Adila - Entre Ombres et Lumière

Problèmes de plus

On s'était installés tranquillement au grec, Aymen et moi, quand soudain, une voix familière me fit me retourner. C'était Rahyana. Elle avançait vers nous avec un grand sourire.

« Salam, Adila ! » Elle me fit la bise avant de saluer Aymen.

« Salam ! » répondit Aymen, un peu hésitant, tendant la main par réflexe.

Rahyana le regarda avec un sourire poli, puis dit calmement : « Désolé, je serre pas la main aux hommes. » Elle lui fit un petit signe de tête pour compenser.

Je jetai un coup d'œil à Aymen, qui était tout gêné mais essayait de le camoufler avec son humour habituel. « Ah... okay, je comprends, pas de souci ! »

Je souris discrètement. C'est vrai que chez nous, les femmes musulmanes qui portent le voile plus précisément, comme Rahyana, évitent généralement de serrer la main aux hommes.

C'était naturel pour elle, mais je voyais bien qu'Aymen ne s'y attendait pas.

Rahyana prit place à côté de nous, et je fis rapidement les présentations.

« Aymen, je te présente Rahyana, ma cousine. Rahyana, voici Aymen, mon collègue de la supérette. »

« Enchantée, » répondit-elle poliment.

On se mit à discuter, mais Rahyana n'avait pas prévu de rester longtemps. Elle m'expliqua qu'elle était venue en bus avec une amie et qu'elles comptaient repartir de la même manière. C'est alors qu'Aymen, toujours dans son rôle de gentil garçon serviable, lui proposa de les raccompagner.

« Bah, si tu veux, moi je peux vous ramener toutes les deux. Y'a pas de souci ! »

Rahyana haussa les épaules. « Pourquoi pas. Merci. » Elle semblait accepter l'offre, mais sans vraiment lui accorder beaucoup d'attention. Elle se leva ensuite pour rejoindre son amie à une autre table.

Dès qu'elle fut partie, je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler. Aymen était tellement rouge que j'en avais mal au ventre. Il me lança un regard désespéré.

« Mais pourquoi tu m'as pas dit que t'avais des bombes comme ça dans ta famille ?! » lança-t-il, encore un peu secoué. « Purée, comment elle m'a remballé ! Elle est dure, ta cousine ! »

Je rigolais encore plus. « Elle est comme ça, elle a toujours été sérieuse. »

Il secoua la tête en souriant. « Mais c'est pas grave, moi j'aime bien l'inaccessible, tu vois. » Il s'emballa, comme à son habitude, avec des blagues à n'en plus finir. « Ça y est, c'est bon, je vais la présenter à la daronne ! »

« T'es bête, toi. » Je riais, mais en même temps je savais que Rahyana n'était vraiment pas ce genre de fille à se laisser charmer si facilement.

Quelques minutes plus tard, Rahyana et son amie revinrent à notre table, prêtes à partir. On se leva tous pour aller vers la voiture d'Aymen. Sur le chemin du retour, il passa directement du rap à une station de Coran dans la voiture. Ce gars était vraiment imprévisible.

On roulait tranquillement, et je sentais qu'Aymen ne pouvait pas s'empêcher de poser des questions à Rahyana, même si elle restait assez réservée.

« Alors, t'as quel âge ? » lança-t-il en jetant un coup d'œil rapide dans le rétroviseur.

« J'ai 19 ans, » répondit-elle doucement. « Un an de plus qu'Adila, mais on est au même niveau parce que j'ai redoublé une année. »

« Ah ouais, je vois. T'as redoublé à cause de quoi, si c'est pas indiscret ? »

« Non, c'est juste... j'étais pas trop concentrée à l'époque. Mais là, je passe le bac cette année. »

« Eh ben, courage à toi, c'est la dernière ligne droite. Moi, après le bac, c'était terminé. L'école, c'était trop pour moi. » Il fit une pause avant d'ajouter : « En fait, j'enchaîne les petits boulots aussi depuis. J'essaie de mettre de côté InshAllah. »