Chapitre 13 : Dans l'étau du Destin

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Aïcha et Sidi roulèrent à travers la nuit, espérant que la route les mènerait vers un semblant de liberté. Mais l'air pesait, et un pressentiment sombre étreignait Aïcha. Elle jeta un coup d'œil dans le rétroviseur. Rien. Pas de trace de la voiture noire. Pourtant, elle sentait que cette accalmie n'était qu'un prélude à quelque chose de pire.
— Il faut qu'on soit rapides. Une fois chez Aminata, tu restes cachée jusqu'à ce qu'on trouve une solution, dit Sidi en appuyant sur l'accélérateur.
Aïcha hocha la tête. Mais à peine avaient-ils atteint la sortie du village qu'une camionnette leur barra soudain la route. Sidi pila net, les pneus crissant brutalement sur le gravier.
- Non... souffle-t-il entre ses dents serrées.

Aïcha comprit immédiatement : c'était un piège. Deux hommes descendirent de la camionnette, visages masqués par des cagoules, armes à la main.
- Ne bouge pas, murmura Sidi, gardant ses mains sur le volant.
Mais l'un des hommes frappa violemment la vitre du conducteur avec la crosse de son fusil.
— Descendez ! hurla-t-il d'une voix rauque.
Aïcha sentit son souffle se couper. Sidi obéit lentement, les mains levées.
— Toi aussi, la fille. Bouge ! ordonna un deuxième homme, plus petit, mais d'un ton tranchant.
Aïcha descendit de la voiture, le cœur battant à tout rompre. Elle jeta un coup d'œil rapide à son frère, dont le regard brillait de colère contenue.
- Vous n'irez nulle part, déclara l'un des hommes en les poussant sans ménagement vers la camionnette.
Ils furent jetés à l'arrière du véhicule, les mains liées. La camionnette démarra en trombe, les secouant à chaque virage.
Le silence oppressant de l'habitacle fut brisé par les murmures des hommes à l'avant.
— Moussa va être furieux, lança l'un d'eux.
- Ouais, mais il veut qu'on la lui ramène vivante. Le frère, par contre... ça dépendra de lui, répondit l'autre avec un rire sinistre.
Aïcha échangea un regard avec Sidi. Ils étaient dans une impasse, capturés par des hommes sans scrupules qui agissaient sous les ordres de Moussa.
- Ne fais rien d'imprudent, le supplia Aïcha.
Mais elle savait que son frère était prêt à tout pour la protéger, même au péril de sa vie.
Après ce qui sembla être une éternité, la camionnette s'arrêta devant un entrepôt à l'extérieur de la ville. L'air était humide et chargé d'une odeur de métal rouillé.
Ils furent traînés à l'intérieur. Une lumière blafarde éclairait faiblement la pièce, révélant des piles de caisses et du matériel suspect. Aïcha remarqua rapidement plusieurs hommes armés, postés comme des sentinelles.
Moussa apparut enfin, émergeant de l'ombre avec un sourire glacial. Il portait une élégante chemise blanche, contrastant sinistrement avec la brutalité de la scène.
— Tu pensais pouvoir t'échapper,
Aïcha ? murmura-t-il avec une douceur venimeuse.
Aïcha le fixa sans ciller, malgré la peur qui lui tordait le ventre.
— Je ne t'appartiens pas, Moussa.
Son sourire disparut, laissant place à une froide colère.
— Tu n'as jamais eu le choix, Aïcha.
Il fit signe à ses hommes. Deux d'entre eux attrapèrent Sidi et le forcèrent à genoux devant Moussa.
- Ton frère, lui, a pris un mauvais risque en t'aidant. Et je ne suis pas du genre à pardonner facilement, ajouta Moussa en jouant avec un couteau qu'il avait tiré de sa poche.
— Laisse-le partir ! implora Aïcha. C'est moi que tu veux. Pas lui !
Moussa la toisa avec mépris.
- Peut-être... mais il doit comprendre ce que ça coûte de me défier.
Il s'approcha lentement de Sidi, l'air calculateur. Aïcha sentit la panique l'envahir.
- Non! cria-t-elle en tentant de se débattre.
Les hommes la maintinrent fermement, mais Sidi la regarda avec une expression calme, comme s'il voulait lui dire que tout irait bien.
Au moment où Moussa levait la main pour frapper Sidi, un bruit assourdissant résonna : une explosion retentit à l'extérieur de l'entrepôt. Le bâtiment trembla, et tout le monde se figea.
- Qu'est-ce que c'était ? cria l'un des hommes, visiblement paniqué.
Moussa se retourna brusquement, les mâchoires serrées.
— Allez voir ! ordonna-t-il à deux de ses hommes.
Profitant du chaos, Sidi bondit sur l'un des gardes et lui arracha son arme. Une lutte brutale s'engagea dans l'entrepôt.
Les balles fusèrent, et Aïcha se plaqua contre le sol pour éviter les projectiles.
Sidi tira plusieurs coups de feu, touchant l'un des hommes.
- Aicha, cours ! hurla-t-il.
Sans réfléchir, elle se leva et se précipita vers la sortie. Mais Moussa, fou de rage, se lança à sa poursuite.
Aicha courait à perdre haleine dans l'obscurité, ses poumons en feu.
Derrière elle, elle entendait les pas de Moussa se rapprocher.
— Tu ne m'échapperas pas ! rugit-il.
Elle atteignit la cour de l'entrepôt, mais son chemin fut bloqué par une haute clôture métallique. Elle tenta désespérément de l'escalader, mais Moussa la rattrapa et l'attrapa par la cheville.
- Tu es à moi, Aicha ! cracha-t-il en la tirant violemment au sol.
Aicha se débattit de toutes ses forces, griffant et frappant, mais Moussa était plus fort. Alors qu'il la traînait vers l'entrepôt, une voiture surgit à pleine vitesse, phares allumés.
C'était Nzo.
Il freina brutalement, ouvrit la portière et
cria :
— Monte !
Avec un dernier effort, Aïcha se libéra de l'emprise de Moussa et se jeta dans la voiture. Nzo accéléra immédiatement, laissant Moussa hurler de rage derrière eux.
Le goût amer de la liberté
Tandis que la voiture s'éloignait dans la nuit, Aïcha réalisa qu'elle était enfin libre.
Mais cette liberté avait un prix. Elle ne savait pas si Sidi avait survécu à la fusillade, ni combien de temps elle pourrait rester en sécurité.
Elle posa la tête contre la vitre, épuisée, tandis que Nzo roulait à toute vitesse.
- Ce n'est pas fini, murmura-t-elle pour elle-même.

Non, ce n'était que le début. Moussa n'abandonnerait pas facilement. Mais pour la première fois depuis longtemps, Aïcha sentait une lueur d'espoir. Elle était prête à se battre.

Mariage arrangé de Aïcha Où les histoires vivent. Découvrez maintenant