𝐊𝐈𝐋𝐋𝐄𝐑 𝐐𝐔𝐄𝐄𝐍 [𝐓𝐄𝐑𝐌𝐈𝐍𝐄́𝐄]

Chapitre 3

Amalia De Castro

Comme elle est belle...

C'est tout ce qui me vient à l'esprit lorsque mon regard croise celui de la femme qui me fixe derrière le verre de la vitre. Une beauté tranchante, presque irréelle. Une créature façonnée pour hypnotiser, pour dominer.

Elle me regarde avec des yeux noirs, profonds comme un puits sans fond, une obscurité qui semble contenir des secrets insondables. Malgré la nervosité qui me gagne, je baisse la fenêtre, m'efforçant de masquer le tremblement de mes mains. Je n'ai pas beaucoup de temps, mais je veux comprendre. Je dois comprendre.

— Alors, c'est vous, la fameuse femme au sang inodore, dit-elle en esquissant un sourire sans détour. Fascinant... Et dire que Cat' vous dissimule depuis si longtemps déjà.

Sa voix est douce, mais chaque mot tranche comme une lame bien aiguisée. Je fronce les sourcils, jouant à l'ignorante, bien qu'une sourde panique commence à ébranler mes pensées. Cat'... Fait-elle référence à Felinka ? Et qui est-elle, cette femme à la beauté froide et dangereuse, qui embrase mon être et sème le chaos dans mon esprit ?

— Et vous êtes ? demandai-je, ma voix à peine plus qu'un souffle.

Elle sourit, un sourire trop large, trop sûr d'elle.

— La femme de sa vie, répond-elle sans la moindre hésitation. Britney Stewart. Et vous, petite humaine ?

Ma gorge se noue. La femme de sa vie. Les mots résonnent en moi comme une gifle, me laissant à la fois outrée et glacée. Qui est-elle pour se proclamer ainsi ? Et pourquoi cette affirmation fait-elle naître en moi un mélange de colère et de jalousie que je n'ai pas le droit d'avoir ?

— Je n'ai pas le temps, dis-je précipitamment avant de détourner le regard et de m'apprêter à démarrer.

Instinct de survie : -1.

Sérieusement, qui tourne le dos à une créature surnaturelle, surtout quand elle peut vous tuer d'un claquement de doigts ? Moi, visiblement.

— Eh, l'humaine, on ne me tourne pas le dos !

Avant que je puisse réagir, elle saisit ma mâchoire, avec une force qui me coupe le souffle, et me plaque contre l'appui-tête de mon siège. La douleur est vive, brutale, et un râle m'échappe malgré moi. Elle desserre légèrement sa prise, juste assez pour forcer mon regard à croiser le sien.

— Qui. Êtes. Vous ? demande-t-elle, appuyant chaque syllabe avec une intensité glaçante.

— Ça ne vous regardes pas, Britney ! crachai-je, tentant de reprendre un semblant de contrôle.

Sa réponse est un sourire cruel, presque amusé. Mais avant qu'elle n'ait le temps de répliquer, une voix familière fend l'air :

— Je me disais bien que ça puait la putain ici.

Britney se fige, et je tourne la tête pour voir Felinka, bras croisés, debout près de nous. Son regard noir brille d'une colère contenue.

— Rentre chez toi, Amalia, ordonne-t-elle d'un ton tranchant. Et ne reviens pas tant que je ne te l'ai pas permis.

Il y a quelque chose dans sa voix, une autorité indiscutable, presque surnaturelle, qui me pousse à obéir. Pourtant, une partie de moi refuse. Mon corps entier hurle de rester, comme si ma présence ici avait un sens que je ne comprenais pas encore.

Ignorant cette injonction silencieuse, je sors de la voiture, coupant le contact. Mon geste semble surprendre les deux femmes. Britney, en particulier, affiche un sourire carnassier.