Épilogue

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Un an plus tard


Daniela

L'année s'est écoulée trop vite, et me voilà de nouveau obligée de participer à cette fête stupide qui met mes nerfs à rude épreuve. Chase, mon Bêta, a beau avoir réussi à me faire sortir de mon trou régulièrement, en faisant un rassemblement de meute par mois, où je suis obligée de venir ET de parler, il y a une différence de taille. Je me suis habituée, et j'ai même pris goût à discuter avec les membres de ma meute, animer des réunions plutôt que de gérer les choses quand elles se présentent, mais là on parler d'un banquet, d'une soirée, avec les membres adultes de ma meute ET ceux de celles Honovi.

J'apprécie Alpha Stan, autant que l'on peut apprécier un homologue que l'on rencontre une à deux fois par an, mais subir les loups enivrés, excités, dansant, déblatérant, c'est au-dessus de mes forces. Mais je dois être là, comme me le répètent mes conseillers.

Cette fois c'est à ma meute de se rendre à Honovi. À peine ma délégation arrivée sur place, on a déjà droit au premier accouplement. Cela ma répugne. Je suis contente pour la jeune Sophia, rencontrer son compagnon à seulement 18 ans est une aubaine. Et ils semblent très heureux l'un et l'autre d'exhiber leurs marques au monde entier. Mais cela me rappelle surtout que je ne vivrai jamais ce bonheur. La déesse seule sait combien d'autres de ces scènes je vais devoir encore subir.

L'année passée au moins Chase et Anna se sont bien conduits, avec de la retenue. Je souris à ce souvenir. Anna qui s'enfuit pour ne pas être marquée, ça c'était une nouveauté. Et ce pauvre Chase complètement perdu, ne sachant pas comment se comporter pour séduire sa promise.

Ils m'accompagnent tous les deux ce soir, plus complices que jamais, et je dois dire que je les aime plutôt bien. Il est vrai que je tolère beaucoup de monde, à partir du principe où ils me respectent et ne sont pas détestables, mais il y a très peu d'individu que je peux affirmer bien aimer. En vérité, je ne suis pas certaine qu'il y en ai d'autres ! Chase a raison, je suis une vraie ermite !

Je répète dans ma tête mon petit discours d'ouverture, retraçant par la même la terrible invasion de l'année dernière, puis la longue reconstruction qui a suivi. Le nouveau bâtiment est loin d'être achevé mais les fondations, les murs et la toiture sont en place. Pour le reste, la vie a repris son cours à Moonlake. Je devrais être heureuse, mais le poids que je traîne depuis cette fameuse attaque ne s'enlève pas. J'avais déjà perdu mon âme-sœur en la rejetant, mais lorsqu'il est mort, Douglas a emporté une partie de mon cœur avec lui.

Pourtant, après ma convalescence, j'ai repris l'entraînement et je ne semble pas avoir perdu en force brut. Mais je ne suis pas sûr qu'il en va de même pour ma ténacité, et mon envie. Sans hargne, je ne sais pas si je conduis ma meute aussi bien qu'avant. L'acceptation de ma nouvelle apparence physique est aussi compliquée. En tant que loups-garous, la nudité n'est pas vraiment un problème pour nous. Certains sont plus pudiques que d'autres, mais nous avons l'habitude de voir des proches et des moins proches dans des contextes loin de la séduction. Pourtant, maintenant que mon corps est meurtri et que des traces subsisteront à jamais, j'ai du mal à accepter de me dévoiler. J'ai des cicatrices de brûlures importantes sur la cuisse et l'abdomen, ainsi que sur mon avant-bras. Elles ne sont pas extrêmement visibles, et je n'en ai pas honte. Cela montre ce à quoi j'ai survécu dans un sens. Mais mon genou, dont il manque une partie, est vraiment moche. Je veux dire, l'important est qu'il ne me fasse plus souffrir, c'est clair, ça a été un enfer les premiers temps. Il n'empêche que je ne sors plus sans le masquer avec un pantalon.

