Chapitre 22 : Faux Semblants

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Je descends du taxi en trombe, mon cœur tambourine si fort que j'ai l'impression que tout le monde peut l'entendre.Quand j'arrive enfin, légèrement essoufflée, je repère Valentin immédiatement. Il m'attend, adossé nonchalamment contre un pilier, son sourire en coin déjà bien accroché sur ses lèvres. Son bas de costume bleu marine est parfaitement taillé, et son torse nu capte la lumière avec une facilité déconcertante. Il rayonne d'une confiance presque insolente. Un instant, je suis frappée par sa beauté. Puis je me rappelle que notre guerre silencieuse, ce jeu de provocation permanente, est sur le point de reprendre.

— Enfin ! J'ai cru que t'allais nous laisser en plan, me lance-t-il avec un sourire narquois, bien different de lui qu'il m'a réservé la nuit dernière.
— Toujours aussi dramatique, Val, soufflai-je en levant les yeux au ciel. T'aurais pu me prévenir avant que je parte avec Alex.
- Et te faire louper l'interrogatoire de ton frere ? Jamais. Alors tu luis as dis à quelle vitesse t'es partie ce matin pour ne pas sauter sur mon corps de rêve ?
- Question d'interprétation je suppose, parce que que tout ce dont je me souviens c'est de toi en manque d'affection qui pleure dans mes bras comme un gros bébé.

Il ricane doucement, comme s'il n'avait rien de mieux à faire que de savourer mon retard. Je sens la tension s'installer entre nous, comme une corde qui se resserre. On se connaît trop bien, et ce jeu, c'est notre façon de maintenir une distance confortable, de faire semblant que tout ça n'a pas d'importance.
Avant que je puisse dire quoi que ce soit, ma mère surgit de nulle part, les sourcils froncés, une expression de panique gravée sur son visage parfaitement maquillé.

— Oh, mon dieu chérie, tu es enfin là. Allez, viens vite te changer, tu es en retard, me dit-elle en m'attrapant par le bras pour m'entraîner vers les cabines. C'est le premier shooting de la nouvelle saison, tout doit être parfait.

Son regard glisse sur moi, scrutateur. Je n'ai même pas besoin qu'elle parle pour savoir ce qu'elle pense. Le silence est pesant, mais elle finit par murmurer en m'examinant sous toutes les coutures :
— Tu n'as pas arrêter le pilate rassures moi ? Tes cuisses ont pris un peu de volume, je crois.

Un frisson me traverse, mais je me contente de nier. Elle ne comprend pas ce que ça fait, d'être constamment scrutée, jugée, mesurée. Je m'engouffre dans la cabine, essayant d'étouffer cette vague d'émotions qui me submerge. Respire, je me répète. Ce n'est qu'un shooting de plus, une autre scène à jouer dans cette mascarade que nous appelons la vie.
Je me change rapidement, enfilant le body en dentelle bleu marine qui épouse chaque courbe de mon corps, et la longue jupe ample fendue, un peu trop révélatrice à mon goût. Les talons aiguilles viennent compléter le look, me forçant à prendre de la hauteur. Une fois au niveau du maquillage et de la coiffure ma mère revient se placer derrière moi avec un sourire satisfait.

-Tu es très belle ma chérie.
-Merci maman.
-Écoute, Clem, j'ai besoin que tu sois professionnelle aujourd'hui, me dit-elle en me fixant droit dans les yeux. Je sais que c'est compliqué entre vous deux mais Val n'a pas l'habitude de ce genre de shooting, donc guide-le. Montre-lui comment faire. On compte sur toi pour que tout se passe bien.

Je me contente de hocher la tête en réponse. Quand je sors de la salle de préparation, la tension est palpable. Les regards se tournent vers moi, mais c'est celui de Valentin qui capte toute mon attention. Il me dévore littéralement des yeux, comme s'il voyait autre chose que la fille qu'il charrie depuis toujours. Un courant électrique passe entre nous, et je sais qu'il le sent aussi. Il se redresse, ajustant le bas de son costume d'un geste rapide et fluide, puis me rejoint au centre du plateau, ses yeux toujours rivés sur moi.

— Magnifique, souffle-t-il presque imperceptiblement, mais assez pour que je l'entende.

Je ne réponds rien, me contentant de le fixer. Son stress est évident, et je me demande ce qui le met autant sur les nerfs. Mais quand nos regards se croisent, c'est comme si tout autour de nous disparaissait. Rien que lui et moi.

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