Chapitre 15

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Le calme régna jusqu'à ce que le soleil déclinant annonce la fin de la sieste et le début des activités physiques de l'après-midi. Yoga et Harland, accompagnés d'une légère brise porteuse des derniers souffles de la journée, rassemblèrent les enfants et les adultes dans l'arrière-cour. Cette vaste étendue de terre battue avait été aménagée avec soin : des tapis de paille étaient disposés ici et là pour amortir les chutes, et l'air était imprégné d'un mélange d'excitation et de nervosité. Chacun savait que ces exercices ne renforçaient pas seulement le corps, mais aussi l'esprit.

Harland, tenant sa canne des deux mains comme une ancre, se plaça devant le groupe de pratiquants, qui s'alignaient progressivement, les plus petits à l'avant, les plus grands derrière. Les plus jeunes, encore engourdis par le sommeil, réprimaient des bâillements, tandis que les plus âgés se lançaient des regards complices et déterminés, impatients de se mesurer les uns aux autres.

« Aujourd'hui, » annonça Harland d'une voix claire et assurée, « nous allons travailler le combat à mains nues. Mettez-vous par groupe de deux, choisissez un partenaire de niveau similaire. »

Sans attendre, les enfants s'éparpillèrent à la recherche de partenaires. Des duos se formèrent rapidement, leurs sourires trahissant l'enthousiasme qui montait. Des murmures impatients parcouraient les rangs, et quelques rires discrets résonnaient, chacun tentant de prouver qu'il était prêt pour le défi.

Cependant, au milieu de cette agitation, Lysander restait à l'écart. Le garçon, frêle et aux cheveux blonds, les mains enfoncées dans les poches de sa tunique, observait ses camarades. Habituellement impassible, son visage trahissait une inquiétude sourde. Contrairement aux autres, il ne semblait pas partager leur empressement à se lancer dans l'exercice.

Yoga remarqua immédiatement l'isolement de Lysander. Il s'approcha doucement, le sourire bienveillant, puis s'assit à côté de lui sur le sol. « Alors, Lysander, tu ne viens pas t'amuser avec nous ? » demanda-t-il d'une voix douce, qui se fondait dans le murmure de l'après-midi.

Lysander haussa les épaules, les yeux toujours rivés sur les autres enfants. « S'amuser ? Tout ça n'a rien d'amusant. Je préfère lire, c'est plus facile... »

Yoga étouffa un léger rire. « Lire, c'est bien, très bien même. Mais tu sais, ces exercices ne servent pas qu'à nous rendre plus forts physiquement. Ils nous aident aussi à trouver la paix, à rendre notre esprit plus solide, plus libre. »

Les mots semblèrent éveiller une angoisse enfouie chez Lysander. Il détourna son regard pour le plonger dans le lointain, son visage marqué d'une tristesse profonde. « À quoi bon être plus fort si ça ne fait que raviver des souvenirs que je préférerais oublier ? Quand j'essaie, je... je me fige. Mon corps refuse d'obéir, comme s'il était emprisonné dans le passé. »

Le sourire de Yoga s'estompa, laissant place à une expression sérieuse et compatissante. Il comprenait que le garçon portait un fardeau bien plus lourd qu'il ne le laissait paraître. Nombre d'enfants à Sourireve étaient marqués par la tragédie, certains ayant perdu leurs familles ou été témoins d'horreurs indescriptibles. Pour Lysander, ces ombres du passé n'étaient pas seulement des souvenirs ; elles étaient encore présentes, se manifestant dans chaque fibre de son être.

 Pour Lysander, ces ombres du passé n'étaient pas seulement des souvenirs ; elles étaient encore présentes, se manifestant dans chaque fibre de son être

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