Le jeudi soir, après les cours, Binette rentra dans l'appartement avec un grand sourire. Elle nous annonça : « Les filles, j'ai une bonne nouvelle. Issa nous invite au restaurant demain vendredi soir. » Amina, surprise, demanda : « T'es sûre ? Demain, vendredi soir ? » Binette répondit : « Oui, les filles, préparez-vous. »Amina, excitée, ajouta : « Oh là là, super nouvelle 😅 ! Il faut que je m'achète une belle robe. Oh, non ! Il faut qu’on s’achète toutes une robe parce qu’il faut les impressionner, quand même, qu’ils puissent dire que tes amies sont fashion ! » Elle éclata de rire.
Moi, dans ma tête, je me disais que ce n’était pas vraiment le moment pour acheter une robe. « Franchement, pour l'instant, j'ai pas encore la tête à ça. Je dois d'abord gérer mes priorités, puis on verra pour les autres plaisirs. » Mais Amina, trop excitée par l’idée, continua : « Demain, on ira à la boutique Ardiana, celle qui est sur la VDN et qui vend des robes magnifiques 🥰 ! »
Amina enchaîna : « Nous, on termine les cours à 12h30, et toi, Binette, tu termines à quelle heure ? » Binette répondit : « Moi aussi, je termine à 12h30. » Amina s’enthousiasma : « Parfait, on se retrouve alors au restaurant universitaire, puis on ira ensemble à la boutique après le repas. Ahmed, le chauffeur de ma mère, viendra nous chercher. »
Toute la soirée, je me suis répétée : « Punaise, si je dépense tout mon argent qui me reste, je vais me retrouver à sec avant même le 15 du mois. » Connaissant les goûts luxueux d’Amina, je savais que les robes dans cette boutique ne coûteraient pas 10 000 francs CFA.
Le lendemain, comme prévu, Ahmed, le chauffeur d'Amina, est venu nous chercher. Nous sommes parties pour la fameuse boutique Ardiana. Dès que nous avons franchi la porte en verre épaisse, nous avons été plongées dans une ambiance luxueuse. Une douce odeur florale remplissait l’air, tandis que des lumières tamisées illuminaient chaque recoin de la boutique. Les murs étaient ornés de grands miroirs dorés qui reflétaient les magnifiques robes suspendues sur des portants en métal doré, chacune semblant sortie tout droit d’un défilé de mode.
Les tissus étaient délicats, les coupes audacieuses, et les détails, minutieusement travaillés, allaient de la soie scintillante aux broderies les plus fines. Le sol en marbre lustré amplifiait l'élégance du lieu, et un épais tapis crème et or menait à une cabine d'essayage somptueuse, isolée pour préserver l'intimité. Au centre de la boutique, un grand canapé en velours offrait un coin pour s'asseoir, tandis que l’assistante, toujours souriante, veillait à ce que nous ne manquions de rien, nous offrant des verres de bissap frais et sucré, avec quelques glaçons pour adoucir la chaleur.
Je n’étais pas du tout habituée à ce genre d’environnement, mais je me suis efforcée de jouer le jeu.
Après avoir essayé plusieurs robes hors de mon budget, les filles me complimentaient : « Waouh, tu dois t’habiller comme ça plus souvent, on dirait Naomi Campbell ! » Moi, dans ma tête, je riais : « Naomi Campbell, vraiment ? Elles sont trop gentilles. » Au moment de payer, j’étais rouge comme une tomate, mais Amina, toujours généreuse, intervint : « Les filles, je vais payer pour nous toutes, ne vous inquiétez pas. Ma mère m'a donné sa carte de crédit. »
En rigolant, elle ajouta : « Comme ça, Issa dira que les étudiantes en médecine sont des bombasses, parce qu’on a trop l’image de filles qui s’habillent en mode vieillot. Hors de question, hein ! »
Nous sommes rentrées à l'appartement, satisfaites de nos achats.
Le vendredi soir, c’était enfin le grand moment. Nous nous sommes maquillées et habillées, comme pour un défilé. Binette avait pris soin de me maquiller avec Amina car je ne sais pas me maquiller 😅, et nous avons posté les photos sur nos réseaux sociaux. Les réactions ne se sont pas faites attendre. Les gens qui ne m’avaient jamais vue comme ça étaient choqués. « Fa, tu devrais t’habiller comme ça plus souvent ! Waouh, comment tu es belle ! » me disaient-ils. J'étais surprise par tous ces compliments.
Plus tard, le chauffeur d'Issa, Modou, est venu nous chercher. En montant dans la voiture, nos regards se sont croisés, et j’ai réalisé qu’il était un grand du quartier, quelqu’un que je connaissais bien. Mais aussitôt, avec mon langage corporel, je fis mine de ne pas le reconnaître, de peur de me griller. Lui, qui avait bien compris la situation, fit de même et ne laissa rien paraître. Dans la voiture, nous avons rigolé et discuté.
Arrivées au restaurant, nous nous sommes installées. Nous avons fait connaissance avec Issa, un jeune homme classe, beau et très gentil. Puis le serveur nous apporta les menus. Quand il nous demanda ce que nous voulions comme boisson, les autres ont pris des Mojitos ou d’autres cocktails, mais moi j'étais intriguée par le "Diabolo" sur la carte (les parfums étaient listés les uns à la suite : fraise, coco, abricot...). Ne connaissant pas trop ce que c’était, j’ai pensé que c’était un mélange de tous les parfums énumérés. Du coup, sûre de moi, j’ai répondu : « Je vais prendre le Diabolo ! »
Le serveur me demanda, quel parfum ? Moi : Tout, en souriant, et le serveur était un peu surpris, m'a regardée en demandant : « Tout ? » J’ai insisté : « Oui, tout ! » Et tout le groupe a éclaté de rire. Amina m’a dit : « Fa, tu es trop marrante ! » Puis elle m'a expliqué qu’il fallait choisir un seul parfum parmi la liste. Et moi, gênée par la situation, j'ai dit : « Ah oui, je me suis trompée, je voulais dire tout fraise 😄😅 😂. Et quand tu es gaou, même... »
La soirée se passa dans la bonne humeur, entre fous rires et discussions légères. Vraiment, c'était super bien ! Nous avons discuté avec Issa, qui était charmant et vraiment beau, sa voix et son corps semblaient en fusion, il était d'une beauté à couper le souffle. Je ne pouvais m'empêcher de penser que Benette avait de la chance, et j'espérais que leur relation aboutisse à un mariage. Après tout, les enfants riches se marient souvent entre eux, n'est-ce pas ?
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Chronique de Fa, L'étudiante
RomanceFa, l'étudiante Fa est une jeune femme déterminée venant des quartiers modestes de la banlieue de Dakar. Elle a toujours rêvé de devenir médecin, un rêve qui semblait lointain dans son petit appartement exigu où elle partageait ses journées entre ét...