L'amor ne prévient pas avant de frapper

Une nuit authentique

« Peut-il y avoir de pire situation que de perdre complètement le contrôle de soi ? »

J'écoutais attentivement le professeur Maxwell. J'aimais la passion et la précision avec laquelle il enseignait les forces du mal. Après les rumeurs qui avaient circulé à notre sujet, je m'étais faite un devoir de me tenir éloignée de lui. Y compris en classe. Et il avait respecté cette distance. Peut-être qu'il considérait que je n'avais plus besoin de lui... J'aurais voulu lui dire pourtant que je me détournais uniquement pour le bien de sa réputation. Il avait gagné ma loyauté en agissant aussi spontanément quand j'étais mal, et de manière désintéressée. Pour ça, je ne l'oublierai jamais.

- Pour identifier un vampire, nous avons tendance à penser à leurs caractéristiques physiques, comme leur teint blafard, leur silhouette svelte, leur ouïe exceptionnelle, ou encore leur agilité. Qu'est-ce qui vous serait vraiment utile en cas de duel ?

- De l'ail ? suggéra James avec amusement.

- Un pieux en bois ? proposa Dever.

- Hmm... Miss Hunt, votre avis sur ces classiques ?

- Pas plus utiles que sur un sorcier. L'ail gêne un vampire sans atténuer ses aptitudes. Quant au pieux en bois, oui, un coup dans le cœur pourrait calmer un vampire. Mais cela implique une proximité physique très risquée. Le duel par sortilèges à bonne distance est plus prudent, même si les vampires vivent assez longtemps pour devenir des mages plus accomplis que la moyenne. Tout sortilège de feu est à bannir, il y est insensible. Le blesser légèrement ne suffit pas, car il peut se régénérer relativement vite.

Je réfléchis quelques instants. Que ferais-je face à un vampire ? J'eus l'ébauche d'un sourire, inspirée par la question.

- Eh bien, que diriez-vous d'en affronter un ? demanda Maxwell en tapant dans ses mains. Je suis curieux comme vous de découvrir si la stratégie qui vous passe par la tête est la bonne.

- Servilus, en place, chuchota James assez fort pour que la moitié de la classe entende.

Maxwell lui lança un regard réprobateur. Je me tournai vers ledit « Servilus », un Serpentard qui avait effectivement de nombreux points de ressemblance avec un vampire. Cependant, malgré son teint cireux, ses yeux noirs, et sa minceur, je sus que son regard n'était acéré qu'à cause de la moquerie de James. Il n'avait rien de sauvage. James grimaça en voyant Lily le réprimander d'un regard noir, avant de soutenir son ami Serpentard d'un faible sourire.

- M. Potter, c'est vous qui passerez en premier, déclara Maxwell en faisant un signe vers le fond de la classe.

Toute la classe se tourna d'un même mouvement, découvrant un nouvel arrivant silencieux. Personne n'avait remarqué sa présence. Depuis combien de temps était-il là ?

- Je vous présente Sanguini, un vampire qui a eu la gentillesse de se porter volontaire pour l'entrainement, annonça Maxwell.

En balayant rapidement la classe du regard, je vis des teints blêmir, alors que d'autres se contentaient d'être surpris, comme s'ils voyaient pour la première fois une créature dans une réserve. James ne se laissa pas impressionner par le calme de son adversaire. Sanguini se mit en place, et je lus dans ses yeux qu'il préférerait être n'importe où ailleurs plutôt qu'ici. Son regard fixa intensément plusieurs filles, dont Lily. Bien que discrète, la lueur de désir dans ses yeux n'échappa pas à James, dont les traits se durcirent instantanément. Peu importait que le Ministère considère ces créatures comme des êtres ; pour beaucoup, Sanguini n'était qu'une bête sanguinaire. Et j'en fus convaincue moi aussi lorsqu'il plongea son regard avide dans le mien. Je le fixai sans ciller, amusée par la curiosité qu'il nourrissait à mon égard. Ses yeux se détournèrent sur Remus, au moment où celui-ci posait sa main sur mon bras avec douceur.