UN AN PLUS TÔT :
Je me réveille avec une migraine lancinante, la tête encore lourde des résidus de la drogue que j'ai ingérée hier soir. Mes paupières sont collées, mes pensées embrouillées, et pendant quelques secondes, je ne sais même plus où je suis. Puis je le sens, tout contre moi, chaud et solide, comme un ancrage dans cette tempête. Valentin me tient serrée, ses bras puissants autour de moi, son corps chaud contre le mien. C'est comme s'il avait peur que je m'échappe, que je disparaisse. Et moi, je n'ai pas envie de bouger, pas envie de quitter cet instant.
Pourtant, il y a cette douleur dans ma tête, ce bourdonnement incessant qui refuse de se taire. Je me détache doucement de lui, mes mouvements lents, comme si j'avais peur de le réveiller. Mais alors que je me redresse, mes doigts glissent sur son torse, et je m'arrête un instant, contemplant sa peau bronzée sous mes doigts tremblants. Je dessine des formes légères sur sa peau, comme pour m'assurer qu'il est bien réel, qu'il est bien là, avec moi. Mon esprit dérive, rempli d'espoir et de confusion. Peut-être que ce matin, tout recommencera. Peut-être qu'il me retiendra à nouveau, qu'il ne laissera plus cette distance s'installer entre nous.
Je me lève lentement pour prendre un comprimé, mon corps lourd et engourdi par la fatigue et l'émotion de la veille. Une douleur sourde me traverse encore, me rappelant que je ne suis pas complètement guérie. Soudain, un bruit se fait entendre, brisant le silence, et je décide d'aller voir si ma mère est rentrée.
Je m'avance dans le couloir, mes pieds pesant sur le parquet comme si des plombs me retenaient au sol. L'atmosphère est chargée d'une tension palpable, une prémonition que quelque chose ne va pas. Lorsque j'arrive devant le bureau de mon père, une scène de chaos s'offre à mes yeux. Des morceaux de verre brillent sous la lumière, éparpillés. Les dossiers jonchent le sol, certains ouverts, des pages froissées et couvertes d'écritures, témoignant d'une tempête qui a ravagé ce qui était autrefois un espace de travail. Et là, au milieu de ce désastre, il est là. Mon père. Il se tient debout, titubant, un verre à la main, comme un naufragé perdu dans un océan de désespoir. Ses yeux, injectés de sang, scintillent d'une rage que je n'ai jamais vue auparavant, un mélange de désespoir et de colère qui me glace le sang. La chemise froissée lui colle à la peau, et l'odeur âcre de l'alcool s'élève dans l'air, comme un nuage toxique.Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine alors que je murmure, presque à peine audible,
— Papa...
Il se retourne brusquement, son regard embrasé se fixant sur moi avec une intensité effrayante. Je peux voir la fumée de la colère émaner de lui, sa respiration saccadée et bruyante comme un animal blessé.
— Qu'est-ce que tu veux, toi ?
Sa voix résonne comme un coup de tonnerre, et je sursaute, mes entrailles se contractent à l'unisson. Ce n'est pas lui, je le sais. Mais cette réalité ne rend pas ses mots moins blessants. Je fais un pas en avant, chaque mouvement un effort surhumain, comme si mes membres étaient faits de plomb.
— Je voulais juste t'aider... te dire que ça va aller...
Je tente d'apaiser la tempête qui gronde en lui, mais mes mots semblent se perdre dans l'air, étouffés par l'émotion qui me submerge. Je voudrais croire que je peux l'apaiser, mais je ne réalise pas à quel point je suis moi-même brisée.
Un rire amer et cruel s'échappe de ses lèvres, comme un poison.
— M'aider ? Il secoue la tête, un rictus déformant son visage.
— T'es qu'une gamine stupide ! T'as jamais rien compris, hein ?!
Chaque mot est une lame qui s'enfonce plus profondément dans ma chair. Je recule légèrement, la peur et l'incompréhension se mêlant. Son regard est devenu une arme, une lueur de dégoût et de mépris qui me transperce. Je sens mes jambes trembler, l'adrénaline faisant battre mon cœur à tout rompre.
