Dure réalité de la fac

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Plus le temps passait, plus les cours devenaient difficiles. J'avais du mal à suivre le rythme épuisant de la fac de médecine. Mes journées étaient si chargées que je n'avais même plus le temps de prendre un petit déjeuner au restaurant universitaire. Les longues heures de cours, combinées aux devoirs à rendre et aux révisions, me laissaient épuisée.
Financièrement, c'était devenu un véritable cauchemar. J'attendais avec impatience la fin du mois pour recevoir ma bourse. On nous avait promis une somme conséquente cette fois-ci, car nous allions enfin recevoir trois mois d’arriérés de bourses.
Quel soulagement, car je n'avais jamais eu autant besoin d'argent dans ma vie.

Heureusement, Amina avait remarqué que je sautais souvent les repas du matin. Un jour, elle m'a tendu des tickets restaurant, en expliquant : « Maman nous en donne toujours pour qu'onen donne à nos amis aussi. »Puis m'a remis 10000 et m'a dit que cest de la part de sa maman pour moi. Ce geste, bien que simple, m'a profondément touchée. Grâce à Amina et à sa mère, j’avais au moins de quoi manger chaque jour, même si je continuais à me débattre avec mes soucis financiers.
Ce soutien m'a permis de garder la tête hors de l'eau et de me concentrer un peu plus sur mes études.
Mais la question qui me trottait est que comment la maman de amina savait que  j'avais des difficultés financières?
Mais bon inutile de me casser les neurones pour ça peut-être qu'elle a aussi donné à binette?

Au fur et à mesure que nous partagions ces repas, Amina et moi sommes devenues de plus en plus proches. Elle voyait que je peinais à joindre les deux bouts, mais elle ne disait rien de plus, se contentant de me soutenir discrètement.

Pendant ce temps, Binette, notre colocataire, avait rencontré de nouvelles amies. Elle traînait souvent avec elles, au point où nous ne la voyions presque plus à l'appartement. Cela ne me dérangeait pas vraiment, mais il était clair que notre dynamique avait changé depuis le début de l’année.

Cela faisait deux semaines que je n'étais pas allée voir ma mère, car même l'argent de transport me manquait mais grâce a l'aide d'Amina j'irai ce samedi la voir.
Cependant, nous nous appelions tous les jours pour papoter et rire. Ma mère, toujours pleine d'énergie, me racontait sa vie, mais j'ai fini par comprendre qu'elle avait elle aussi vu sa situation se dégrader. Elle m'a annoncé qu'elle était en faillite au niveau de son commerce et que le propriétaire l'avait finalement obligée à rendre les clés de l'appartement. Étant donné que je ne vis  plus avec elle, elle avait décidé d'aller vivre chez mon oncle, où elle a obtenu une petite chambre.

La situation était devenue particulièrement difficile pour elle. Parfois, elle ne s'entendait pas avec la femme de mon oncle, ce qui rendait son quotidien encore plus précaire.
Cette situation me rendait triste, d'autant plus que ma mère avait perdu très tôt son mari (mon papa).

L'histoire de ma mère est touchante. Elle a toujours été femme au foyer, s'est mariée à l'âge de 20 ans et m'a eu à 27 ans. Mon père avait 8 ans de plus qu'elle. Il était professeur des écoles, mais malheureusement, il est décédé à 34 ans. Après le décès de mon papa, ma mère s'est remariée avec le petit frère de mon père sous l'effet de la pression familiale car mon papa etait son cousin mais ce mariage n'a pas tenu. Elle a alors décidé de ne plus refaire sa vie. Ma mère a mal vécu ma perte de mon papa et, pour dire la vérité, elle ne s'en est jamais remise. Pourtant, elle est une belle femme, noire au teint d'ébène avec de belles courbures. Malheureusement, elle n'a pas réussi à faire le deuil de mon papa.

Ce samedi, je vais lui rendre visite, mais je ne vais pas dormir là-bas pour éviter de créer des problèmes. Une fois chez mon oncle, j'ai trouvé une cousine à ma mère avec qui j'ai discuté de la fac et de mes difficultés. C’est là qu’elle m’a dit : **« Fa, yaw ak seu forme bou bakh ak sa rafet. Il faut profiter de l'université pour te faire des rencontres. »** Elle m'a conseillé de me maquiller, de porter des vêtements qui mettent en avant mes courbures pour attirer l’attention des hommes riches. « Khanna, tu ne veux pas sortir ta mère de la galère, puis elle m'a dit tu connais Astou, la fille de ma copine d'enfance, bah écoute, c'est à la faculté qu'elle a rencontré son riche mari. Maintenant sa mère vit dans une belle maison, elle a même une voiture. » Claudele est réputé de rencontrer des hommes riches là-bas, eux mêmes cherchent des intellectuelles belles et intelligentes.
Moi : hunn
À ce moment-là, je voyais l'espoir dans le regard de ma mère. On dirait que les paroles de sa cousine avaient éveillé quelque chose en elle. Un espoir que ma vie puisse changer et que je puisse chercher un mari. Ma mère m'a même dit : « Fa, tu as entendu, hein ? » Moi : « waw yaye. »

Après cette longue discussion, nous avons mangé du mbakhal chez la cousine de ma mère qui habite a deux pas de la maison de mon oncle.
Avant de rentrer, ma mère m’a remis une bouteille de safara et un gris-gris en guise de protection. Elle m’a dit : « Fa, tu as vu ma situation, elle s’est dégradée. Je ne m’entends plus avec ton oncle et mon commerce ne marche plus. Fa, tu es mon espoir, mon unique. Tey yallah maynala tar tey intelligente ngua donc fa yaw waro sonne. ».
Elle a ajouté, avec une lueur dans les yeux : « Khalatal bou bakh li seu tante wakh thie astou. ».
J'ai promis à ma mère de lui faire un orange money une fois que la bourse reçue.

Je suis rentrée chez moi le cœur lourd, mais en même temps, une détermination nouvelle m'habitait. Je savais que je devais me battre non seulement pour moi-même, mais aussi pour ma mère. Je voulais qu'elle soit fière de moi et que nous puissions un jour sortir ensemble de cette galère.

Chronique de Fa, L'étudianteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant