Le silence de la nuit s'était épaissi, chaque souffle d'air semblait porter une tension palpable. L'obscurité autour des deux jeunes femmes créait une ambiance oppressante. Nadia marchait d'un pas décidé, son regard rivé sur la silhouette de l'homme à quelques mètres devant elles, tandis qu'Adila restait en retrait, mal à l'aise. Tout en elle criait à la prudence, mais la détermination de son amie l'entraînait malgré elle.
« Excusez-moi ! » lança Nadia d'une voix forte, mais polie, alors qu'elle accélérait le pas. L'homme s'arrêta, ses mouvements délibérément lents. Lorsqu'il se tourna vers elles, la lumière pâle du lampadaire révéla son visage, toujours impassible. Nadia ne perdit pas de temps.
« Désolée de vous déranger, monsieur. On est tombées en panne à deux rues d'ici. On était venues voir des amis, mais la voiture nous a lâchées. »
Adila, un peu plus en arrière, observa la scène avec prudence. C'était étrange de voir Nadia aussi assurée. Elle connaissait ses manigances, mais dans cette situation, tout lui paraissait plus risqué, plus incertain.
L'homme resta silencieux, ses yeux parcourant les deux jeunes filles avec minutie. Il semblait prendre son temps, comme s'il les évaluait, décortiquant leurs paroles. Finalement, sa voix grave et légèrement rauque brisa le silence.
« Vous êtes bien jeunes pour conduire à cette heure-ci... surtout ici. » Son ton était neutre, presque désinvolte, mais il portait un sous-entendu qui mettait Adila mal à l'aise. « C'est un peu étrange, non ? »
Nadia, imperturbable, lui adressa un sourire. « C'est vrai que c'est tard. Mais la vie ne s'arrête pas pour autant, n'est-ce pas ? » Elle haussa les épaules comme si la situation était tout à fait banale.
« Vous pourriez jeter un œil à la voiture, s'il vous plaît ? On est un peu coincées. »
L'homme pencha légèrement la tête, ses yeux sombres semblant analyser chaque mot. Puis, après une brève pause, il acquiesça, sans grande émotion apparente. « Bien. Je vais voir ce que je peux faire. »
Sans dire un mot de plus, il fit signe de la main, les invitant à avancer. Nadia se tourna légèrement vers Adila, lui murmurant d'un ton bas mais ferme. « Viens, on y va. Il va nous aider. »
Adila hésita. Elle jeta un coup d'œil vers l'homme qui marchait tranquillement derrière elles, puis se rapprocha de Nadia. D'une voix à peine audible, elle demanda : « Sérieusement, c'est quoi ton plan ? Tu penses vraiment qu'il va juste... réparer ma voiture ? »
Nadia haussa les épaules sans se départir de son calme. « Fais-moi confiance. J'ai un plan. »
Adila n'était pas rassurée. Elle n'aimait pas être laissée dans l'ignorance, surtout dans une situation aussi étrange. Pourtant, elle laissa Nadia prendre les devants, bien que son instinct lui hurle de faire demi-tour. L'homme avançait lentement derrière elles, sa présence presque pesante.
Arrivés près de la voiture, il sortit un vieux téléphone, utilisant sa lampe torche pour éclairer le moteur.
Il se pencha, silencieux, pendant de longues minutes. Adila observait la scène avec une nervosité grandissante. Le bruit du métal et des frottements se mêlait à la nuit, créant une ambiance oppressante.
« C'est quoi ton plan, au juste ? » souffla Adila, regardant Nadia du coin de l'œil. « Tu comptes vraiment le laisser bricoler sur ma voiture alors que... je suis même pas sûre que c'est lui ? »
Nadia resta imperturbable, ses yeux fixés sur l'homme qui semblait absorbé par l'examen du moteur. « Adila, calme-toi. Tout est sous contrôle. »
« Sous contrôle ? » répliqua Adila, sa voix légèrement tremblante. « Rien n'est sous contrôle ici. »
Adila répliqua une énièmes fois toute angoissée. « Et si c'est pas lui ? Et si c'est juste un type normal ? »
« Adi... » Nadia soupira. « Fais-moi confiance, ok ? »
L'homme releva finalement la tête du moteur et revint vers elles, éteignant la lampe de son téléphone.
« Votre voiture a un souci électrique, ça se voit direct. Mais sans outils, je peux pas vraiment faire grand-chose. Vous devrez appeler une dépanneuse. »
C'est à ce moment précis que Nadia passa à l'action. D'un geste fluide, presque instinctif, elle sortit un couteau de sa poche et le pointa en direction de l'homme. Adila écarquilla les yeux, figée par la surprise.
« Pourquoi tu la suis ? » lança Nadia, sa voix vibrante de tension. « Comment tu connais son prénom ? »
L'homme, pourtant, resta imperturbable. Ses yeux, sombres et profonds, se posèrent calmement sur Nadia, puis glissèrent vers la lame qu'elle tenait. Il ne montra ni panique, ni agacement. Un silence pesant s'installa.
Adila se précipita entre eux, levant une main pour intercepter Nadia. « Qu'est-ce que tu fais, Nadia ? C'est ça ton plan ? Le menacer avec un couteau ? »
Nadia, toujours focalisée sur l'homme, répondit d'un ton sec. « Adila, il te suit. Je veux juste des réponses. »
L'homme, quant à lui, ne semblait nullement impressionné. Son regard perçant restait ancré sur Nadia, et il prit la parole d'un ton posé, presque didactique.
« Si vous vouliez des réponses, il suffisait de poser les bonnes questions. » Sa voix était calme, chaque mot semblait mesuré, comme s'il pesait soigneusement son impact.
« Mais d'abord... » Il fixa le couteau d'un œil perçant, presque désapprobateur. « Baisse cette lame. J'apprécie à moitié qu'on me menace, surtout de façon aussi... maladroite. »
Nadia serra les dents, hésitant quelques secondes. L'assurance de l'homme était déconcertante, presque provocante dans son calme. Elle jeta un coup d'œil vers Adila, qui hocha la tête, implorant silencieusement son amie de ne pas aggraver la situation. Lentement, Nadia abaissa son couteau, mais son regard restait dur.
Adila, quant à elle, fixa l'homme avec intensité. Maintenant qu'elle était plus proche, chaque détail de son visage frappait son esprit. Grand, avec une carrure fine mais puissante, sa barbe soigneusement entretenue soulignait des traits durs, presque anguleux. Ses yeux, sombres et insondables, semblaient capables de sonder l'âme de quiconque croisait leur chemin. Il portait des cernes profondes, comme un homme hanté par de longues nuits sans sommeil. Ses cheveux bruns dépassaient de son bonnet, légèrement en bataille, et malgré son calme, il dégageait une froideur difficile à ignorer.
C'était lui. Elle n'avait plus de doute. Ses jambes tremblaient presque sous le poids de cette certitude.
« C'est lui, Nadia... C'est bien lui. » souffla-t-elle finalement, brisant le silence.
L'homme croisa les bras, son visage toujours aussi impassible, mais ses yeux semblaient briller d'une lueur subtile.
« Je m'appelle Milan, » dit-il d'une voix plus profonde, son ton résonnant avec une étrange gravité.
« Cela fait un moment que j'essaie d'établir un contact. » Il fit une pause, son regard perçant se posant sur Adila.
« J'ai immédiatement reconnu ta voiture, Adila. Ce petit jeu de la panne... c'était assez évident. »
Le silence retomba sur le groupe, plus lourd que jamais. Nadia serra les poings, frustrée, mais intriguée.
Milan reprit, son ton plus ferme.
« Maintenant que vous savez qui je suis, nous pouvons avoir une véritable conversation. Mais... » Il fixa de nouveau Nadia, ses yeux devenant glacials.
« Ne t'avise plus jamais à ressortir ce couteau. Si vous voulez des réponses je vous en donnerai, mais si cela se reproduit encore une fois, vous n'en aurait aucune. »
Le calme, presque effrayant, qui émanait de lui fit frémir Adila. Milan n'était pas seulement un inconnu, il était un mystère vivant, une énigme qui se tenait là, patient et implacable.
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Adila - Entre Ombres et Lumière
RomanceDans un monde où les responsabilités pèsent lourdement sur ses épaules, Adila, 17 ans, se bat pour tenir sa famille à flot. Aînée de trois frères, elle jongle entre ses études, ses deux emplois et le désespoir silencieux de sa mère, dévastée par l'a...