Grey 2.6

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18 décembre 1999

Le feu crépitait dans la cheminée de la cuisine. Ginny était revenue pour deux semaines de pause. Sa première depuis son intégration chez les Harpies. Elle rigolait avec Harry tout en grignotant des noisettes qu'ils avaient décortiquées toute l'après-midi. Molly connaissait un sort pour le faire tout seul, mais visiblement quand on était avec quelqu'un qu'on aime, on s'en moquait bien de faire un truc répétitif toute une journée.

En réalité, si Emy réfléchissait bien, elle avait été un peu comme ça avec George.

Cachée dans l'ombre, elle hésitait à faire marche arrière pour se réfugier dans sa chambre. Des bruits de pas au-dessus faisait grincer le parquet, si elle ne se bougeait pas vite, Ron et Hermione allaient débarquer, et elle ne pourrait plus fuir. Oui, parce que dans la cuisine, ils s'embrassaient maintenant et ça devenait gênant. Elle fit demi-tour et remonta à pas de loup juste à temps pour ne croiser personne. La porte de sa chambre se referma sans bruit et elle se retrouva seule.

C'était un sentiment qui ne la quittait jamais vraiment. Elle était pourtant entourée, mais un profond sentiment de solitude mêlé à de la mélancolie la faisait fuir le reste du monde. C'est comme si plus elle se sentait seule, plus elle s'excluait des autres. Ils n'en avaient pas parlé avec Khein, ils avaient bien assez à faire, mais elle était parfaitement consciente que c'était l'un de ses nombreux mécanismes pour aller mal.

C'était plus simple d'aller mal.

Elle alla au tourne disque qu'elle avait ramené de chez son père et mit T-Rex, un album avec un côté familier réconfortant qu'elle écoutait presque tous les jours. Puis elle prenait un livre, ou gribouillait sur une feuille des calculs trouvés sur un vieux manuel. Elle s'ennuyait, elle avait remarqué que quand elle s'ennuyait, la solitude était encore plus présente.

On frappa à la porte, la tirant d'une longue salve de calculs. Ses mains étaient tachées d'encre et des parchemins étaient tombés au sol. Ce n'était pas une activité très glorieuse, elle avait dix-neuf ans, c'était un samedi soir, et elle passait sa soirée seule, à faire des calculs.

— Oui ?

Hermione passa une tête.

— On peut entrer ?

Avant qu'elle puisse acquiescer, les quatre entraient dans sa chambre.

— Pour Noël, on sait que tu vas en France, on sait aussi qu'aller au Terrier par exemple c'est pas possible, et on comprend très bien, commença Hermione.

Elle s'approcha d'Emy avec un sourire avant de s'asseoir sur la table devant elle.

— Alors on te propose de venir avec toi. C'est déjà vu avec tout le monde, Molly, Arthur, mes parents, c'est ok pour eux. Mais on voulait te laisser le choix final. Et Emy...

Elle prit sa main.

— Ne nous repousse pas, on est là pour toi.

Les trois autres hochèrent la tête de concert. Le réflexe d'Emy était de dire non, de les repousser et de se retrouver seule, se morfondre, ruminer dans son coin, et passer finalement une semaine dans son lit en se levant juste pour sortir Snow. Un instant, elle fut tentée de garder ce plan, finir seule et...

— Ok.

Le visage d'Hermine s'illumina.

— Vraiment ?

— Ok, répéta Emy.

Elle ne s'attendait pas à voir de la fierté dans leur regard. Oui, une autre Emy d'une autre époque aurait agit différemment. Et d'un autre coté, qu'ils reconnaissent l'effort l'emplissait elle d'une nouvelle forme de joie, une joie pure, pour elle, rien que pour elle.

III - blue sky, life stories. (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant