L'amor ne prévient pas avant de frapper

Prologue : Le souvenir de mon premier meurtre

Je suis un fantôme qui vit dans l'ombre depuis toujours. A ce titre, personne ne me connait vraiment. Vous avez fait le choix de me rencontrer, de découvrir mon histoire. Vous allez être servis. Avant que vous preniez le train de ma vie en marche, je vous propose un échauffement qui vous permettra de vous lancer. Ensuite, libre à vous de suivre le rythme.

Pour commencer, je suis une sorcière, comme mes parents. Rien d'extraordinaire dans le monde de la magie. Ma branche paternelle devrait vous parler, mon père est sans nul doute le mage noir le plus puissant d'Angleterre. J'ai beaucoup hérité de lui : son intelligence, sa froideur, sa puissance. Sa capacité à tuer aussi. Je l'ai même dépassé à ce niveau.

On me nomme Tracker, et pour tous ceux qui connaissent ce nom, je suis considérée comme le Fantôme de la Mort. Aucune cible ne m'échappe. Aucun Auror ne me soupçonne. Je suis capable de commettre le meurtre parfait en toutes circonstance. N'allez pas croire que je suis une psychopathe. Une louve a toujours une raison de tuer. Et des raisons, ce monde m'en donne à foison. J'éprouve le besoin irrépressible de supprimer les parasites, de combler les failles de la justice.

Les gens normaux cherchent souvent à comprendre comment des personnes comme moi ont pu en arriver là. A être capable de tuer, encore et encore. Je suppose que vous aussi, alors je vais vous révéler pourquoi j'ai laissé la noirceur m'envahir et choisi une lame pour arme.

Revenons à la nuit du 6 au 7 février 1965. C'était mon anniversaire. Pour mes cinq ans, la vie m'a fait le cadeau de déclencher un engrenage terrible et sanglant.

| 6 février 1965 |

J'étais au salon avec ma mère. Je jouais avec elle en attendant minuit. Pour une fois, j'allais pouvoir ouvrir mes cadeaux le soir-même de mon anniversaire, sans avoir à attendre le lendemain. J'étais si impatiente... alors quand minuit sonna, mon excitation explosa. Je sautai dans les bras de ma mère, heureuse.

- Joyeux anniversaire ma chérie !

Ma mère me prit dans ses bras pour me chatouiller, et me couvrit de bisous. J'éclatai de rire et me débattis pour échapper à son emprise. Elle sourit tendrement quand j'y parvins, et fit apparaître un gâteau au chocolat devant moi. LE moment tant attendu ! Je me tournai vers mon dessert préféré, m'apprêtant à souffler les bougies. Mais ma mère me retint, et posa un appareil en face de nous.

- Tu souffles à trois... un... deux...

Je pris une grande inspiration. Ma mère fit perdurer la dernière seconde, titillant mon impatience.

- Trois !

Je soufflai un grand coup, éteignant toutes les bougies d'un coup, au moment où un flash sortit de l'appareil. Ma mère récupéra la photo qui glissa sur la table. On me voyait dessus en train de souffler les bougies, sur les genoux de ma mère, qui offrait son plus beau sourire. J'agrandis les yeux de surprise en voyant un cadeau apparaître devant moi.
Je le pris soigneusement et le déballai en essayant de ne pas trop abîmer le papier. Je découvris un loup gris en peluche. Parfait !

- Merci beaucoup maman !! Il est trop beau !!
- J'étais sûre qu'il te plairait.

Évidemment qu'il me plaisait ! Je jetai un coup d'œil en direction de la fenêtre, et soupirai en voyant la lune. Elle était loin d'être pleine. Cela me rappela que j'avais quelque chose à annoncer à ma mère.

- Maman, regarde, j'ai un nouveau pouvoir !

Je me concentrai sur les bougies encore fumantes. Elles se rallumèrent sous mon influence, me décochant un sourire plein de fierté face à la surprise de ma mère. Elle me félicita, et mon inattention permit au feu de grandir sous l'émotion. Les bougies coulèrent, s'étalant sur le gâteau en moins de deux secondes.

- Prue !!!

Elle sortit sa baguette pour éteindre les dernières bougies survivantes, et fit disparaître la cire qui avait coulé, sauvant le gâteau de ma bêtise.

- Oups...! lâchai-je.

Ma mère éclata de rire devant mon air à la fois désolé et amusé. J'adorais me servir de la magie. Mais j'aimais plus encore son air tendre et doux, qui avait le don de me faire bondir le cœur.

- Sois patiente ma chérie, la magie prend du temps à être maitrisée. En attendant, j'aimerais que tu évites de mettre le feu à la maison. Nos ancêtres te maudiraient jusqu'à la vingtième génération si tu détruisais notre manoir familial.
- Je suis désolée maman. J'ai tellement envie de m'en servir... d'apprendre !
- Je suis certaine que tu seras une excellente élève à Poudlard.
- Six ans... encore six ans à attendre ! C'est trop looong ! me plaignis-je en trépignant.