Glaces et Surprises

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Alors que l'heure de rentrer à l'appartement approchait, la maman d'Amina nous fit asseoir une dernière fois pour nous donner quelques conseils précieux. Elle avait ce regard sérieux de quelqu'un qui sait combien la première année à l'université peut être charnière. Ses mots, prononcés avec douceur mais fermeté, résonnèrent en nous :

- « La première année est pleine de tentations. À l'université, loin de vos parents, vous pourriez vite confondre liberté et libertinage. Il faut rester concentrées et ne pas se laisser dévier. »

Puis, en wolof, elle ajouta, d'une voix teintée de sagesse :

- « Kham lene bou bakh lane mo lene indi université tey nguene samb sen bop ak sen dignité »
(« Sachez exactement ce qui vous a amenées à l'université et préservez votre dignité et votre honneur »).

Elle a ensuite prié pour nous, demandant la protection et la bénédiction divine sur notre parcours. C'était un moment intense, qui nous rappelait que, malgré la liberté qui nous attendait, nos actions porteraient toujours les traces de nos origines et de l'éducation que nous avions reçue.

Le soleil déclinait alors que nous étions sur le point de quitter la maison, baignant les rues de Dakar d'une lueur dorée, je me promis intérieurement de faire de mon mieux pour reussir et ne jamais decevoir ceux qui croient en moi. Inshalah, un jour, je trouverais ma place dans ce monde.
Enfin, le chauffeur nous raccompagna vers l'appartement, Amina toujours aussi enjouée. Cependant, une pensée me traversait l'esprit sans cesse : pourquoi Amina, qui avait tout le confort chez elle, semblait-elle si désireuse de vivre au Crous ? J'avais du mal à comprendre ce choix, alors qu'elle aurait pu bénéficier de la vie de rêve chez ses parents. Cela me laissait perplexe, mais je n'osais pas lui poser la question directement. Peut-être, après tout, cherchait-elle à expérimenter la vie en communauté, à goûter à cette forme d'indépendance que les résidences universitaires offraient.

Une fois cette question mise de côté, nous avons fait un arrêt pour manger une glace, comme Amina l'avait suggéré. Pourtant, une petite panique intérieure monta en moi :

- « Punaise, si elle me demande de payer, je n'ai pas un rond, à part l'argent pour ma nourriture de la semaine... »

Au moment de commander, j'ai tenté de cacher mon inquiétude en feignant une indifférence calculée. D'un ton hésitant, je me suis tournée vers Amina :

- « Je n'ai pas trop envie de glace ma belle vraiment j'aile ventre plein a craquer... »

Pour détendre l'atmosphère, j'ai ajouté en plaisantant :

- « Mais franchement, qui peut encore avoir envie de glace après une sauce de gombo peut-être les ndiobene lol? »

Amina éclata de rire, visiblement amusée par ma remarque, avant de me rassurer avec un sourire complice :

- « Ne t'inquiète pas, fa, c'est moi qui régale aujourd'hui. Maman m'a donné de l'argent pour qu'on se fasse plaisir et qu'on apprenne à mieux se connaître. Et puis, il y a une surprise qui nous attend à l'appartement, tu verras ! »

Soulagée, je me suis laissée entraîner par son enthousiasme. Nous avons commencé à déguster notre glace en rêvant de ce que nos vies allaient devenir durant les neuf prochains mois à l'université.

Tout à coup, le téléphone de Binette sonna. C'était Issa, son amoureux. Moi, toute étonnée, je me suis exclamée :

- « Tu as un amoureux ? »

Ne me demandez pas comment j'ai su, c'est juste que le nom « Babe Choco » qui s'affichait sur l'écran ne laissait guère de place au doute. Elle s'éclipsa pour discuter avec lui, et au bout d'un moment, elle nous tendit le téléphone pour nous le présenter.

J'étais toute timide. Mais quand j'entendis la voix d'Issa, je me suis dit : mon Dieu, j'espère qu'il est aussi beau que sa voix. Cette voix m'a immédiatement captivée. Après avoir raccroché, Binette, les yeux pétillants, nous raconta que Issa était le fils d'un riche homme d'affaires et qu'il travaillait actuellement dans une grande entreprise à Dakar. Elle promit qu'un jour, elle nous le présenterait.

Alors que nous étions sur le point de finir nos glaces, la conversation, entre rires et éclats de voix, avait fait disparaître toute tension. C'était comme si nous nous connaissions depuis une éternité, et je me suis sentie chanceuse d'avoir rencontré Amina et Binette. Notre amitié grandissait à chaque instant, et j'avais hâte de découvrir ce que l'avenir nous réservait.

Chronique de Fa, L'étudianteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant