Mon visage repose sur les jambes de Gab, assis à notre table du lycée en attendant que mon frère et Val sortent de leur épreuve de bac blanc. Mon meilleur ami joue avec mes cheveux tout en me fixant bizarrement depuis un quart d'heure.
— Bon, dis-moi. Pourquoi tu me regardes comme un psychopathe, Gabi ?
Il esquisse un sourire en coin, ses lèvres s'étirant dans une expression malicieuse qui ne présage rien de bon.
— Je vais lire ton avenir.
Giulia et Raph, posés à côté de nous, éclatent de rire.
— Par pitié, non, soufflai-je d'une voix suppliante.
— Mais si, j'ai un talent dingue pour ce genre de trucs chelous.
Je plisse les yeux en soupirant, résignée, et croise son regard clair par-dessus mon visage. Il me sourit comme un enfant et passe une main dans ses cheveux blonds qui tombent sur son front.
— T'as intérêt à m'annoncer une vie aux Maldives avec Pierre Gasly.
Gab fait semblant de ne pas entendre ma remarque et fronce les sourcils en posant ses mains de chaque côté de mon front. Je l'aperçois contracter la mâchoire comme s'il cherchait réellement à se concentrer.— Ok, je vois... un secret... Tu caches quelque chose clemouche?
— Hum, non.
— Je vois... Un homme. Un grand brun aux yeux verts, plutôt beau dans le style mannequin Calvin Klein mais pas assez beau pour battre son cousin...
Je me relève d'un bond et nos fronts se cognent.
-Gab ...
Son sourire se fait plus large, presque triomphant.
— Nouvelle conquête ? demande-t-il simplement, un éclat de curiosité dans les yeux qui camoufle une peur plus profonde.
Je sens le rouge me monter aux joues, la chaleur envahissant mon visage.
-On se dit tout tu te rappelles ? La famille, c'est sacré.
Je n'ai même pas le temps de formuler une réponse que la voix de Giulia retentit à côté de nous, son ton innocent brisant le fil de mes pensées.
— D'ailleurs, où t'as dormi après le match ? Sabrina m'a demandé si t'étais chez moi, et j'ai rien capté...
Le temps semble s'arrêter, chaque mot de Giulia résonnant dans ma tête comme une alarme. Avant même de pouvoir réagir, j'aperçois Alexis arriver, accompagné de Valentin. Ils se dirigent vers notre table, et je sens mon estomac se nouer. Valentin a l'air curieux, mais Alexis, lui, fronce les sourcils, ses yeux fixés sur moi avec une fureur à peine contenue. Son regard protecteur me transperce, et je sais qu'il se passe mille scénarios dans sa tête. Nos yeux s'accrochent, la panique éclatant dans les siens comme un miroir de la mienne. J'ai dit à Alexis que je passais la nuit chez Giulia, mais à cet instant précis, tout s'effondre.
Alexis s'arrête juste devant moi, le silence entre nous lourd et palpable. Son visage est fermé, chaque muscle de son corps tendu, prêt à se lancer dans un interrogatoire.
— Qu'est-ce qu'elle raconte ? demande-t-il d'une voix basse, menaçante, ses yeux ne quittant pas les miens.
Je cherche désespérément une réponse, mais rien ne vient. Mon regard croise celui de Val qui écarquille légèrement les yeux en comprenant le problème. La panique me paralyse, mon esprit tourne à vide. Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, Gab, fidèle à lui-même, intervient avec son sourire désinvolte, me lançant un clin d'œil rassurant.
— C'était notre date mensuel en bas de la Tour Eiffel, annonce-t-il avec un naturel déconcertant. On a fait une nuit blanche à la belle étoile avec MA meilleure amie.Alexis le fixe un instant, ses yeux plissés comme s'il cherchait à déceler la vérité derrière cette déclaration. Valentin, de son côté, hausse les sourcils, mais un sourire finit par se dessiner sur son visage.
Giulia, remarquant la tension qu'elle a engendré, se redresse soudainement, un éclat d'enthousiasme dans les yeux. C'est ce que j'adore chez elle, elle sait toujours comment désamorcer une situation délicate.
— Hé, j'ai une idée géniale, s'exclame-t-elle, sa voix vibrant d'excitation. Pourquoi on ne partirait pas tous sur votre île privée la semaine prochaine ? Pour fêter les 18 ans des jumeaux, dit-elle en se tournant vers moi, les yeux brillants.
Le changement de sujet me donne un instant de répit, mais je sais que ça ne suffira pas à éloigner Alexis de ses soupçons. Son regard, toujours rivé sur moi, est trop protecteur, trop incisif. Son idée me prend de court. Je tourne la tête vers Alexis, surprise, puis vers Valentin, qui relève un sourcil, son intérêt clairement piqué. L'île privée. Rien que d'y penser, une vague de nostalgie m'envahit. Cette île, c'était notre sanctuaire. Nos parents nous y emmenaient chaque été, et c'était notre endroit spécial, loin de tout. Je me souviens encore des journées passées à courir sur la plage, à plonger depuis les rochers, et des soirées autour du feu de camp, où les étoiles étaient nos seules lanternes. C'était là que nous étions vraiment heureux, là que les soucis semblaient s'évaporer dans l'air salé de la mer.
Mais les choses ont changé. Très vite, mon père a arrêté de venir. Trop occupé, disait-il, avec son travail, avec ses affaires qui semblaient toujours plus importantes que nous. Alors ma mère a commencé à inviter ma marraine, son fils Valentin, et son neveu Gab. Ils sont devenus nos compagnons d'aventure, remplissant le vide que mon père laissait derrière lui. Avec le temps, Raph et Giulia nous ont rejoints, et notre petit groupe d'amis est devenu une famille de cœur, tissant des liens sur cette île qui nous appartenait.
Je sens que Valentin se souvient aussi de ces moments. Un sourire nostalgique étire ses lèvres tandis qu'il se remémore ces étés passés ensemble.
— Tu parles de l'île au large de la Corse ? demande-t-il, son ton mélangeant incrédulité et envie. Celle où on allait quand on était gosses ?
— Oui, celle-là ! s'exclame Giulia, ses mains jointes devant elle comme si elle priait pour que l'idée prenne racine. C'est l'endroit parfait pour une semaine entre amis, sans les parents sur le dos. Juste nous, le soleil, et la mer.
Alexis semble hésiter un instant, son regard passant de moi à Giulia, puis à Valentin, qui hoche vigoureusement la tête, un sourire sur les lèvres.
— Ce serait vraiment cool, insiste Val. On pourrait revivre un peu de cette magie, juste profiter et fêter ça comme il se doit. En plus la bas on est libre, pas de paparazzis, pas de travail, juste nous comme avant.
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Modern Aristocracy
Teen Fiction" It's so exhausting pretending to hate you" Clementine Arshibald est la fille du plus grand pdg de France. À premier abord, sa vie parait parfaite : avenir tracé, première de classe, mannequin, reine du lycée. Pourtant son seul et unique objectif s...