Concernant mon visage, le travail va être très long encore. La chirurgienne d'Honovi a fait des miracles en reconstruction, mais les cicatrices sont très visibles. La partie gauche de ma lèvre supérieure est plus fine et plus claire et j'ai une large cicatrice qui part de la commissure au haut de ma pommette. Elle est belle, pour une cicatrice, propre et nette, et la peau tout autour s'est lissée avec le temps, mais le résultat est quand même visible. Il n'y a qu'un malvoyant qui raterait que j'ai été défigurée. Sans oublier mon oreille manquante pour laquelle j'ai adopté une coiffure asymétrique qui cache en permanence cette infirmité. Je ne pensais pas que la beauté était un critère qui m'importerait un jour, mais maintenant qu'elle m'a été enlevée, ou au moins amoindrie, cela m'affecte plus que je ne l'aurai pensé. Je me déplace donc souvent avec un bandana sur le bas de mon visage quand je suis sous forme humaine. Mais pas ce soir. Je dois montrer que je suis forte, et que j'ai surpassé cette épreuve, même si ce n'est pas tout à fait la vérité. Alors j'ai abusé du fond de teint, mais c'est tout. Je détecte des regards appuyés, mais ce sont plutôt des reflets de fierté et de respect. Il est vrai que je suis symbole d'esprit guerrier et de force. Beaucoup d'entre nous ont des plaies visibles et durables, je dois juste apprendre à les accepter. Puis tout bascule.

Oh ma déesse, ce n'est pas possible. Je connais cette sensation. Une odeur de rose à peine éclose, mêlée à de la cannelle, et une épice plus corsée, m'emplit les narines. C'est la meilleure odeur que j'ai jamais sentie. Cela fait plus de vingt ans mais je reconnais les signes. Stella a perçu la présence de notre Mate. Pourtant, Douglas est mort, et son odeur était loin d'être aussi attirante.

J'oublie toute bienséance et part à la recherche du détenteur – ou de la détentrice j'espère – de cette senteur si particulière, qui est déjà addictive pour moi. Si c'est un homme, je vais quand même tenter d'emprisonner son odeur dans un flacon pour m'en faire de shoots régulièrement !

Mon nez me mène dans la grande salle de réception. Il y a déjà beaucoup de monde, bien que les discours d'accueils n'ont pas encore eu lieu. Un autre couple lié s'est trouvé, mais je n'en ai cure. Ils courent ensemble vers la pièce voisine, mais mes yeux trouvent à ce moment-là l'objet de ma convoitise.

La personne respire aussi à grandes bouffées et semblent me chercher. Elle se retourne et nos yeux se croisent. Pendant un instant je crains de l'effrayer, que mon apparence ne l'épouvante, ou la fasse partir en courant, mais un grand et sincère sourire s'étire sur son visage.

La femme qui me fait face est jeune, très jeune, bien plus que moi. Elle est blonde, a des yeux gris pailletés d'argent, un sourire dévastateur. Elle est plutôt grande pour une femme, mais sans doute pas plus que moi. Elle a 20 ans maximum. Notre attraction va dans les deux sens, je le vois bien, et elle sait sans doute qui je suis. Mon statut me donne de l'assurance, mais mon physique actuel beaucoup moins. Et mon histoire passé avec Douglas m'a laissé un goût amer, et une certaine insécurité face au lien d'accouplement. Après tout, elle m'a l'air parfaite pour moi, et m'attire énormément, mais peut-être que les filles, ce n'est pas son truc. Je pourrai subir le rejet de ma compagne à mon tour, histoire de comprendre ce que j'ai fait subir à mon précédent partenaire.

Précédent partenaire, que c'est étrange. Je n'ai jamais entendu quiconque parlé d'un deuxième compagnon dédié par la Lune. Je ne sais pas si je suis bénie d'une autre chance ou au contraire maudite par les dieux, et que je vais me casser encore une fois les dents, au sens littéral du terme, vu qu'il m'en manque deux depuis l'explosion.

« Qui est-ce ? Soufflais-je à Stan, qui me regarde étrangement

- Assisterais-je en direct à ton union ? Demande-t-il avec un sourire narquois. Je suis honoré.

Je grogne, et Stella trépigne.

- Tais-toi et dis-moi

- C'est la fille d'Aaron, Bella.

- Ton Bêta ?

- Lui-même. C'est une louve à peine majeure mais d'une grande valeur. Elle va manquer à ma meute en te suivant.

Je ne l'écoute déjà plus et me dirige d'un pas décidé vers mon destin, ne pouvant résister à l'attraction qui s'exerce entre moi et... Bella.


FIN du Tome 1.

Retrouvez l'histoire de Daniela, alors qu'elle n'était qu'une adolescente, bien avant de devenir l'Alpha de la meute Hotah, dans le Tome 2, à paraître.


Fuir son âme-sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant