Chapitre 14

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Anna

Je suis réveillée en pleine nuit et je ne sens plus la chaleur réconfortante des bras et des jambes qui m'enserrent.

« Chase ?

Il ne se serait pas barré en douce quand même. Il ne va pas me rejouer le coup de pas de nouvelle après cette soirée torride.

- Je suis là, me répond sa voix depuis l'autre pièce. Je te laissais un mot, il faut que j'y aille. Je dois vérifier que tout le monde a réintégré le territoire avant 6h.

-Oh.

Je me lève, déçue, mais je sais qu'il n'y est pour rien. Je n'ai pas le droit de lui en vouloir. J'enfile mon peignoir en soie et le rejoins, déposant un baiser sur ses lèvres.

- Tu veux un café avant de partir ? Un Muffin ?

- Avec plaisir.

Je m'affaire avec la cafetière tout en cherchant de quoi rassasier mon homme, qui doit être affamé, sans compter qu'il a de la masse à entretenir pour avoir de l'énergie.

Il boit son café rapidement, emporte l'en-cas et m'embrasse longuement avant de partir. Mon cœur se serre, c'est ridicule. Je me recouche, il n'est que 4h du matin, mais impossible de dormir. Je prends mon téléphone, histoire de trouver une source de distraction, et suis étonnée de voir un mail que j'ai reçu hier soir de la part de mon ancienne université. Quelqu'un a enfin retrouvé mon ordinateur portable, qui avait mystérieusement disparu – ou plutôt volé mais personne ne m'a cru – alors que je travaillais à la bibliothèque.

Je l'avais laissé seulement deux minutes sans surveillance, le temps de régler un souci administratif à l'accueil, et quand j'étais revenue il n'était plus là. Comme mon sac, ma veste et mes cahiers étaient à leur place, et que personne n'avait rien vu, la sécurité du campus en avait déduit que j'avais dû le laisser dans un amphi, ou dans ma chambre, et que j'avais cru l'avoir. Évidemment il n'était pas dans ma piaule, et aucun enseignant ne l'avait repéré dans mes cours. Heureusement, le déboire était arrivé à la fin de mon cursus, et cela ne m'avait pas empêché de réussir mes partiels et mon année. Il y avait surtout d'anciens cours et projets, mais j'avais tout de même été très contrariée de l'avoir perdu. Ma plainte et mes coordonnées ont été conservé par la bibliothèque universitaire et la sécurité, pour qu'on puisse me le restituer s'il réapparaissait.

En revenant dans la meute, j'avais enterré l'espoir que cela se concrétise mais d'après le mail un étudiant l'a rapporté au bureau des objets trouvés. Il l'aurait trouvé posé sous une étagère dans une section peu utilisée de la bibliothèque. Bizarre, avec les agents d'entretien, et surtout que je n'ai jamais mis les pieds dans cette zone car je n'étudiais pas le droit. Peut-être mon voleur a eu du remord et a abandonné son butin. Peu importe, je vais pouvoir le récupérer, l'auteur du mail spécifie les stickers et signes distinctifs que j'avais laissé sur ma description de l'ordi.

En lisant la fin, je vois qu'il a été confié à quelqu'un qui habite non loin de Moonlake pour qu'il me le rapporte. Il y a son numéro de téléphone, mais vue l'heure, je ne me vois pas l'appeler.

Merde, le confinement. Si la personne se pointe, elle va être reçue par des loups sur les nerfs, ou des hommes suspicieux. Comme je ne dormirai plus, je décide de me préparer et de rejoindre l'entrée principale du territoire, à quelques kilomètres du village, pour prévenir les gardes que quelqu'un viendra pour moi. C'est certainement là que la personne se présentera, c'est la route principale. Les autres ne desservent pas de villes avant au moins cinquante bornes. J'espère que la personne n'est pas passée hier soir et a flippé devant la sécurité en place.

Fuir son âme-sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant