23. Droit au bonheur

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Je prends mon sac de cours, lourd de cahiers et me dirige à l'arrêt de bus de mon lotissement. Il fait doux dehors, comme un matin du mois de juin. Le sac sur l'épaule, je me regarde à deux fois dans le miroir avant de partir. Hésitante, je marche en short en jean noir, un tee-shirt blanc et par dessus, un gilet gris. En quelques minutes j'arrive à mon arrêt habituel, les filles assises sur le banc rigolent entre elles dès qu'elles me perçoivent.
Instinctivement je baisse la tête et me recroqueville, j'ose à peine respirer. Je suis dans mon coin en attendant le bus. Ça me paraît durer une éternité. Dès l'instant où je le vois arriver, je m'avance la première comme pour fuir l'embarras qui me ronge mais au moment de monter, une blonde, fine, sentant le monoï à plein nez me fait un croche pied et je ne peux retenir la chute. Je m'écrase lamentablement sur le sol... Elles rigolent une nouvelle fois et personne ne vient m'aider. Mes pleurs deviennent incontrôlables.

Trésor, eh, réveil toi, tente Scott à moitié endormi près de moi. Nous partageons pour la première fois la même chambre, le même lit et la même couverture. Oh putain. Dégoulinante et la respiration hachée, je me frotte les yeux et réalise que j'étais en train de cauchemarder. Encore une fois, les monstres de mon passé m'ont englouti. Je suis trempé comme si je venais de prendre une douche.

Tout va bien... tu peux te rendormir.

Mais j'entends son rassurement d'une oreille. Je ne contrôle plus rien dans ces moments là et ça peut aller très loin. Nausée, évanouissement et sensation de d'asphyxie. Je n'arrive plus à respirer. Cette sensation m'angoisse. Scott saisi mes mains et les dépose sur son torse chaud. Ce geste m'électrise et pas d'une mauvaise manière.

— Il n'y a personne d'autres que nous deux Amber. Touche moi. Écoute moi et concentre-toi.
Tant bien que mal, j'essaye. Il a un pouvoir énorme sur moi.

Pourquoi... pourquoi es-tu si doux avec moi ? Pourquoi tu es ici ? dis-je difficilement.

Amber, ton réveil t'a mit les ovaires à l'envers ou quoi ? il rit, nous rions. Nous avons dépassé un stade depuis quelques jours. Je ne sais pas ce que nous sommes, mais, en revanche ce n'est plus comme au début.

Non, c'est sûrement tes coups de reins. répondis-je naturellement. Scott manque de s'étouffer avec sa salive, ne s'attendant pas à une telle réponse. Les secondes passent et pour la première fois depuis que j'ai commencé ses épisodes angoissants, cette crise passe en un claquement de doigts. Beaucoup plus efficace qu'un glaçon. Sérieusement Scott, j'ai besoin de savoir.

Qu'est ce que tu veux savoir ? je m'attendais à ce que ce revirement de situation, ces questions allaient l'agacer mais il n'en est rien. Alors il m'invite à le rejoindre contre lui, ma tête posée sur son épaule. Nous fixons la lune encore bien haute dans le ciel.

Je n'ai jamais eu l'habitude de recevoir autant de tendresse, d'avoir un homme qui est comme, comme tu es depuis hier soir. Depuis quelques jours.

Je n'ai pas l'habitude non plus, d'être sous l'emprise d'une femme, de m'inquiéter pour une femme ou encore d'exprimer mes sentiments. Mais c'est bizarre, tu... tu es comme une lanterne dans l'obscurité qui montre le chemin à prendre pour rejoindre un semblant de lumière.

Nous sommes tous les deux meurtris par notre passé, laissant des plaies béantes sur notre coeur. Crois-tu qu'on pourra un jour en guérir ?

J'aimerais pouvoir te l'affirmer mais les blessures ne disparaissent pas. Il faut apprendre à avancer pour ne pas perdre l'équilibre et finir noyé. Un silence s'abat dans la chambre, quand soudain le chef des Baltimore tente une approche périlleuse. Ses doigts sont à proximité de mon poignet empli de cicatrices. J'ai le réflexe de m'éloigner mais sa main me retient ainsi sa voix brise le silence.

The GlacialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant