Starting Signal

Chapitre 9 : I am Stupid !

Lorelie Palvin, nous te choisissons comme pilote de notre écurie Alpine en Formule 1 Academy.

Ces mots résonnent dans ma tête comme un écho infini.

Encore.
Encore.
Encore, ça fait beaucoup, la non ?

Je fixe le plafond depuis je ne sais combien d'heures, tandis que les cris de ma mère résonnent quelque part dans la maison, où elle hurle sur mon père.

Alpine m'a choisie.

Je vais courir pour Alpine.

Je vais en F1 Academy.

James m'a laissé une semaine pour réfléchir à son offre, puis il est parti avec Greg, laissant ma mère leur lancer des insultes qui n'ont même pas réussi à me ramener à la réalité. À cet instant, je ne savais pas quoi dire. Alpine m'a choisie, moi. Moi qui croyais que Dany avait tout fait pour me salir, pour ruiner ma réputation. Peut-être que je me suis trompée...

Ou pas.

Pilote de l'écurie Alpine en Formule 1 Academy.

L'univers, les dieux eux-mêmes, m'offrent cette bénédiction. Comment pourrais-je ne pas la saisir ? Adriana est arrivée peu après le départ de James. Elle ne comprend pas vraiment la situation. Ma mère me secoue par le bras en criant, mon père essaie de la calmer, et moi, je suis perdue dans mes pensées. Tout bascule. Tout devient incontrôlable. Tout va si vite.

Hier encore, j'étais dans cette boîte de nuit à Cannes, sans avenir, à me demander :
Lorelie, qu'est-ce que tu vas faire de ta misérable vie ?

Tu es minable.

Et pourtant... Me voilà, sourire aux lèvres, des larmes de joie coulant sur mon visage, et cette sensation de légèreté qui m'envahit, comme si un poids immense avait été levé de mes épaules, me libérant enfin.

Libre.

Je n'ai pas cherché à comprendre. Cette semaine, j'ai pris une décision. J'ai quitté mon job de caissière, envoyant balader mon patron en lui montrant le meilleur profil de mon majeur. Je suis partie comme une star. Ensuite, il fallait affronter la deuxième étape : ma mère. Elle m'a menacée pendant deux jours, puis a choisi de m'ignorer. Chaque fois que je rentre dans une pièce, elle s'en va en claquant la porte.

Malgré cette tension, je suis là, devant cette feuille de papier. Elle est plus importante que mon vieux diplôme de bac, qui doit prendre la poussière quelque part. Je tremble en tenant mon stylo à pompon rose, et il m'est impossible de m'arrêter.

Une vague de stress, de pression, mais aussi de bonheur et d'excitation se mêlent en moi. La porte de ma chambre s'ouvre doucement, et je vois une mèche blonde dépasser de l'encadrement.

— Je peux entrer ?

Adriana a une petite voix fatiguée. Elle vient sûrement de se réveiller de sa sieste, même s'il n'est que 14h50. Je tends mes bras, et elle vient s'y blottir, son Bourriquet serré contre elle, lui cachant la moitié du visage.

— C'est quoi ?

Elle désigne la feuille avec son doigt.

— C'est mon contrat. Je vais reprendre les courses, dans une nouvelle catégorie, avec une nouvelle écurie.

Elle lève la tête vers moi, ses grands yeux bleus me coupant le souffle, comme à chaque fois. J'imagine déjà Adriana, plus grande.

Elle fera tourner bien des têtes, j'en suis sûre.