Fuir son âme-sœur

Chapitre 21

Anna

Cela fait trois semaines que nous avons vaincu les hommes de Grady. Plusieurs patrouilleurs ont fouillé chez lui, ainsi que chez Trouduc grâce à mes indications. Ils se relayent régulièrement et posent des questions à Shelton pour s'assurer qu'il ne reste pas un embryon de groupuscule anti-Moonlake ou anti-êtres surnaturels. Pour l'instant c'est encourageant, mais ils resteront encore vigilants pour les semaines à venir.

Au village, la reconstruction de la maison de la meute a débuté. Les ouvriers ont fini de détruire l'aile ouest et la partie centrale. Il faudra maintenant plusieurs mois pour dégager les gravats et reconstruire un bâtiment à part pour remplacer tout ce qui a été détruit.

La majorité des blessés est totalement remis sur pieds, il ne reste plus qu'une poignée de guerriers en convalescence à la maison médicale. Alpha Dan devrait être avec eux mais elle a voulu regagner son appartement à la maison de la meute. Quelqu'un vient la voir tous les jours pour faire des soins et s'assurer de sa bonne guérison. Je l'ai vu il y a deux jours et elle à l'air plutôt en forme. Elle a prévu de se présenter à l'intégralité de la meute dans quelques jours, ce qui est plutôt rare, mais de circonstance. Tout le monde veut constater de ses propres yeux qu'elle va bien, qu'elle s'est remise physiquement, mais aussi psychologiquement. Les rumeurs sur le fait qu'elle a été lié par la déesse à Douglas courent bon train, mais le peu de personnes qui le savent avec certitude ne confirment rien, la laissant dévoiler les choses lors de sa prise de parole.

Les explosions ont alerté les autorités locales humaines, mais heureusement nous avons réussi à faire passer la destruction de notre bâtiment principal par une succession de détonations survenues à cause de fuites de gaz. Un expert a été mandaté, mais notre cher Bêta a réussi à le soudoyé pour qu'il étaye notre version. Après la mort de Grady, Chase m'a appris qu'il avait trouvé et gardé en vie Troy, mon Trouduc. Je me suis faîte une joie de lâcher ma louve en furie sur cet enfoiré, que mon partenaire avait déjà salement amoché. Nous avons ensuite brûlé les restes des envahisseurs, je ne doute pas qu'il y aura de nombreuses enquêtes concernant la disparition d'autant d'hommes de la région, et sans doute quelqu'un finira par faire le lien avec l'explosion, c'est pourquoi nous avons envoyé Lauren, une jeune louve qui passe les examens d'aptitudes pour rentrer dans la police de Shelton. Ainsi, nous espérons avoir les informations en avant-première et pouvoir parer à toute éventualité.

Jusqu'à présent la meute Hotah s'était refusée à intégrer des loups-garous à la civilisation humaine, mais les évènements récents ont poussé à faire comme de nombreuses autres meutes, qui ont des membres permanents dans les villes alentours, exerçant toute sorte de métiers.

La meute pleure aussi ses morts, qui sont au nombre de 23. C'est peu par rapport à l'ampleur du désastre qui nous a frappé, mais tellement pour toutes les familles impactées, et pour une petite meute pacifique comme la notre. J'ai retrouvé mes amitiés d'avant université et j'ai aussi fait la connaissance de la famille de Chase, qui m'a très bien accueillie. Ils sont bien plus aisés que mes parents mais tous sont des gens simples et avenants, et l'entente est cordiale. Sauf Gabriel, le neveu rebelle qui se met toujours en quatre pour me faire tourner en bourrique. Mais il paraît que ça fait son charme, alors je tente de m'habituer. Cassandra devrait bientôt accoucher d'un petit Ethan, et cela donne de l'espoir dans la perpétuité de la meute.

Après une journée à aider les aînés de la ville, occupés à ré-écrire les mémoires de la ville et de la meute, puisque les livres originaux ont été complètement réduits en cendres, je suis enfin de retour pour retrouver mon compagnon. Pendant que les anciens échangent, se mettent d'accord et écrivent à la plume comme ils le souhaitent, je suis chargée de tout saisir informatiquement, pour des raisons de praticité et de durabilité évidentes, pour tout le monde sauf pour eux ! Ces vieillards sont convaincus que rien ne remplace le papier et une bonne reliure, et nous avons décidé de ne pas les braquer en trouvant ce compromis. Ils me jettent parfois des regards curieux et dédaigneux, mais comme ils apprécient beaucoup nos déjeuners que je prépare, ils me traitent plutôt bien et acceptent de répéter lorsque je le leur demande. Je suis contente d'être utile, même si ce n'est pas le pôle le plus important à mon sens.