— Tu te crois utile ? Il s'avance, et je peux presque voir les éclairs de rage dans ses yeux. Tout ce que tu fais, c'est me foutre en rogne ! Qu'est-ce que tu comprends de la vie, hein ? Rien ! T'es qu'une sale petite conne qui croit que ses larmes et ses bonnes intentions vont tout réparer !
Mon cœur se brise un peu plus. Je fais un pas en arrière, mais avant que je puisse réagir, il me pousse violemment. Mon corps heurte le sol avec fracas, la douleur irradie dans tout mon être, mais elle est minime comparée à celle qui ravage mon cœur. Je reste là, immobile, trop faible pour bouger, trop choquée pour pleurer.
Il s'approche, sa rage crescendo, et ses yeux sont maintenant remplis de mépris.
— Tu sais ce que je déteste le plus chez toi... ? Il crache les mots, chaque syllabe pleine de mépris.
— ...C'est que tu te crois digne de moi, de cette famille ! Tu n'es rien !
Ses paroles sont comme des coups de poing. Mon esprit se dérobe. Chaque insulte est une couche de douleur que je porte, un fardeau qui s'accumule sur mes épaules déjà meurtries.
— Tout ce que tu fais, c'est me rappeler que je n'en voulais pas d'autre ! Ses mots sont des coups plus douloureux que n'importe quel contact physique.
— J'avais déjà un fils, un vrai ! Toi, tu n'es qu'une erreur ! Une erreur que j'ai dû accepter, qu'on m'a offerte sur un plateau et que je n'ai jamais voulu ! Je n'ai jamais voulu de toi putain !
Je suis figée, mon esprit se dérobe. Je veux crier, mais le son reste coincé dans ma gorge. Je ne peux pas comprendre ce qui se passe. Pourquoi est-ce que tu dis ça ? La question tourbillonne dans ma tête, mais je reste muette, une poupée de porcelaine brisée au sol.
Il s'approche encore, sa main tremblante de colère se lève. Sans prévenir, il me gifle violemment. La rougeur explose sur ma joue, un picotement brûlant qui se propage dans ma chair. Je vacille sous le choc, l'écho de la gifle résonnant dans mes oreilles. Avant que je puisse retrouver mes repères, il m'attrape par le bras et me balance contre le mur. La collision est brutale, et ma tête rencontre violemment le coin du bureau.
Un éclair de douleur traverse mon crâne, et je suis momentanément éblouie. La sensation d'impact est dévastatrice, comme si le monde entier avait basculé en un instant. Mon corps est engourdi, et je m'effondre au sol, ma tête bourdonnant sous le choc. Mes doigts tremblants touchent le coin de ma tête, où le sang commence à perler, chaud et épais. Je regarde mes doigts, encore couverts de la chaleur de ma propre chair. Mon cœur se serre alors que je sens la vie s'échapper lentement de moi.
Le regard de mon père est désormais différent, quelque chose de dérangeant s'y lit. Il ne montre aucun remords, mais plutôt une satisfaction perverse, comme s'il était enfin libéré de ce poids qu'il a porté si longtemps. Dans ses yeux, je vois la panique, mais pas pour moi. Plutôt pour lui-même. Ses pensées sont tournées vers les conséquences, comme s'il réfléchissait à comment se débarrasser de moi définitivement.
Alors que je suis allongée sur le sol froid, le monde commence à s'assombrir autour de moi. Je sens mon cœur s'effondrer, cette nuit a changé quelque chose en moi, comme une fissure qui s'est ouverte dans mon âme. Mon corps tremble, mais je sens que l'obscurité approche. Mes yeux se ferment lentement, et dans ce moment de lâcher-prise, je réalise que je ne suis plus la même. La dure réalité s'impose, et je comprends que je ne pourrai jamais revenir en arrière.
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Modern Aristocracy
Roman pour Adolescents" It's so exhausting pretending to hate you" Clementine Arshibald est la fille du plus grand pdg de France. À premier abord, sa vie parait parfaite : avenir tracé, première de classe, mannequin, reine du lycée. Pourtant son seul et unique objectif s...