Chronique de Fa, L'étudiante

La rentrée

CHRONIQUE DE FA, L'étudiante

Épisode 1 : La Rencontre

Cette jeune fille que vous voyez là, c'est moi, Fa. Je viens de loin, de très loin même. Laissez-moi vous raconter un peu ma vie d'étudiante.

Avant d'entrer à l'Université Cheikh Anta Diop, ma vie était tout sauf ordinaire. J'ai grandi dans un tout petit appartement dans la banlieue de Dakar, un endroit où chaque centimètre comptait et où le rêve d'un avenir meilleur était souvent étouffé par les difficultés quotidiennes. J'étais la fille qui a toujours rêvé de devenir médecin, mais je savais que pour y parvenir, il me faudrait une éducation, des opportunités, et surtout, la liberté de m'épanouir. Mon rêve était en constante lutte avec la réalité de ma vie.

Le jour où j'ai été admise à l'université à la faculté de médecine fût d'un des meilleurs jours de ma vie.
Après une rentrée incroyable à la faculté de médecine , s'en est suivit des vas et viens incessants entre ma maison et l'Université.
J'ai finalement reçu la bonne nouvelle que j'allais vivre au crous, une lueur d'espoir a illuminé mon cœur.
Ma mère, épuisée par son travail de vendeuse de friperies, était soulagée de savoir que je ne ferais plus le trajet épuisant chaque jour.
Pour moi, c'était plus qu'un simple changement d'adresse ; c'était le début d'une nouvelle vie. Je n'avais pas seulement quitté ma maison, j'avais quitté mes limites.

Le premier jour à l'université, l'excitation était palpable. Dans le hall, des étudiants riaient et se retrouvaient, tandis que d'autres cherchaient leur chemin dans cet océan de nouveaux visages.
C'est là que j'ai rencontré Amina et Binette. Nous avons été affectées dans le même appartement, une coïncidence qui allait changer nos vies pour toujours. Nous étions des inconnues, mais en ce moment précis, nous allions devenir inséparables.

Je me souviens de la première fois que j'ai vu Amina. Elle était là, avec son teint clair et son air assuré, une fille à papa qui avait toujours eu tout ce qu'elle voulait. Son histoire était différente de la mienne ; ses parents, cadres dans l'administration Sénégalaise, n'avaient pas voulu qu'elle vive sur le campus. Mais Amina, avec son charme et sa détermination, avait su les convaincre que cela l'aiderait à réussir ses études en médecine. Pour elle, l'université n'était pas seulement un lieu d'étude, c'était une porte vers la liberté, une chance de s'émanciper des attentes familiales.

Puis, il y avait Binette. Avec son teint ébène et ses yeux brillants, elle avait une façon de vous captiver dès le premier regard. Fille unique, elle avait eu la chance de voir ses parents soutenir son envie de vivre cette expérience universitaire. Sa mère, une défenseure des droits des femmes, l'encourageait à s'affirmer et à explorer le monde. Binette était curieuse, pleine de vie, et je savais tout de suite que son esprit rebelle allait apporter une dynamique particulière à notre trio.

À ce moment-là, nous étions si différentes et pourtant si semblables. Amina cherchait à se libérer des chaînes de la perfection, Binette voulait tisser des liens et se découvrir, et moi, j'étais déterminée à m'élever au-dessus de ma condition. Nous avons partagé nos rêves, nos peurs et nos espoirs, construisant petit à petit une amitié solide.

L'université était un nouvel univers rempli de promesses et de défis, et en tant que colocataires, nous allions vivre des expériences qui allaient non seulement nous rapprocher, mais aussi nous confronter à nos propres limites. Nous étions prêtes à plonger dans cette aventure, à affronter la vie, et surtout, à découvrir qui nous étions.