Opales des Abysses

Chapitre 3

— Non mais tu rigoles, Rokia ? C'est incroyable ce que tu viens de gagner ! s'exclame Coumba, les yeux écarquillés.

Rokia, encore sous le choc, contemple la méduse qui flotte mollement dans son bocal. Elle ne comprend pas comment une créature aussi exotique peut se retrouver ici. Curieuse, elle secoue le bocal, les sourcils froncés, pour vérifier si l'animal est vraiment vivant.

— Alors déjà, mademoiselle, il n'est pas nécessaire de secouer le bocal de cette façon. Vous risquez de l'étourdir, intervient l'animateur en fronçant les sourcils.

Rokia se fige. Elle réalise soudain que ce n'est pas un jouet, mais bien une vraie créature aquatique. L'animateur, les lèvres pincées et l'air sérieux, lui donne alors quelques consignes sur la façon de s'occuper de la méduse.

— Il faut la nourrir régulièrement et éviter les déplacements brusques, précise-t-il, scrutant l'animal avec un regard ému.

Pleine de questions sur cet étrange animal, Rokia essaie d'en savoir plus. Pourtant, l'animateur reste vague et évasif. À ses côtés, une femme, qui semble être sa collègue, jette des regards presque nostalgiques au bocal. Elle semble si émue que Rokia la voit essuyer discrètement une larme.

— Ça y est, les deux sont enfin donnés ! chuchote la collègue de l'animateur, la voix tremblante. Croisons les doigts !

— Arrête de pleurer et de marmonner, elle va t'entendre ! rétorque l'animateur, visiblement mal à l'aise. Tout va bien se passer ! Continue d'accueillir les passants !

Rokia entend à demi-mots leur conversation. Elle est intriguée et sent bien qu'il se passe quelque chose d'étrange, mais elle n'a pas le temps d'analyser la situation. Coumba, impatiente, tire Rokia par le bras.

— Bon, de toute façon, je n'ai rien gagné dit Coumba d'un ton faussement dramatique. Rokia, on y va, arrête de rêvasser ! Coumba, impatiente, tire Rokia par le bras.

En marchant, les deux amies échangent des regards perplexes. Coumba, curieuse, propose de nourrir la méduse.

— Ils ont mis quoi dans sa nourriture pour que ça sente si mauvais ? gémit Coumba, le nez plissé, visiblement dégoûtée.

Rokia rit, prenant la nourriture dans ses mains tout en essayant de rassurer son amie. Elle ouvre le compartiment du bocal et, bien que mal assurée, place délicatement la nourriture. Coumba tremble de peur.

— C'est intimidant, hein ? murmure Rokia avec un sourire.

— Où est sa bouche ? demande Coumba en s'approchant d'un air craintif.

— Aucune idée, répond Rokia en haussant les épaules, un sourire perplexe aux lèvres. J'ignore tout de l'anatomie d'une méduse !

La méduse semble se nourrir, même si les filles ne comprennent pas comment. Toute cette aventure paraît irréelle. En rentrant chez elle, Rokia imagine déjà la réaction de ses parents et de ses frères.

— On a passé une journée vraiment amusante, conclut-elle en souriant.

Elles se séparent devant la maison de Rokia. Elle entre chez elle, trouvant sa mère en train de cuisiner.

— Comment s'est passée ta journée, ma fille ? demande sa mère, un sourire bienveillant aux lèvres.

Rokia lui raconte son incroyable aventure, lui montrant fièrement son étrange gain. Sa mère observe le bocal, écarquillant les yeux.

— C'est... une méduse ? demande-t-elle, visiblement perplexe.

Alors que la nuit tombe, la méduse dans le bocal commence à luire d'une couleur dorée. Sa beauté mystérieuse capte l'attention de la famille entière. Le père de Rokia descend, attiré par la lumière.

— Alors... ça... c'est fou ! dit-il en plissant les yeux, visiblement fasciné. Rokia, tu as ramené ça ?

Les jumeaux Alassane et Thierno rentrent à ce moment-là, bousculant Rokia pour mieux voir.

— Mais c'est quoi ce truc ? demande Alassane, bouche bée.

Rokia explique fièrement qu'elle a gagné cet étrange animal à la foire. Les jumeaux, impressionnés, examinent la méduse avec un mélange de fascination et d'incrédulité.

— Tu as vu comme elle brille ? s'exclame Thierno.

Le père de Rokia s'approche encore un peu, remarquant soudain quelque chose d'étrange.

— Attendez... cette méduse... a des opales dans son bocal ?

Rokia, confuse, l'interroge du regard. Son père, passionné par les pierres précieuses, observe attentivement le fond du bocal.

— Regardez ! Là, juste en dessous ! Il y a des pierres précieuses incrustées ! dit-il d'une voix excitée.

Ils se penchent tous au-dessus du bocal et découvrent des opales scintillantes, enchâssées comme un trésor au fond. Les yeux brillants, Rokia contemple ces joyaux qui semblent appartenir à un autre monde.

— C'est donc ça, des opales ? demande-t-elle avec émerveillement.

— Exactement, répond son père, les yeux rivés sur le bocal. Ce sont des gemmes très précieuses. Vous ne savez pas à quel point ces pierres sont rares !

Ils échangent des regards stupéfaits, émerveillés par ce trésor inattendu. Plus le temps passe, plus Rokia s'interroge. Elle se demande, troublée, comment un objet aussi précieux a pu se retrouver entre ses mains après une simple sortie à la foire.