rencontre inattendue

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Finalement, la situation de Maguette avec ses colocataires s'est améliorée. Après avoir déposé sa plainte auprès du CROUS, ces dernières ont reçu une menace formelle. On leur a clairement indiqué que si elles continuaient leur harcèlement, elles seraient contraintes de quitter l’appartement sans aucune possibilité de relogement, car leur comportement allait à l’encontre des valeurs de bienveillance et d’entraide prônées par l’organisation. Depuis, les filles se sont calmées. Il faut dire qu'elles viennent de régions plutôt reculées du Sénégal et n’ont probablement pas envie de perdre leur logement. Toutefois, malgré ce retournement de situation, Maguette n'est pas encore totalement en paix. Elle préfère rester sur ses gardes et passe souvent du temps dans notre appartement. On lui a même laissé une clé pour qu’elle puisse s’y réfugier en cas de besoin, surtout si nous ne sommes pas là.

Les partiels approchaient à grands pas, et nos journées se confondaient avec les nuits. Les révisions nous prenaient tout notre temps. Plus de sorties, plus de discussions légères. Chaque matin, je retrouvais Amina et Binette à la bibliothèque, silencieuses, concentrées, entourées de piles de livres et de surligneurs multicolores. Nos yeux cernés trahissaient nos nuits blanches, mais la détermination était notre carburant. On ne comptait plus les heures.

Un jour, alors qu'Amina et Binette étaient parties déjeuner au restaurant universitaire, je suis restée à ma place à la bibliothèque. L’idée de perdre du temps à manger me stressait, je voulais absolument finir cette fiche de révisions. Concentrée sur mes notes, plongée dans mes bouquins, je n’ai pas vu qu’un jeune homme s’approchait de moi.

« Salut, ça te dérange si je m’assois ici ? »

Je lève les yeux, un peu surprise. Un beau jeune homme, probablement dans les 1,70 m, avec un sourire sincère, se tenait devant moi.

« Euh, non, bien sûr, vas-y. »

Il s’installe en face de moi à la grande table de la bibliothèque, entre deux piles de livres.

« Moi, c’est Salim. Je t’ai vue plusieurs fois ici, mais tu es toujours avec tes copines, alors je n’ai jamais osé venir te parler. »

Je sens mon cœur battre un peu plus vite. « Fa, enchantée. » Je lui souris, légèrement embarrassée.

« T’es en quelle année ? » demande-t-il en jetant un coup d'œil à mes cahiers de révisions.

« Première année de médecine. Et toi ? »

« Troisième année d’odontologie. J’étais en stage jusqu’à récemment, c’est pour ça que tu ne me vois pas souvent ici. » Il marque une pause avant de continuer, un peu hésitant. « Tu es toujours aussi concentrée… C’est impressionnant. »

Je ris nerveusement. « Les partiels approchent, je n’ai pas vraiment le choix. »

Il hoche la tête, visiblement amusé par ma réponse, avant de me regarder plus sérieusement. « En tout cas, tu es vraiment jolie. Je t’ai remarquée depuis un moment, mais je ne voulais pas te déranger. »

Je suis un peu décontenancée par son compliment direct. « Euh… merci. C’est gentil. »

« Dis-moi, tu es en couple ? » demande-t-il avec un sourire plein d’assurance.

Je le regarde, un peu prise au dépourvu. « Non, pas encore. »

« Tant mieux, alors. » Il sourit, un peu plus confiant.

Je hausse les sourcils, ne sachant pas trop quoi répondre à ça. « Super. »

Il rit doucement, secouant la tête. « Non, ce n'est pas ce que je voulais dire... Je voulais dire que c'est bien. Bref. »

Le silence qui suit est presque gênant, mais il se rattrape rapidement. « Est-ce que je peux avoir ton numéro de téléphone ? »

Je secoue la tête en souriant. « Désolée, je ne donne pas mon numéro comme ça. »

« Ah, dommage... Et si on échangeait nos réseaux sociaux ? » demande-t-il avec un sourire charmant.

« Pourquoi pas. » Je lui donne mon Snapchat et Instagram, et après quelques échanges, il se lève.

« Bon, je vais te laisser réviser. J’espère qu’on pourra se reparler bientôt. »

« Peut-être. » Je lui souris en le regardant partir.

Quand Amina et Binette sont revenues à la bibliothèque, elles m’ont tout de suite remarqué.

« Fa, tu rayonnes ! » lance Binette en s’installant. « Qu’est-ce qui se passe ? On dirait que tu as rencontré l’amour ! »

Je rougis légèrement, essayant de masquer mon embarras. « L’amour ? Mais non, c’est juste la joie de réviser ! »

« Mouais, c’est ça... » Amina rit avant de poser ses affaires. « On te connaît, Fa. »

Nous avons éclaté de rire toutes les trois avant de replonger dans nos révisions. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser à Salim. Quelque chose me disait que je le reverrais bientôt.

Chronique de Fa, L'étudianteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant