CHAPITRE 9 - Aurore

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Je me permets, par la présente, de dédicacer ce chapitre à ma très chère amie, celle qui vient juste de recevoir son permis de conduire et qui, dans peu de temps, fera autant de tonneaux que moi sur la route ! xD

(Allez sur Youtube, et tapez : « Isabel La Rosa - Older » ).

Je crois que le monde entier se fout de ma gueule.

Pour ne pas dire l'univers.

La galaxie elle-même, tant qu'on y est !

— Je rêve... Ma plains-je d'une voix à peine audible, les mains accrochées à la rambarde en métal, et le corps affalé contre les planches en bois verni.

Ma poitrine commence à me faire mal. Toujours penchée en avant, quitte à me laisser porter par le vide comme une âme perdue dans le cosmos, je le regarde enclencher la première du pied gauche, puis effectuer une rotation du poignet droit à nouveau pour enfin partir. Lorsqu'il dévale la descente qui se trouve devant la maison et qui le guide tout droit vers la route, je ne peux me retenir et souffle le plus bruyamment possible, en n'ayant plus que faire des autres invités qui me zieutent certainement comme on observe un animal dans un zoo. À la fois avec désintérêt et interrogation. Quant à moi, je suis littéralement absorbée par la prestance du jeune homme, lui qui éclaire encore mon monde d'une divine lumière, même lorsqu'il s'en éloigne. Il m'offre son plus beau profil, perché sur sa monture infernale qui gronde comme le tonnerre, suivant le souffle du vent. Car il s'appelle Zéphyr. Car c'est celui qui fend la bise comme un éclair de feu. Car c'est celui qui traverse le monde sans rencontrer le moindre obstacle. Les jambes ramenées au niveau de la taille, et le torse penché au-dessus du réservoir, il semble avoir la position adéquate pour accélérer encore lorsqu'il se trouvera sur la route, et partir comme un éclair. Vu d'ici, son corps est encore plus merveilleux, puisqu'on le devine simplement, sous tout son attirail en cuir. La supposition vaut même mieux que l'évidence, à ce stade-là.

— Aurore ? M'interpelle-t-on.

Mes oreilles ne perçoivent presque plus les bruits alentours, comme si j'étais plongée la tête sous l'eau dans une immense piscine, à quelqued mètres de la surface, et ne pouvant voir que les silhouettes lointaines de ceux qui m'entourent et auxquels je n'accorde plus la moindre attention pour me concentrer sur celui qui m'abandonne pour la troisième fois depuis que je l'ai rencontré. Je mordille l'intérieur de mes joues, sans vraiment m'en rendre compte. C'est comme si mon esprit quittait mon corps pour rejoindre Zayn sur la route, lui qui enclenche vite la seconde pour partir à toute vitesse, comme s'il déployait des ailes blanches merveilleuses. On dirait un ange. Mon estomac se retourne, et mes yeux papillonnent sans réellement voir l'horizon. C'est comme si autour de lui, tout était flouté. Il domine tout. Tout. Même moi, en cet instant.

— AURORE ! M'interpelle encore une fois la voix.

Je reviens enfin à moi, après de longues minutes de bataille acharnée contre mon esprit qui souhaite rester captif de l'homme. Ma tête oscille de droite à gauche pour remettre mon cerveau en place - ou pour le trouver dans l'immensité de ma boite crânienne, je ne sais pas. Les sons redeviennent proches, et emportent avec eux une sorte de malaise dont je ne parviens plus à me défaire.

— Est-ce que tu veux un café ? Me propose alors ma grand-mère, lorsque je me tourne, les doigts toujours enroulés autour de la rambarde comme si mes jambes n'étaient plus capables de me maintenir debout.

— Heu, non... Tu sais bien que je ne bois pas de café...

— Oh, oui ! C'est vrai !

La vieille brave retourne à ses occupations. Mon regard dévale le paysage qui s'offre à moi : des dizaines de personnes que je n'ai dû voir qu'une ou deux fois dans ma vie sont attablées, à discuter de la pluie et du beau temps, couverts par un soleil aveuglant qui pour moi, ne rayonne même plus et s'apparente à une lune pâle et sans le moindre éclat. Noah, présent en bout de table, qui discute avec quelques autres cousins dont je n'ai jamais eu connaissance, rit à gorge déployée, avant de remarquer que mes yeux sont braqués sur lui. Il m'envoie alors un sourire timide, que j'interprète malgré moi comme un « Tu me manques ».

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