Je suis encore dans mon lit, l'esprit encore embrumé par la nuit. Je regarde mon téléphone qui vibre à n'en plus finir. Des messages, des messages, et encore des messages. Certains me découragent pour leur caractère répétitif.
« cc BB c cmb ? » « salope » « je vai te niker sal pute ».
A partir du moment où mon numéro est connu, je ne peux pas échapper à tous ces messages inutiles. Il y a aussi ceux, tout aussi déprimants, des clients qui ont décidé que nous avions une relation particulière.
« Bjr Emmy c'est Mathieu. Tu as bien dormi ? T'es habillée comment ce matin ? »
Je dois être vigilante. Lire en priorité les messages de Farid, bien sûr. Et ne pas louper ceux des clients du jour. Ce matin pas plus que d'habitude, je survole, à la recherche d'un mot de Thomas. Il n'y en a pas. Farid envoie ses instructions. Si je les vois pas, c'est la merde. Et les clients matinaux peuvent déjà m'avoir contactée.
« Hey divine Emmy ! j'ai pensé à toi toute la nuit. Je t'invite au restau ce midi ? »
Celui-là, il s'appelle Jean-Louis. Bon père de famille, qui s'ennuie en couple. Il vient me baiser assez rarement. J'imagine les démons intérieurs qu'il doit vaincre pour cela. Quand sa libido prend le dessus sur sa culpabilité, il se paye une heure. Il discute beaucoup. Il me demande l'autorisation de me toucher. Il s'excuse presque quand il me montre sa queue. Il gémit comme si c'était grave, et il me la met en bouche. Un sensible. Conscient de mon exploitation, il n'arrête pas de me promettre toute l'aide du monde. Mais il est incapable de laisser sa queue au repos quand on se voit. Résultat, il me baise et pleurniche. C'est moi qui le console, parfois.
Je lui explique que je ne pourrais pas faire une pause restau, malheureusement. Mais je serais heureuse de le voir. Il vient quand ?
« Salut princesse. Tu m'as pas répondu, Hier. Sympa, merci. Tu t'habilles comment aujourd'hui. Tu vas beaucoup travailler ? »
Lui, c'est Julien, un casse couille de première. J'ai eu la faiblesse de lui parler de ma vie la semaine dernière. Certains soirs où j'en pouvais plus, j'ai cherché du réconfort. De la compréhension, aussi. Et il m'en a donné. Depuis, il exige, il veut être au courant de tout. Il pense avoir une relation privilégiée qui lui donne le droit de tout demander, de tout savoir, et d'obtenir des réponses dans la minute. Je devrais le bloquer.
Je le fais. J'esquisse un sourire en me levant. Une bonne chose de faite !
J'ai les jambes raides, je me dirige vers la salle de bain et boit directement au robinet. Je regarde ma gueule, terrible. Je pars sous la douche. L'eau chaude me brule un peu au niveau de la chatte, je suis encore légèrement irrité. Ça promet pour la journée. Je laisse couler l'eau, et je ne pense à rien. J'ai cette faculté, moi, ne penser à rien. Ca fait délirer les filles. Sam a tout le temps des tonnes de conneries qui lui passe par la tête. Lilou, elle, essaye de se rappeler de tous les trucs qu'il ne faut pas oublier. Pour ne pas se prendre des coups de Farid ou de qui que ce soit. Moi, rien. Juste le plaisir de l'eau qui coule.
J'ai pas faim mais je dois bouffer un peu. J'ai trop envie d'un fix. Il viendra juste après, avant de partir pour le travail.
« Coucou mon ange, j'ai acheté des bas tu vas être trop belle dedans. Je viens te voir cet après-midi, on va passer un super moment ensemble. Ton Sylvain adoré. »
Je réponds à Sylvain pour pas être spammée de dix autres messages. Sylvain est un bavard. Moi aussi, trop ravie qu'il vienne...
Dans la cuisine, les filles mangent en silence. Chacune a son téléphone à portée d'œil, qui vibre en permanence. Elles regardent de temps en temps, sans répondre.
- Hello, Clochette. Tu devrais te maquiller tu as sale gueule.
- C'est prévu, et ne m'appelle pas comme ça, s'il te plait. Sinon, je vais te trouver un nom de merde bien raciste, tu vas voir.
- La bronzée ? demande Lilou, sérieusement.
- Non, répondons Sam et moi en même temps.
Lilou est stupide. Je l'aime beaucoup quand même. Je mange trois morceaux et je me dépêche de me préparer. Le téléphone continue de vibrer, presque en continu.
« Wsh Emy, j'ai tro envie de te baise. Tu pourrait pas me le faire gratuit cette fois ? Avec tout ce que j'ai déjà payé et vu qu'on est du genre ami, mtn. Trop envie de te la mettre ds le cul lol. Répond meuf »
Pas de gratuit. Réponse facile. Mais tu peux venir, Mehdi.
Trente minutes plus tard, je suis dans la chambre du nouvel airbnb loué par Farid. Nuisette et talons, prête à la baise. Mon premier client vient d'arriver. Il dépose avec fébrilité les billets. Il est pressé. « H blanc 40a, 100 30mn, met talons, leche son cul ». Prestation classique. Je me mets à genou tandis qu'il baisse son pantalon.
Une nouvelle journée qui commence.
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Merci pour celles et ceux qui me lisent. Je vais continuer et le finir, ce journal.
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Emmy, 19 ans, journal d'une prostituée
Ficción General🔞 Attention : récit pornographique, violent et sans espoir. Interdit aux mineurs. 🔞 J'ai 19 ans. Je raconte mon quotidien, la drogue et les passes, les copines, les clients et Farid, mon protecteur. Je suis assez futée pour me rendre compte de l'e...