À Contrecoeur

chapitre 25

Je n'ai pas eu de nouvelles de Lucas depuis notre dispute de hier soir. Je n'ai pas essayé de le joindre parce que malgré ma culpabilité, je suis en colère contre lui. 

J'ai l'impression en quelques sortes d'être forcée de faire une chose que je ne veux pas, comme si je n'avais pas totalement le contrôle de mon corps.

En un beau dimanche , je suis sortie me promener mais je n'ai pas vu le temps passer et j'ai l'impression qu'il va y avoir une tempête de neige.

Je marche le long de la route, les flocons de neige tourbillonnant autour de moi, presque comme s'ils cherchaient à me dissuader d'avancer. Le vent froid s'engouffre sous mon manteau, et chaque pas devient une lutte contre le blizzard qui s'intensifie. Je scrute l'horizon, espérant que cette tempête ne s'aggrave pas. Tout autour de moi semble figé dans un silence glacial, la lumière grise du ciel me laissant un sentiment de désolation.

Soudain, une voiture émerge de la tempête, ses phares peinant à percer le brouillard blanc. Je plisse les yeux pour mieux voir. Une silhouette familière se dessine à l'intérieur. Liam. Mon cœur s’emballe, partagé entre la peur et une curiosité incontrôlable. La voiture ralentit, s'arrêtant à ma hauteur.

-Emma ! s'exclame-t-il, ouvrant la fenêtre. Sa voix peine à se faire entendre, couverte par le rugissement du vent. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je me fige un instant, le souvenir de nos moments passés me revenant en tête. Mais je sens le froid me mordre, et l'idée de rester ici, seule, ne me plaît guère.

-Je... je voulais juste prendre l'air, murmure-t-il, un frisson me parcourant l'échine à cause de l’inquiétude qui se lit sur son visage.

-Ce n'est pas sûr ici, surtout avec cette tempête. Monte, je te ramène chez moi le temps que ça se tasse, insiste-t-il.

Je jette un coup d'œil à la tempête, puis à lui. Mon esprit bataille, mais la logique l’emporte. J'ai besoin de chaleur, de réconfort, même si cela signifie me retrouver dans la même voiture que lui.

-D'accord, réponds-je finalement, la voix un peu tremblante.

Je grimpe à l'intérieur, accueillie par la chaleur de l'habitacle qui me semble à la fois réconfortante et troublante. Le moteur ronronne doucement, mais une tension palpable s'installe entre nous. Je sens le poids de nos souvenirs et des non-dits s'accumuler, tandis que la tempête rugit à l'extérieur, comme si le monde entier se mêlait de nos affaires.

Je me retrouve dans la maison de Liam, le bruit de la tempête à l’extérieur s’estompe alors qu’il ferme la porte derrière moi. La chaleur de l'intérieur contraste avec le froid glacial qui me mord encore la peau. Une tension palpable flotte dans l'air, et je regarde autour de moi, redécouvrant les lieux, chaque détail éveillant des souvenirs passés.

Tu veux quelque chose à boire ? me demande-t-il, une note d'hésitation dans sa voix.

Un chocolat chaud, ça serait parfait, réponds-je, ma voix un peu tremblante alors que je me frotte les bras pour tenter de chasser le froid.

Il disparaît dans la cuisine, et je prends un moment pour respirer, me laissant submerger par l'atmosphère familière de sa maison. Les souvenirs affluent, des éclats de rire aux échanges complices, tout semble si vivant et si proche. La porte de la cuisine grince, et il revient avec une tasse fumante, un sourire timide sur les lèvres.

-Tiens, dit-il en me tendant la tasse, attention, c’est chaud.

Je prends la tasse entre mes mains, et la chaleur du chocolat chaud me réchauffe instantanément, me rappelant à quel point j'étais frigorifiée. Je le remercie d’un hochement de tête, mes lèvres se pinçant légèrement alors que je m'efforce de maintenir un air détaché.