Chapitre 11 : La Cage Dorée

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Le soleil se levait à peine, baignant la chambre d'Aïcha d'une lumière pâle. Pourtant, rien en elle ne semblait s'illuminer. Les jours passaient sans qu'elle ne puisse les différencier. Chaque matin, elle se réveillait dans une maison qui n'était pas la sienne, aux côtés d'un mari qu'elle n'avait jamais choisi. Moussa lui parlait avec politesse, mais jamais avec amour. La tendresse lui était étrangère, et à chaque mot échangé, elle se sentait un peu plus étrangère à sa propre vie.

Les préparatifs du mariage avaient été un tourbillon de festivités et de décisions prises sans elle. Ses parents, ses tantes et ses cousins avaient géré chaque détail, comme si son silence était un consentement. La cérémonie avait eu lieu sous une tente blanche ornée de fleurs, où elle avait souri pour les photos, maquillée d'un bonheur feint. Mais à l'intérieur, elle s'effondrait.

Chaque jour depuis ce mariage lui semblait un rappel cruel de ce qu'elle avait perdu : son autonomie, ses rêves, son futur. Ce n'était pas Moussa lui-même qui l'étouffait le plus — c'était l'idée qu'elle avait été trahie par ceux qu'elle aimait et en qui elle avait confiance.

Ce matin-là, Aïcha restait allongée longtemps après le départ de Moussa. Elle fixait le plafond en se demandant : Combien de temps encore vais-je pouvoir vivre ainsi ? Les amis qui avaient été sa bouée de sauvetage s'étaient éloignés peu à peu. Elle avait l'impression de se noyer lentement, et personne ne semblait s'en apercevoir.

Elle décida enfin de sortir de la maison pour aller voir ses amies. Si elle restait enfermée ici une journée de plus, elle craignait de perdre l'esprit.

Lorsqu'elle arriva chez Bintou, son amie l'accueillit avec un sourire triste.

— Comment tu tiens ? demanda Bintou doucement, comme si elle avait peur de la briser.

Aïcha haussa les épaules, incapable de répondre.

— Moussa est parti, alors j'en ai profité pour venir, murmura-t-elle.

Elles s'assirent sur la terrasse, accompagnées peu après par Koumba et Fatim. Leur présence réchauffait un peu le cœur d'Aïcha, mais elle savait qu'elle n'échapperait pas à leurs questions.

— Tu n'es pas heureuse, Aïcha, ça se voit, dit Koumba. Pourquoi tu ne leur dis pas que tu veux partir ?

Aïcha soupira.

— Ce n'est pas si simple... Dire non à ce mariage, c'était trahir mes parents, mon clan. Et même si je le faisais maintenant, où pourrais-je aller ? Ils ne me pardonneraient jamais.

Fatim croisa les bras, le regard rempli de révolte.

— Alors tu comptes te sacrifier pour eux toute ta vie ? Ce n'est pas juste !

Aïcha savait qu'elle avait raison. Mais la peur l'enserrait toujours, comme des chaînes invisibles. Que se passerait-il si elle disait enfin non ? Pouvait-elle supporter l'idée d'être rejetée par sa propre famille, désavouée par ceux qui l'avaient élevée ?

Le soir, lorsqu'elle rentra chez elle, le silence de la maison la submergea à nouveau. Moussa n'était pas encore rentré. Aïcha marcha lentement jusqu'à la fenêtre et regarda la rue déserte en contrebas. Le poids de sa solitude l'écrasait.

Elle s'assit finalement à son bureau et sortit un carnet. Depuis quelques jours, elle y notait des pensées éparses, des idées de fuite, des rêves d'une vie meilleure. Elle se mit à écrire, d'un trait :

"Je veux être libre. Libre de choisir, libre d'aimer, libre de vivre pour moi-même. Je ne veux plus de cette prison dorée où l'on m'étouffe sous prétexte de tradition."

Elle arrêta d'écrire un instant, le souffle court. Ces mots étaient plus qu'un simple journal intime. Ils étaient un premier pas vers une révolte qu'elle n'avait encore jamais osé imaginer.

La nuit tomba, et Moussa rentra enfin. Aïcha l'entendit entrer, poser ses clés sur la table, et marcher jusqu'à la chambre. Il la regarda un instant, fatigué, puis s'assit au bord du lit.

— Ça va ? demanda-t-il, presque distraitement.

Aïcha le fixa, incapable de trouver une réponse. Elle aurait voulu crier, lui dire qu'elle ne supportait plus cette vie. Mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.

— Je vais dormir, ajouta-t-il en se levant.

Il partit sans attendre de réponse, et Aïcha sentit une colère sourde monter en elle. Cette indifférence constante était pire que la violence. Elle se leva brusquement et marcha jusqu'à la salle de bains. Elle se regarda longuement dans le miroir, cherchant la jeune femme pleine de rêves qu'elle avait été autrefois. Mais tout ce qu'elle voyait, c'était une ombre d'elle-même, une femme brisée par un mariage imposé.

Cette nuit-là, alors que Moussa dormait profondément, Aïcha se leva en silence. Elle rassembla quelques affaires dans un petit sac et saisit son téléphone. Elle envoya un message rapide à Sidi, son frère :

Aïcha : "Sidi, je pars. Je ne peux plus rester ici. Aide-moi, je t'en supplie."

Elle resta un moment immobile, tremblante. Elle savait que cet acte serait irréversible, mais pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait vivante.

Quelques instants plus tard, son téléphone vibra.

Sidi : "Je viens te chercher. Où es-tu ?"

Aïcha inspira profondément. C'était le moment.

Elle descendit les escaliers à pas feutrés, ouvrit la porte et sortit dans la nuit fraîche. Elle savait que ce chemin serait semé d'embûches, que sa famille et Moussa la poursuivraient peut-être. Mais elle n'avait plus peur.

Pour la première fois de sa vie, Aïcha avait choisi.

Ce chapitre se termine sur une note d'espoir et de détermination. Aïcha, enfermée trop longtemps dans un mariage qui lui avait été imposé, décide de reprendre son destin en main. Sa route vers la liberté sera difficile, mais elle est prête à affronter chaque obstacle pour enfin vivre la vie qu'elle mérite.

Mariage arrangé de Aïcha Où les histoires vivent. Découvrez maintenant