Chronique de Fa, L'étudiante

Le depart

Après avoir fermé la porte de l'appartement, un étrange sentiment de légèreté m’envahit. Comme si, en franchissant cette porte, je laissais derrière moi une partie de cette pression qui m’avait écrasée ces derniers jours. Mais ce soulagement était accompagné d’un mélange de regrets, de tristesse et d’inquiétudes. Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ? C'était quoi la suite ?

Ma mère, marchant à mes côtés, semblait en pleine réflexion. Toujours sur le qui-vive, elle s’approcha discrètement pour me murmurer :

— Fa, ne t’inquiète pas. Je vais te débriefer après, hein j'étais chez pa danso,  le vieux marabout.

Elle n’avait pas changé, toujours à vouloir anticiper tout et à ajouter ses propres commentaires. Cela m’arracha un sourire malgré moi. Mais ce bref instant d’apaisement fut vite remplacé par le stress.

Dans le taxi, ma mère et mon oncle commencèrent à discuter, m’expliquant en détails ce qui m’attendait une fois arrivée « à la maison ». Mon oncle prit la parole le premier, d’un ton calme mais sérieux :

— Écoute, Fa, je sais que ce n’est pas facile, mais ne te prends pas la tête avec les histoires de la maison. Tu es ici pour te reposer.

— Oui, surtout, ne t’attarde pas avec sa femme, ajouta ma mère en fronçant les sourcils. C’est mieux comme ça.

Tata Rama, le femme de mon oncle avec qui ma mère ne s’entend pas du tout. Cette rivalité silencieuse planait dans l’air depuis des années, et maintenant, je risque de ma retrouvais au cœur de cette tension. Mon oncle pour me préserver m'avertis de ne pas m'immiscer dans leur histoire et de penser à moi.

— Et surtout, n’oublie pas les conseils du médecin, conclut mon oncle.

J’acquiesçai en silence, bien que mes pensées fussent ailleurs. Durant tout le trajet, je ne pouvais m’empêcher de ressasser les événements récents. Comment avais-je pu en arriver là ? Qu’avais-je fait de travers ? Pourquoi moi ? Pourquoi avais-je craqué en plein milieu des partiels ? Pourquoi pas les autres ?

Je voulais juste réussir. Réussir mes examens, réussir ma vie, sortir de cette spirale de galères qui semblaient s’acharner sur moi. Mais apparemment, le destin avait d'autres plans. Je me sentais piégée, impuissante face à une situation que je n'avais pas choisie.

Ma mère me lança un regard rapide, comme si elle devinait mes pensées. Elle posa doucement sa main sur mon bras.

— Fa, laisse tout ça derrière toi, d'accord ? Ce qui est fait est fait. Maintenant, tu dois penser à toi.

Son ton, bien que ferme, avait une douceur rassurante.

Je pris une profonde inspiration et détournai le regard vers la fenêtre du taxi. Le paysage défilait, mais mon esprit restait figé sur mes doutes. Pourquoi fallait-il que ce soit moi qui tombe ? Moi qui m’effondre au moment crucial, alors que tout ce que je voulais, c’était réussir. Ces pensées tournaient en boucle dans ma tête, creusant un fossé entre ce que je voulais et ce que j’avais vécu.

Mais, au fond de moi, j'avais une certitude : je devais avancer. Peu importe les embûches, peu importe le jugement des autres ou les tensions familiales. Pour l’instant, je n'avais pas d'autre choix que de m’accrocher à l’idée d’une guérison.