Fuir son âme-sœur

Chapitre 12

Chase

Merde, merde et remerde ! Bon sang, pourquoi cette femme doit-elle être aussi difficile ? J'ai eu une journée merdique, elle débarque les seins à moitié à l'air, avec une moue coquine et tellement excitante, je pense enfin pouvoir me détendre et passer un bon moment, et voilà qu'elle me balance tout ça à la figure.

Pas le temps de la suivre et de chercher à discuter davantage, ni même de réfléchir au sens caché derrière ses paroles, je dois me préparer pour le discours et vérifier que tout est paré. Frustré, énervé, je regagne mon bureau où je garde toujours une tenue assez classe pour les évènements importants impromptus. Je pourrai regagner ma chambre pour prendre une douche et me changer, mais elle se situe dans une autre aile à l'étage de la maison de la meute, cela me prendrait trop de temps.

J'enfile une chemise grise, mais garde mon jean, je ne vais quand même pas me mettre en costume. Je sors ensuite vérifier les préparatifs. L'estrade avec la sonorisation est installée, les chaises sont bien alignées en face de sorte que les habitants puissent s'asseoir, tout me semble parfait. Il reste moins de 10 minutes, le parking est déjà plein. J'ai demandé à ce que le portail ne soit ouvert qu'à 20h précises, pour ne pas être importuné par les questions avant que je ne prenne la parole.

Exactement ce que ma chère compagne a fait il y a trente minutes. Je n'ai jamais cherché à la tenir éloignée, je n'ai seulement pas eu le temps d'aller lui expliquer ce qu'il se tramait plus tôt. Je pensais qu'elle était partie, sinon je l'aurai retrouvée quand je me suis enfin posé pour grignoter un morceau. Je soupire, me passe la main sur le crâne, une manie que j'ai quand je suis sur les nerfs. Plus le temps de ressasser, je dois me remettre dans mon rôle de Bêta. Je dois être ferme et en même temps rassurant. Nous n'avons pas besoin de mouvement de panique, ni de révolte. La pilule va être dure à avaler pour beaucoup, même si la majorité des habitants ne sortent du territoire qu'exceptionnellement. Ne pas le faire et ne pas avoir le droit de le faire, c'est très différent.

Je fais la leçon à mon loup qui ne pense qu'à retrouver Anna avant le discours, mais mes pensées se tournent inexorablement vers elle. J'espère qu'elle sera présente, que nous puissions nous expliquer juste après le rassemblement. Je n'arrive pas à sentir son odeur, mais il y a trop de monde, disséminé de partout, et pouvant la masquer. Elle a sûrement envie d'entendre la teneur des mesures, et elle ne désobéirait pas à l'ordre que chaque membre a reçu d'être présent.

C'est le moment, les familles s'installent les unes après les autres, les rangées de sièges sont pleines en quelques minutes. Près de 1500 personnes, il y a de quoi intimider. Heureusement que je suis un dominant, et que je n'ai jamais eu de difficulté à parler en public. J'appréhende quand même les réactions, et les apartés qui ne manqueront pas d'arriver après que j'ai décidé de la fin. Mais pour l'heure, je dois donner des explications aux visages anxieux et interrogateurs qui me font face.

Je délaisse le micro sur pied et demande plutôt si certains ne m'entendent pas. Personne ne répond, je reprends donc d'une voix forte.

« Mes chers amis et collègues, j'ai la lourde mission de vous donner des informations de la plus haute importance, mais qui sont également de mauvaises nouvelles. Beaucoup d'entre vous ont entendu des rumeurs aujourd'hui, alors laissez-moi clarifiez les choses. Dès demain, aucun d'entre nous n'est autorisé à sortir du territoire de la meute. Ceux qui se trouvent à l'extérieur ont été prévenus et doivent être rentrés avant 6h, sinon ils ne seront autorisés à revenir chez eux que lorsque le confinement sera levé.

Je ne laisse pas le temps aux murmures de s'étendre et poursuis en regardant les différentes zones.

- Un couvre-feu est déclaré de 22h à 6h. Seuls les patrouilleurs peuvent sortir de chez eux la nuit. Les patrouilles sont renforcées, et l'Alpha et moi-même remercions les guerriers et leurs familles pour les désagréments que cela induit. Chacun sera récompensé à la juste mesure de ce qu'il ou elle accomplit en plus de son travail ordinaire. Toutes les personnes concernées ont été informé plus tôt, c'est pourquoi les patrouilleurs ne sont pas présents avec nous.