l'attraction que lui procurent ces poissons-lune lui fait oublier sa peur du vide.
« Il ne faut pas regarder en dessous. T'inquiète, avec le temps, tu vas t'y habituer. »
Anjali essaie de la rassurer du mieux qu'elle peut, et ça fonctionne plutôt bien. Après quelques secondes, elles accèdent à la salle de déjeuner. La plupart des personnes profitent de ce moment pour manger leurs opales, afin de maximiser leur énergie pour la journée.
La carte présentant les plats commence à bouger. Rokia trouve cela très impressionnant. Il y a peu de nourriture comestible pour une personne venant de la terre ferme ; la majorité des habitants des abysses se nourrissent d'opales chamarrées. Elle se met à choisir des végétaux plutôt glacés. Après avoir fait son choix, qui semble le moins pire, elle entre dans une salle d'une grandeur incroyable.
La salle à manger n'est pas accueillante : les murs sont ternes et sales. Les chaises, fabriquées à partir de plantes, peinent à soutenir le poids des convives. Les tables sont dures et peu confortables. Il y a un réel contraste par rapport aux dortoirs. Elle observe toutes les communautés qu'elle n'aurait jamais imaginées.
Des humains aux gènes d'animaux aquatiques, semblables à ses camarades, mais tout aussi différents. Elle aperçoit des personnes ayant une apparence de requin, avec des nez si fins qu'ils semblent invisibles. Leur peau paraît élastique et quasi sans égratignure. Ils parlent une langue que Rokia ne comprend pas. Elle voit aussi des individus assez imposants, au visage rond et gonflé, qui lui rappellent des baleines.
Les voir marcher donne l'impression qu'ils ont du mal à se déplacer. Elle se dit qu'elle n'a pas fini de découvrir toutes ces mutations aussi fascinantes les unes que les autres.
Rokia continue d'analyser l'endroit comme à son habitude. Des tonnes d'opales sont exposées dans la salle à manger, et un vase rempli de dents de requin attire son attention. À ce moment-là, Ryujin quitte son groupe de chambre pour s'asseoir près de Rokia et de sa nouvelle camarade, Anjali.
« Hello, les filles. Comment ça va ? »
« Ça va super, bien dormi. »
Ryujin fait connaissance avec Anjali, et leurs regards se croisent, créant une connexion immédiate.
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Opales des Abysses
FantasyRokia remporte un cadeau bien étrange à la foire des jeux du quartier : une méduse dorée. Comment un tel animal aquatique peut-il être gagné sans explication ? Ce gain inattendu la fera découvrir les secrets les plus inavouables des profondeurs mar...