Chapitre 18

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Trois semaines plus tard.

Ça fait trois semaines que nous avons dit adieu à l'âme de notre père. C'était un moment émouvant, j'avais plus de peine pour ma mère qui est enceinte, me dire que mon père n'aura pas le privilège de voir cet enfant m'a fait couler des larmes.

La Vie est injuste, nous avions encore besoin de lui. J'ai tant insisté pour rester quelques jours à Boston, mais ma mère a insisté pour rester seule, même si j'ai laissé tomber, je n'arrive pas à être rassurée à l'idée de la laisser seule dans sa dépression.

Isabella est de retour à Los Angeles avec nous, Liam a voulu tout lui avouer mais je lui en ai empêché, elle vient à peine de perdre notre père je ne pense pas qu'elle supporterait de perdre Liam, et je dois dire que je me sentirais horrible de lui arracher l'amour de sa vie.

Samantha se reconstruit peu à peu avec notre soutien à Emilie et moi, même si Jacob a longtemps essayé de reprendre contact avec elle , il lui a envoyé plein de messages d'excuses en la suppliant de revenir mais moi vivante jamais elle ne retournera auprès de lui, il ne changera pas.

Nous avons repris le cours de notre vie avec le vide que mon père a laissé bien sûr, mais avec le temps on s'y fait, le deuil n'existe pas de toute façon.

Je me tiens devant la fenêtre de ma chambre, le regard perdu dans les arbres dépouillés du jardin. Le froid du début de novembre se fait sentir, et la mélancolie de la saison me submerge doucement. Je fixe les feuilles mortes qui tourbillonnent au gré du vent, la lumière pâle du crépuscule traversant la brume. Je respire profondément, laissant mes pensées dériver entre les souvenirs du passé et l'incertitude de l'avenir.

Soudain, je sens une chaleur m'envahir, des bras m'enlacer par derrière. Je n'avais pas entendu Liam entrer. Son corps contre le mien est réconfortant, et je frissonne sous le contact inattendu. Je ferme les yeux un instant, m'accordant cette courte pause dans le tumulte de mes émotions, avant que la réalité ne me frappe de plein fouet.

— Liam… je murmure, ma voix tremblante, teintée d'une urgence que j'essaie de dissimuler. Il ne faut pas… Isabella pourrait nous voir.

J'essaie de me dégager, mais il resserre son étreinte, ses mains glissant le long de mes bras, sa tête se posant contre mon cou. Je sens son souffle chaud, son parfum familier m'envelopper.

— Emma… tu me rends fou, murmure-t-il, sa voix chargée de frustration et d'un besoin désespéré. Pourquoi tu continues à te battre contre ça ?

Je sens mon cœur s'emballer, chaque battement amplifiant la confusion qui m'habite. Je veux résister, mais je me sens faiblir. La chaleur de ses bras contraste avec la froideur de la pièce, et cette contradiction me torture.

— Parce que… je commence, mais les mots me manquent. Parce que je ne peux pas risquer de la blesser, de te perdre…

Je sens sa prise se resserrer légèrement, comme s'il refusait de me laisser m'échapper. Et même si je sais que nous jouons avec le feu, que nous marchons sur un fil fragile entre désir et désastre, une partie de moi, celle qui a soif de cette proximité, finit par céder. Je relâche un peu la tension dans mes épaules, fermant les yeux juste un instant, oubliant tout le reste.

Je reste ainsi dans ses bras, le souffle de Liam effleurant mon cou. Une part de moi voudrait se laisser aller complètement, oublier les conséquences, les risques, Isabella... Tout cela semble si lointain lorsque je sens la chaleur de Liam contre moi, sa présence remplissant chaque espace vide à l'intérieur de moi. Mais le sentiment de culpabilité finit par revenir comme une vague glaciale, et je me raidis de nouveau.

— Liam, je chuchote, ma voix à peine audible. On ne peut pas faire ça. Je ne peux pas…

Je sens son souffle s'accélérer, son front se poser doucement contre le sommet de ma tête.

À ContrecoeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant