Grey 2.1

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6 septembre 1999

Le thérapeute ne prononça pas un mot pendant trois longues minutes après qu'elle soit entrée dans la pièce.

Trois minutes dans le silence, c'est très long.

— Je déteste ça, murmura t-elle, cédant enfin pour briser le silence.

— Quoi ?

« Il sait parler. » se dit-elle avec ironie.

— Ce silence et votre air supérieur.

— Je ne m'estime pas supérieur à vous. Pourquoi le silence vous dérange ?

Elle regarda sur son bureau.

— Vous avez vu mon dossier, vous devriez comprendre.

Il suivit son regard.

— Je l'ai lu, c'est la procédure pour toutes les victimes de la guerre.

Elle grimaça.

— Vous n'aimez pas ce terme ?

Les séances s'annonçaient longues. Ça lui rappelait trop celles inutiles qu'elle avait plus jeune après avoir été placée en orphelinat. Et puis cette manie de poser des questions à chaque mouvement ou mot l'agaçait. Tout ça, c'était des conneries et elle dut prendre sur elle pour ne pas quitter la pièce immédiatement.

Elle faisait ça pour Hermione, Harry, Ron et Andromeda. Et pour son frère. Elle leur devait tous d'aller mieux.

— Non.

À son grand soulagement, il n'insista pas.

— Pourquoi êtes-vous là ?

— Andromeda me l'a demandé.

— Pourquoi le faire pour elle et pas pour vous ?

Elle secoua la tête. C'était trop. Elle ne pouvait pas rester ici. Elle avait promis, oui, mais...

— Ça ne va pas le faire...

— Quoi ?

L'air était irrespirable, et les murs lui donnaient l'impression de se rapprocher... C'était étouffant.

— Tout ça, c'est ridicule. On perd tous les deux notre temps.

Elle se leva et il ne tenta pas de la retenir.

•••

10 septembre 1999

Elle ne pouvait pas mentir à Andromeda, aller à ces sessions était une de ses demandes parce qu'elle voulait une preuve que tout était mis en oeuvre pour aller mieux.

Et Emy avait promis, et elle se sentait redevable et même si elle détestait l'idée, elle devait y retourner.

C'est pour cela, qu'elle se retrouvait de nouveau devant la porte du cabinet. Le thérapeute, Dr Khein d'après sa plaque, lui ouvrit sans aucun commentaire.

— Comment ça va aujourd'hui ?

Elle détestait son ton compatissant, détestait qu'il soit gentil avec elle. Elle ne méritait rien de tel et se sentait coupable à la fois de ne pas aller mieux malgré sa promesse aux autres.

— Pas dingue, hein ? dit-il en refermant son carnet.

Ils étaient assis face à face sur des fauteuils. Il y avait un canapé aussi, mais c'était hors de question qu'elle s'allonge dedans.

— Se rendre compte que ça ne va pas et qu'on a envie d'aller mieux est déjà une grande étape.

Elle évita son regard sentant que ses mots créaient une émotion avec laquelle elle tentait de lutter depuis des jours.

III - blue sky, life stories. (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant