Chapitre 3

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Anna

Après 40 minutes de course, j'ai enfin trouvé un plan. Je bifurque à la rivière, de sorte de revenir en arrière sans emprunter le même chemin. Je motive Belle qui commence à fatiguer. Nous sommes obligées de diminuer l'allure, mais lorsque nous sommes de retour à la maison de la meute, je suis soulagée de constater que l'odeur de Chase est diffuse, signe qu'il n'est plus là.

Je retrouve facilement mes affaires, à côté desquelles une chemise, un pantalon de costume, un boxer, des chaussettes et des chaussures vernies. La fragrance qui s'en dégage est entêtante, si bien que je plonge mon visage contre la boule de tissu. C'est tout simplement délicieux. Mue par un instinct soudain, et aussi une once de taquinerie, je ma rhabille en vitesse et embarque les vêtements de mon compagnon. Je les pose sur le siège passager de ma voiture que je ne verrouille jamais, récupère les clefs que javais laissé dans le vide-poche. Au moment de démarrer, je regarde par la vitre ouverte les chaussures que j'ai laissé, bien en évidence sur le gravier. Je me marre toute seule en l'imaginant revenir à la soirée complètement à poil, avant de frissonner et perdre mon sourire.

Un énorme loup noir est à l'orée des bois, juste à côté du parking, et il regarde dans ma direction. La louve d'Alpha Dan est grise, et de toute évidence c'est un mâle. Un loup de cette taille est haut dans la hiérarchie, c'est donc une certitude : Bêta Chase est encore plus rapide que ce que je ne pensais. Et son loup n'a pas l'air content.

Je démarre le moteur et le loup fait un bond impressionnant, se réceptionnant juste devant mon capot. Il n'y a personne, la fête bat son plein de l'autre côté. Je sais que je ne peux pas lui échapper, ma louve n'est pas assez puissante, ni rapide. Quand à ma partie humaine, aucune chance face au corps musclé que j'ai deviné plus tôt sous ce costume qui lui allait si bien. Merde, mon bas-ventre pulse de nouveau et je serre mes jambes. Un soupir m'échappe, mais il ne lui échappe pas. Cette fois j'affronte ce regard, le même que Chase, même s'il est sous forme de loup. Mais sa transformation s'enclenche. Je détourne les yeux pour ne pas le voir dans sa nudité. Pas que je craigne pour sa pudeur, s'il a choisit de se transformer c'est que ça ne le dérange pas. Mais j'ai plutôt peur de lui sauter dessus car il est certain que je vais aimer ce que je verrai.

« Anna

Mon dieu cette voix, ma culotte se mouille instantanément. Il gronde et je suis encore plus gênée car je sais qu'il sent mon excitation.

- Anna

Un gémissement m'échappe. C'est sûr qu'il fait exprès de répéter mon prénom, juste pour son orgueil de grand mâle. Ne pas le laisser gagner, ne pas se laisser dominer par mes hormones. Jamais je n'aurai pensé possible qu'un tel désir existe, et qu'il me faudrait autant lutter pour résister à quelqu'un.

- Anna, descend s'il te plaît.

Son ton est bas, suave, mais étonnement doux. Il ne l'a pas formulé comme un ordre, de sorte que je baisse ma garde quelques secondes pour le regarder. Il est tellement proche de ma voiture que je ne vois que le haut de son corps mais je glapis devant cette vision : un torse imberbe manifestement fraîchement rasé, luisant, musclé à souhait, des hanches étroites et un V digne du plus beau mannequin abdos de l'univers. Le tout surmonté du visage charmant, charismatique et sexy que j'ai aperçu tout à l'heure. Des lèvres à se damner, des yeux bleus perçants. Hum, et ses mains. C'est certain, ses mains feraient des merveilles sur mon corps nu. Et cette bouche, qui a un sourire ravageur en cet instant, cette bouche sur la mienne, dans mon cou, sur mon ventre, contre mon...

- Hum, contrôle-toi une minute que nous puissions nous présenter correctement, et que nous éclaircissions ce qui s'est passé.

Je vois que la situation l'amuse, et ça me fait redescendre. Quel culot ! Il se croit vraiment irrésistible ! Bon, c'est la cas mais ça me met en rogne qu'il ait raison.

Au lieu d'obéir je fais vrombir le moteur. Il ne bronche pas.

- Explique-moi ! Pourquoi réagis-tu ainsi ? Pourquoi me fuis-tu ? Tu as bien compris ce qu'il se passe, n'est-ce pas ?

Sa voix semble suppliante, et remplie d'incompréhension. Je sais que c'est injuste pour lui de ne rien lui expliquer, mais je sais pertinemment que si je baisse ma garde, ne serait-ce qu'un instant, il me marquera. Et ça, c'est hors de question, je ne céderai jamais sur ce point.

- J'ai compris, dis-je tout bas, mais je sais qu'il m'entend. Mais je refuse de parler avec toi tant que je n'aurai pas de garantie.

- De garantie de quoi ?

Je crois qu'il s'énerve, il faut que je me tire en vitesse.

- Pousse-toi, ordonnais-je.

Je me rends compte que je ne suis pas censée donner d'ordre à mon Bêta, aussi j'ajoute un « s'il te plaît » dans un sourire faussement contrit.

- Réponds-moi d'abord.

Je souffle mais obtempère.

- De garantie que tu ne me marqueras pas. »

Toute couleur déserte son visage. La rage et la tristesse semblent se disputer la partie. Il fait deux pas sur le côté et je n'attends pas de savoir qui l'a emporté, je pars sur les chapeaux de roue.

Je roule en mode automatique pendant deux heures avant de m'arrêter sur le bas-côté de la route et me mettre à pleurer. Je sais que je l'ai blessé, et je m'en veux. Je pleure aussi de frustration, face au contre-coup des émotions de la journée. J'ai des appels en absence de Cassandra, Gina et même de mon père. Merde, j'espère qu'il n'est pas déjà au courant. Mon subconscient m'a amené près de mon ancien campus. Il est trop tard pour faire demi-tour, et de toute manière je n'ai pas envie d'affronter ce qui m'y attendra : une âme-sœur en colère, des parents impatients que je sois accouplée, des amis qui ne me comprennent pas.

Je m'arrête finalement devant un motel et prend une chambre pour la nuit. Malgré ma fébrilité, je m'endors immédiatement.

Je me réveille de bonne heure avec la faim qui me tenaille. Il faut dire que je n'ai rien mangé la veille au soir. Je connais le quartier et m'installe dans un café pour un petit-déjeuner copieux. La nourriture m'aide à y voir plus clair. Je vais m'acheter quelques vêtements, des produits d'hygiène indispensables, un chargeur pour mon portable, puis je rejoins ma chambre d'hôtel.

Avec un profond soupir, je me résous à écouter mes messages et lire mes SMS. En gros, tout le monde me cherche, chacun veut savoir pourquoi je suis partie précipitamment hier soir sans prévenir qui que ce soit. Gina et ma mère me disent que Bêta Chase veux me voir par rapport à mon nouveau poste, vu qu'il ne m'a pas encore rencontré et que je serai sous sa supervision. Il est vrai que je suis attendue demain pour prendre le poste de secrétariat de la maison de la meute, et que Bêta Chase est mon supérieur direct. Mais il est curieux qu'il n'est pas donné la véritable raison pour laquelle il veux me retrouver. Peut-être ne veut-il pas admettre que son âme-sœur l'a fui avant qu'il ne la marque. C'est sûrement ça, il a honte, ce serait un trop gros coup pour son ego. Il faut dire que notre relation commence vraiment mal. Et je sais que c'est entièrement de ma faute. Si seulement j'avais su qui était mon Mate avant que le lien nous atteigne, j'aurai pu lui expliquer ma vision du couple en amont.

J'envoie un SMS simple et rassurant à chacun, disant que je reviens vite et que je vais bien. Comme c'est Gina qui m'a donné les détails des raisons pour lesquelles Chase veut me voir, j'en déduis qu'il lui a parlé. Je décide donc de l'appeler elle.

« Gina ? C'est Anna. Non, laisse-moi parler s'il te plaît. Peux-tu m'obtenir le numéro de Bêta Chase s'il te plaît. Comment ça, il est juste à côté ? Non, non ! Non, ne me le passe pas, s'il te plaît. Envoie-moi son numéro, et dis-lui que je l'appelle dans un moment. Ah, il m'entend. Très bien, alors euh, et bien j'appelle plus tard ».

Je raccroche avant de me ridiculiser davantage. Je reçois immédiatement un SMS de Gina avec la suite de chiffres. Pourtant, je ne me sens pas prête à l'affronter, même à distance. Même si je suis sûre du bien-fondé de mes arguments, je perds complètement mes moyens face à cette voix si grave et sensuelle. Quand il me parle, on dirait qu'il me fait l'amour, et je perds la tête. Merde, voilà que mes hormone me hurlent de nouveau d'aller me jeter sur lui et de lécher chaque muscle de ce corps si parfait, et de m'attarder sur ses lèvres pleines et...

Argh, je divague et je fantasme de nouveau. J'ai envie de me filer des baffes parfois. Ou plutôt souvent pour être franche !


Fuir son âme-sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant