Doute sur doute

10 1 0
                                    


Je marchais d'un pas rapide, le cœur battant à tout rompre. J'étais persuadée que Milan avait quelque chose à voir avec cette histoire de voiture. Après tout, c'était lui le dernier à savoir où elle était garée. Qui d'autre aurait pu intervenir ? Ça ne pouvait être qu'un coup de sa part, je le sentais. Mais alors que j'avançais dans les rues, ma tête s'emmêlait. Je savais même plus exactement où il habitait. C'était toujours pareil avec moi, une mémoire digne d'un poisson rouge.

Je tournais en rond dans le quartier pendant bien quinze minutes, passablement agacée. Chaque maison se ressemblait, et plus je me perdais, plus mon anxiété montait. Mon ventre se nouait à l'idée de devoir le confronter, et en même temps, ma colère ne faisait que grandir. Quand je finis par reconnaître la maison de Milan, je m'arrêtai net. C'était elle, c'était sûr. Une grande bâtisse un peu vieillotte, avec un petit jardin à l'avant. Je restai plantée là un moment à la fixer, essayant de rassembler mes pensées avant de passer à l'action.

Je pris une grande inspiration et me dirigeai vers la porte. Pas question de faire dans la dentelle. Je toquai fort, comme une folle, sans réfléchir.
Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvrit brusquement. Milan apparut, encore à moitié endormi, les cheveux en bataille et un regard agacé. Il portait juste un short, et son torse nu laissait apparaître ses muscles fins mais bien dessinés. C'était la première fois que je le voyais aussi débraillé, sans ses habituels vêtements oversize qui cachaient tout. Il devait faire dans les 1m95, imposant sans être massif, juste... là. Il dégageait quelque chose de perturbant, un truc qui me bloquait.

Je restai silencieuse une seconde, un peu hypnotisée malgré moi, avant qu'il ne brise le silence d'un ton sec.

— Qu'est-ce qui te prend de toquer comme une malade, là ? C'est quoi ton problème ?

Son ton agacé me fit sortir de mes pensées. Clairement, ce n'était pas un gars du matin.

— Où est ma voiture, Milan ? lui lançai-je sans détour, les bras croisés, les nerfs à vif. Je sais que t'as quelque chose à voir là-dedans.

Il plissa les yeux, l'air encore plus agacé.

— Qu'est-ce qui te fait croire que c'est moi ? demanda-t-il avec un sourire en coin.

— Parce que t'étais le dernier à savoir où elle était ! Et maintenant, elle a disparu ! Alors, si c'est pas toi, c'est qui ?

Il éclata de rire, visiblement amusé par ma colère. Ça me rendait encore plus folle.

— T'es sérieuse là ? Tu crois vraiment que je vais me lever à l'aube pour voler ta vieille caisse ?

— C'est pas drôle, Milan ! répliquai-je en haussant la voix. Je suis sérieuse ! T'as fait quoi avec ma voiture ?

Il haussa les épaules, un petit sourire moqueur toujours collé au visage.

— Calme-toi, c'est rien de grave. Une connaissance à moi l'a récupérée pour la réparer, c'est tout. Franchement, ta bagnole me faisait trop de peine.

Voilà c'était bien ce que je pensais.

Son ton ironique m'énerva encore plus. C'était le pompon.

— Quoi ? Mais t'avais pas à faire ça ! m'écriai-je, stupéfaite. Ça te regarde pas, Milan ! J'avais pas besoin de ton aide !

— Bah moi, ça me fait plaisir d'aider une petite gamine en détresse, répondit-il en s'adossant nonchalamment à la porte, l'air toujours aussi amusé.

Cette fois, c'était trop. Je sentis une montée de colère me traverser, mais pas juste pour la voiture. C'était autre chose, comme une frustration accumulée qui ressortait tout d'un coup.

Adila - Entre Ombres et Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant