Les silences du destin

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La situation de Nadia empirait, c'était évident. Elle ne venait presque plus en cours, ses absences devenaient de plus en plus fréquentes. Quand elle daignait répondre à mes appels, ses phrases étaient courtes, à peine audibles. Je sentais qu'elle essayait de combattre ses démons, mais chaque fois que je la voyais, il me semblait qu'elle s'enfonçait un peu plus. Elle se torturait l'esprit. Son regard, autrefois vif et plein d'énergie, était devenu éteint, comme si elle se battait contre une force invisible qui l'écrasait un peu plus chaque jour.

Elle m'avait promis qu'elle irait voir la police. Pourtant, chaque jour, elle repoussait l'échéance. Je comprenais pourquoi, même si ça me rendait malade. Elle savait que dès qu'elle parlerait, tout deviendrait plus concret, plus réel. Une procédure judiciaire s'ouvrirait, et ce serait une guerre, un combat encore plus difficile à mener. Peut-être qu'elle se sentait déjà trop épuisée pour affronter un tel déferlement de stress. Je ne la jugeais pas. Après tout, qui étais-je pour le faire ? Moi aussi, j'étais impuissante.

De mon côté, ma vie n'avait pas vraiment changé. J'essayais de changer les idées de Nadia, de la faire sourire, de lui donner une raison de se lever le matin. Mais c'était loin d'être gagné. À chaque tentative, elle s'enfonçait encore plus dans son silence. Le temps semblait suspendu autour d'elle, comme si elle ne faisait plus vraiment partie du monde qui continuait de tourner. Quant à moi, je faisais de mon mieux pour ne pas sombrer avec elle, mais c'était un effort constant.

C'était un vendredi soir après les cours et mon boulot. Je n'avais pas vu Nadia depuis quelques jours, et ça commençait sérieusement à m'inquiéter. Je sortis mon téléphone et l'appelai. Trois sonneries, puis sa voix endormie résonna à l'autre bout.

« Allô ? »

« Nadia, c'est moi. Qu'est-ce que tu fais ce soir ? »

Un long silence suivit, puis un soupir. « Rien... Je vais rester chez moi. »

Je détestais l'entendre comme ça. « Ça te dit qu'on passe une soirée ensemble ? Une petite soirée pyjama, comme avant ? On regardera des séries, on mangera des trucs pourris... Juste toi et moi. »

Elle hésita un moment avant de répondre, sa voix presque éteinte. « Ouais, pourquoi pas. »
Je sentis un léger soulagement. « Ok, j'arrive. »

Cependant avec les garçons on avait prévu d'aller au skate park le lendemain, mais avec l'état de Nadia, je n'avais pas vraiment le cœur à ça. Et surtout au vu de la situation j'en suis sûr que les garçons comprendront. Je poussai la porte de l'appartement, déposant mon sac dans l'entrée. Keziah et Azdin étaient dans le salon, collés devant la télé, probablement en train de regarder une rediffusion de foot.

« Hey, les gars. Écoutez, je vais chez Nadia ce week-end, » dis-je en m'approchant d'eux. « Pas de skate park demain, ok ? »

Keziah, le plus jeune, me lança un regard plein de déception. « Mais on avait dit qu'on irait... »

Azdin, toujours plus raisonnable, leva les yeux au ciel. « Laisse tomber, Keziah. Elle doit s'occuper de Nadia. »

Je posai une main sur son épaule et ajoutai doucement : « On y ira une autre fois, je vous le promets. Mais là, Nadia a vraiment besoin de moi. Vous comprenez ? »

Keziah soupira, avant de hocher la tête. « Ouais, je comprends. »

« Soyez sages, hein ? Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous appelez sur le fixe ou mon portable. Pas de bêtises avec maman, c'est clair ? »

Azdin hocha la tête avec un air sérieux, tandis que Keziah boudait légèrement. J'allais me diriger vers la chambre de maman, mais je décidai de faire un détour par la chambre des garçons vu que Marwan y était.

Adila - Entre Ombres et Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant