Chapitre 21 : Le poids des choix

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Le soleil se levait à peine, projetant une lumière dorée sur les murs de la maison d'Aïcha et Moussa. Cette lumière, qui aurait dû apporter chaleur et réconfort, lui semblait maintenant froide et distante. Les jours passaient, mais la douleur de la perte de sa mère restait ancrée au fond de son être. Aïcha se leva lentement, la tête lourde de pensées.

Depuis le décès de sa mère, une prise de conscience avait émergé en elle. La vie qu'elle menait avec Moussa, bien qu'elle lui procurât une certaine sécurité, l'enveloppait d'un nuage d'angoisse et de danger constant. Elle observait les ombres qui se dessinaient dans le regard de son mari, celles d'un homme tiraillé entre l'amour qu'il lui portait et le monde obscur qui l'entourait. Ce contraste l'angoissait de plus en plus.

En prenant son petit-déjeuner, Aïcha se tourna vers Moussa, qui était perdu dans ses pensées. Elle se remémora les moments passés ensemble, la façon dont il l'avait soutenue durant ses épreuves, et la loyauté qu'il lui avait toujours témoignée. Mais cette loyauté était imprégnée d'un passé qu'elle commençait à rejeter.

— Moussa, commença-t-elle timidement, il faut qu'on parle.

Il releva la tête, ses yeux trahissant une lueur d'inquiétude.

— De quoi s'agit-il, Aïcha ?

Elle hésita, cherchant les mots justes. Elle savait que ce qu'elle allait dire pourrait tout changer entre eux.

— Je... je veux que tu quittes ce monde. Le monde des mafieux, des dangers permanents, des violences.

Moussa la fixa, visiblement surpris par sa demande.

— Tu sais que ce n'est pas si simple. Ce monde, c'est celui dans lequel j'ai grandi. J'ai des obligations, des liens qui ne se rompent pas facilement.

Aïcha se leva, le cœur battant. La colère et la peur se mêlaient à ses sentiments.

— Et moi ? Quelles sont mes obligations ? Je ne veux plus vivre dans l'angoisse, Moussa. La perte de ma mère m'a ouvert les yeux. Je ne peux pas continuer ainsi.

Il se leva également, mais sa posture était défensive.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Abandonner tout ce que j'ai construit ? Je suis respecté ici.

— Respecté par qui ? Par des gens qui ne voient en toi qu'un outil ? Qui te manipulent pour leurs propres intérêts ? s'écria-t-elle, les larmes aux yeux.

Moussa ne répondit pas. Aïcha sentait qu'il était déchiré entre son amour pour elle et ses responsabilités envers le monde dans lequel il évoluait.

— Je sais que tu es un homme de principes, mais je ne peux pas rester ici, exposée à cette vie. Je ne veux pas que notre avenir soit construit sur des fondations aussi fragiles, sur la peur constante.

Il s'approcha d'elle, essayant de la prendre dans ses bras.

— Aïcha, je fais tout ça pour nous. J'ai des rêves pour notre avenir. Je ne peux pas tout abandonner du jour au lendemain.

Elle recula, ne supportant pas cette proximité.

— Est-ce que tu penses que je veux vivre dans ce monde ? Je veux construire quelque chose de beau, de pur. Mais pour cela, il faut que tu prennes une décision. Soit tu choisis cette vie, soit tu choisis de me suivre.

La tension entre eux était palpable. Moussa savait qu'Aïcha avait raison, mais l'idée de quitter ce monde lui semblait insurmontable. Il avait tant investi dans cette vie. Comment pourrait-il tout laisser derrière lui ?

— Je dois réfléchir, finit-il par dire, la voix faible.

Les jours qui suivirent furent marqués par le silence et l'introspection. Aïcha se concentra sur son chagrin, se remémorant chaque instant passé avec sa mère. Chaque sourire, chaque étreinte, chaque mot d'encouragement. Cela l'aida à puiser la force dont elle avait besoin pour affronter l'incertitude de l'avenir.

Elle sortit régulièrement avec Bintou, qui l'encourageait à rester forte et à faire face à ses émotions. Bintou devint son phare dans cette mer de douleur. Un soir, assises sur un banc du parc, Aïcha exprima ses doutes.

— Je ne sais pas si je fais bien de lui demander cela, Bintou. J'ai peur de le perdre.

Bintou lui prit la main, l'encourageant avec un regard compatissant.

— Aïcha, tu ne peux pas sacrifier ton bonheur pour un monde que tu ne veux pas. Si Moussa t'aime vraiment, il comprendra.

Ces mots résonnaient en elle, mais la peur demeurait.

Un matin, alors qu'elle se tenait dans la cuisine, Aïcha prit une décision. Elle devait parler à Moussa, lui faire comprendre qu'il était temps de choisir la vie qu'ils méritaient tous les deux. Elle se sentait prête à tout pour atteindre cet objectif, même si cela signifiait faire face à sa colère et à ses frustrations.

Lorsque Moussa rentra du travail ce soir-là, Aïcha l'attendait, déterminée.

— Nous devons parler, dit-elle, son cœur battant.

Il hocha la tête, l'air sérieux.

— Je sais que tu penses que je peux quitter tout ça, mais c'est plus complexe que tu ne le crois.

— Je comprends, mais je ne peux plus vivre comme ça, Moussa. Je veux un avenir avec toi, mais je veux aussi un avenir en sécurité, loin de ce monde.

Il la regarda, le visage marqué par le conflit.

— Que veux-tu que je fasse ?

— Je veux que tu prennes le temps de réfléchir sérieusement à notre avenir. Est-ce que tu veux vivre dans la peur, ou est-ce que tu veux vraiment construire quelque chose de solide ?

Les jours passèrent, et Moussa finit par accepter d'envisager la possibilité d'un changement. La pression sur lui était énorme, et il savait qu'il devait se concentrer sur l'amour qu'il avait pour Aïcha, plutôt que sur les liens du passé.

Aïcha vit un changement en lui, une étincelle d'espoir. Elle s'accrochait à l'idée que l'amour pouvait triompher des ombres du passé. Finalement, après des discussions profondes et des nuits blanches, Moussa se décida.

— Aïcha, je vais quitter ce monde. Pour nous. Pour notre avenir, dit-il un matin, sa voix tremblante mais déterminée.

Les larmes aux yeux, Aïcha s'approcha de lui, une vague de soulagement la traversant.

— Tu es sûr de ta décision ?

Il acquiesça, le regard franc.

— Je n'ai jamais été aussi sûr de ma vie.

Ils se serrèrent dans les bras, se promettant de bâtir un avenir ensemble, loin de ce monde qui les menaçait. Cette décision marqua le début d'un nouveau chapitre, celui de leur renaissance, ensemble.

Aïcha savait que le chemin serait long et semé d'embûches, mais elle était prête à avancer. Avec Moussa à ses côtés, elle se sentait forte et déterminée.

Le souvenir de sa mère, bien qu'éternellement présent, ne serait plus un fardeau. Au contraire, il deviendrait une source de force, un rappel que l'amour et le courage pouvaient transcender la douleur.

Main dans la main, ils prenaient le chemin de leur avenir, prêts à affronter tous les défis qui se présenteraient à eux.

Mariage arrangé de Aïcha Où les histoires vivent. Découvrez maintenant