Chapitre 12 : L'Échappée Chaotique

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La porte claqua doucement derrière elle, et Aïcha se retrouva seule dans l'obscurité de la rue. La fraîcheur de la nuit la fit frissonner, mais elle n'hésita pas. Chaque pas qu'elle faisait loin de cette maison pesait lourd de peur, mais aussi de soulagement. Elle allait enfin s'échapper.

Elle serra son sac contre elle et jeta un coup d'œil autour, à l'affût du moindre bruit. Le silence régnait. Les rues étaient désertes, et seule la lumière d'un réverbère tremblotant éclairait son chemin.

Sidi avait promis de venir. Mais les minutes passaient, interminables, et Aïcha sentait l'angoisse monter. Et si quelqu'un la voyait ? Et si Moussa se réveillait avant que son frère n'arrive ? Elle regarda nerveusement son téléphone. Pas de nouveau message.

Après vingt minutes d'attente, une ombre apparut enfin au bout de la rue. C'était Sidi. Il marchait vite, l'air inquiet. Dès qu'il aperçut sa sœur, il l'entraîna vers une petite ruelle à l'abri des regards.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu vas bien ? demanda-t-il à voix basse en la prenant par le bras.

Aïcha hocha la tête, le cœur battant à tout rompre.

— Je ne pouvais plus rester. Je devais partir ce soir, murmura-t-elle.

Sidi la dévisagea avec une inquiétude visible.

— Moussa va devenir fou en découvrant que tu es partie. Il ne va pas te laisser partir aussi facilement.

Aïcha déglutit, consciente du danger.

— Je ne retournerai pas là-bas, peu importe ce qui se passe, répondit-elle avec détermination.

Sidi lui fit signe de le suivre rapidement. Ils devaient quitter les environs avant que quelqu'un ne s'aperçoive de sa disparition.

Ils marchèrent en silence jusqu'à une vieille voiture stationnée un peu plus loin. Mais à peine avaient-ils parcouru quelques mètres qu'une lumière s'alluma brusquement derrière eux. Aïcha sentit son sang se glacer lorsqu'elle aperçut la silhouette d'un voisin sur le pas de sa porte.

— Aïcha ? C'est toi ? appela l'homme, visiblement surpris.

Sidi lui attrapa la main et accéléra le pas.

— On ne s'arrête pas. Ne te retourne pas, murmura-t-il.

Ils atteignirent la voiture et s'y engouffrèrent précipitamment. Sidi démarra en trombe, et la vieille voiture rugit dans la nuit. Les phares déchiraient l'obscurité tandis qu'ils s'éloignaient de la maison.

Aïcha regarda par la vitre, le cœur battant à tout rompre. La maison s'éloignait à toute vitesse, emportant avec elle le cauchemar qu'avait été sa vie ces derniers mois.

Mais elle savait que tout n'était pas fini.

Après une demi-heure de route, Sidi bifurqua sur une route secondaire, en direction de la maison de leur oncle, située en périphérie de la ville. Aïcha espérait que cet endroit lui offrirait un refuge temporaire, loin de l'emprise de Moussa.

Mais le destin semblait vouloir s'acharner.

Alors qu'ils roulaient sur une route déserte, des phares surgirent brusquement derrière eux. Une voiture noire les suivait de près, ses feux aveuglants les visant comme un prédateur traquant sa proie.

— Merde ! grogna Sidi en serrant le volant.

— C'est Moussa ? demanda Aïcha, la panique dans la voix.

Sidi hocha la tête.

— Ça doit être lui. Accroche-toi.

La voiture de Sidi accéléra, mais l'autre véhicule les rattrapait rapidement. Aïcha sentait la peur lui tordre l'estomac. Elle voyait déjà le visage de Moussa, froid et menaçant, prêt à la ramener de force dans cette prison qu'elle venait de fuir.

Sidi manœuvra habilement pour semer leur poursuivant, mais la voiture noire resta sur leurs talons. Le moteur de leur vieille voiture toussait péniblement sous l'effort, et Aïcha comprit qu'ils n'auraient aucune chance dans une course-poursuite prolongée.

— Tiens-toi bien, lança Sidi avant de brusquement tourner sur une route étroite, bordée d'arbres.

Les pneus crissèrent sur le bitume, et Aïcha s'agrippa au siège pour ne pas être projetée contre la portière.

Le silence tomba soudain. La voiture noire semblait avoir disparu. Aïcha jeta un coup d'œil derrière elle, le souffle court.

— On les a semés ? demanda-t-elle avec espoir.

Sidi hocha la tête, mais son regard restait vigilant.

— Pour l'instant, oui. Mais on ne peut pas rester ici.

Ils roulèrent encore quelques minutes avant de s'arrêter dans un petit bosquet à l'abri des regards. Sidi coupa le moteur et se tourna vers sa sœur.

— Écoute, il faut que tu quittes la ville pendant un moment. Moussa va te chercher partout.

Aïcha acquiesça, encore tremblante.

— Et toi ? Tu risques des ennuis à cause de moi...

Sidi esquissa un sourire rassurant.

— Je préfère avoir des ennuis que te voir malheureuse, petite sœur.

Ils restèrent immobiles un moment, écoutant le silence de la nuit. Puis Sidi redémarra et prit la route vers un village éloigné, où vivait une amie de confiance.

Aïcha, épuisée mais soulagée, laissa ses pensées dériver. Elle savait que sa fuite ne marquerait pas la fin de ses épreuves. Moussa chercherait à la retrouver, et sa famille ne lui pardonnerait peut-être jamais d'avoir défié leurs décisions.

Mais pour la première fois, Aïcha sentait qu'elle avait repris le contrôle de sa vie. Peu importe les obstacles à venir, elle ne reculerait plus.

Elle n'était plus une marionnette. Elle était Aïcha, et elle était prête à affronter le monde, coûte que coûte.

Mariage arrangé de Aïcha Où les histoires vivent. Découvrez maintenant