CHAPITRE 10 - Aurore

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BIP BIP

— Mmh... Marmonné-je dans ma barbe, encore emmitouflée sous mes couvertures.

Je replace la couette en plumes d'oie, lourde comme un âne mort, jusque sur mon nez pour me maintenir au chaud. Il fait froid, ce matin. Ou peut-être que je suis simplement tombée malade, à cause de la froideur du visage des membres de ma famille hier.

Ah, la bonne blague !

Et c'est une nouvelle balle perdue pour mon entourage. Si je gagnais un euro à chaque fois que j'envoyais un pique à une personne de ma famille, je serai certainement riche à l'heure qu'il est, peut-être même plus que Elon Musk.

En fin de compte, je ne plaisante pas, du moins en partie.

Sur le rhume, je veux dire.

Ce matin, mes narines sont quasiment bouchées, mais j'ai l'habitude. J'ai toujours eu une fâcheuse tendance à dormir découverte, et on ne peut pas dire que ça m'ait toujours réussi. Quoi qu'il en soit, je m'apprêtais à me rendormir, moi qui passais une nuit si merveilleuse, quand une nouvelle dénotation fait son entrée dans la pièce. La seconde en l'espace de quelques minutes, et qui cette fois, me fait définitivement sortir de mes gonds.

— Oh, c'est pas vrai... Qui me fait chier de bon matin... Râlé-je comme une adolescente en pleine crise.

Parfois, j'ai l'impression de remonter le temps et de réatterrir dans l'immense maison de ma mère, à l'époque où j'étais encore au collège. À l'époque, cette dernière me reprochait souvent d'être « en pleine crise », mais on ne peut pas dire que j'y aie vraiment prêté attention. Je me retourne sur le matelas, et place un pied sur le côté pour me tirer vers le rebord du lit. J'en tremble, tant les autres coins du matelas où je n'avais pas affalé mon fessier sont froids. Je suis un vrai glaçon. Puis, lorsque je saisis mon portable, je tombe des nus : deux messages non lus. Deux messages dont le destinataire m'est inconnu. Et surtout, deux messages que je ne parviens pas à comprendre.

Inconnu (texto) :

J'espère que t'es prête, Bikeuse...

Inconnu (texto) :

Parce que j'arrive dans 10 mn.

Tout en relevant un sourcil, je lis les quelques lettres qui m'informent que je ne connais effectivement pas le destinataire du SMS que je viens de recevoir. Inconnu. J'ai beau chercher dans ma petite tête, je ne saisis pas l'enjeu de ses messages.

— Mmh... Faux numéro, mon coco, en conclus-je donc, sans y réfléchir plus que cela.

Je n'ai que faire de cette personne qui ose troubler mon sommeil. Ça m'arrive assez régulièrement. Visiblement, le commun des mortels n'accepte pas le fait que j'apprécie dormir jusqu'à tard le matin. Par conséquent, et ayant pris ma décision, je balance mon portable sur mon matelas, à mes côtés, en ne prenant même pas le temps de répondre. Je finis par me tourner de nouveau dans mon lit, exténuée par le repas de famille de la veille. Je menace encore de sombrer dans les bras de Morphée, qui sont si confortables. Après tout, il est bien le seul homme qui soit présent pour moi en ce moment.

Je ne sais pas du tout quelle heure il est et j'avoue que, même lorsque j'ai regardé l'écran de mon portable, je n'ai même pas levé les yeux pour regarder le réveil. Je m'en fiche pas mal. Les volets étant fermés, la lumière du soleil ne viendra pas m'embêter aujourd'hui. Or, tout à coup, alors que je songeais à ma sieste qui durerait jusqu'à midi, mon cœur se met à battre à un rythme endiablé, me faisant presque bondir sur le matelas. Je marmonne encore une fois, le museau couvert par la couette qui me fait sentir ma propre haleine, et Dieu sait que celle du matin n'est pas la plus ragoûtante.

ECLIPSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant