Chapitre 11

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Anna

Chase ne m'a pas adressé la parole de toute la journée. Même pas un putain de SMS ! On a couché ensemble hier, et il n'est même pas fichu de m'écrire un pauvre texto ! Quel enfoiré ! Ma conscience me souffle que moi aussi je pourrai le faire. Tais-toi, fichue conscience à la con !

Un coucou de la main et un sourire, voilà tout. Il a crié sur tout le monde, ensuite Alpha Dan a crié sur tout le monde. Depuis quand Daniela participe-t-elle à des réunions ? Et depuis quand est-elle suffisamment touchée pour s'emporter au point de hurler de la sorte ? D'habitude elle est tellement maîtresse d'elle-même, à regarder les choses comme si elles étaient insignifiantes, quand elle daigne se montrer. Je sais qu'il se passe quelque chose de grave. Tout le monde court de partout, et les rumeurs filent encore plus vite. On parle de couvre-feu, de confinement. Quel ramassis de conneries ! Les gens sont prêts à croire n'importe quoi.

Bêta Chase doit faire un discours à 20h sur la place du village pour nous expliquer ce qu'il se passe et nous donner des indications, alors j'attends pour me faire mon avis. En attendant, je n'écoute pas les bruits de couloirs. Je suis concentrée sur mes tâches de la journée.

Je réponds pour la cinquantième fois aujourd'hui la même phrase : « Je ne peux pas vous donner plus d'informations, rendez-vous avec vos proches devant la maison de la meute pour le discours de Bêta Chase, vous saurez alors tout ce qu'il y a savoir ».

Pourtant, si je suis honnête, je suis plutôt vexée. Je suis censée être sa compagne, et il me laisse dans l'ignorance la plus totale. OK, pas de passe-droit ou quoi, mais quand même, ça se fait non, de rassurer quelqu'un de proche en lui donnant quelques infos en avant-première. Tout le monde le fait, sinon les rumeurs n'auraient rien à dire. Mais c'est ce que je voulais, non, me dit ma stupide conscience de nouveau. Oui, ne pas être trop proche trop vite. Alors Chase ne fait que suivre mes demandes. Il ne me traite pas différemment que n'importe quel habitant du village. Si c'est bien ce que je veux, alors pourquoi cela me fait si mal au cœur ?

Il est 19h quand je termine enfin mon travail. Avec tous les coups de fil et les venues intempestives pour vérifier les consignes, j'ai avancé à une allure d'escargot. Déjà que je ne suis pas encore très efficace. Vue l'heure, autant attendre le discours avant de rentrer. Une heure à tuer, que vais-je donc pouvoir faire ? À qui je mens ? Tout ce que je veux c'est trouver Chase et le déshabiller, avant d'embrasser chaque muscle, chaque articulation, chaque putain de partie de son corps de rêve qui incendie tout mon être à sa seule pensée. Mais je suis aussi fière parfois. Oh, rien qu'un peu, mais quand même, je vais plutôt appeler ma mère pour me changer les idées. Surtout que je lui en veux de ne pas m'avoir parlé depuis hier, et de me tenir dans l'ignorance.

« Allo, ma chérie ?

Non c'est le pape ! Franchement, quelle question idiote. Mais comme je suis une fille bien élevée, je réponds sagement.

- Oui, maman, c'est moi. Comment vas-tu ?

- C'est vrai ce qu'on raconte ? Susan m'a dit qu'on n'avait plus le droit de sortir de la maison après ce soir. Il faut que tu reviennes chez nous, ne reste pas seule dans ton tout petit logement, tu vas déprimer. On a le jardin aussi, c'est pas assez grand pour courir, mais nos loups pourront quand même se dégourdir un peu les pattes...

Misère, le plan A d'aller lécher les abdos de Chase était bien meilleur.

- Maman, doucement. N'écoute pas tout ce que te dis Susan, rien n'est confirmé. Je t'ai déjà dit de ne pas alimenter le qu'en-dira-t-on. Vous êtes en train de créer un vent de panique.

- Mais pas du tout, Anna, c'est la vérité ! Il n'y a pas que Susan qui le dit. C'est son fils, Adrian, qui lui a expliqué. Il est patrouilleur, alors il sait des choses.

Fuir son âme-sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant