Vingt-neuvième virage

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my heart is broken 💔


Vingt-neuvième virage.

— Merci, murmura Knife en relevant ses yeux sombres sur Virus.

Son interlocuteur eut un léger haussement des épaules. Il essayait de la jouer cool, comme si ce n'était rien du tout et que ça avait été facile (alors qu'il avait clairement paniqué en craignant d'avoir mal réagi).

— De rien.

Virus allait se relever, mais à peine ses fesses eurent-elles quitté le lit, qu'il sentit une pression sur ses doigts. La main de Knife s'était refermée sur la sienne pour le retenir. Virus se rassit alors avec un air étonné.

— Je pensais que ça t'agacerait, dit-il, parce que tu n'aimes pas être touché.

Le biker aux cheveux rouges grimaça. C'était plutôt cette remarque précise qui l'agaçait. Il n'aimait pas devoir se justifier.

— Ça semble être OK quand c'est toi.

— Comment ça ?

Knife plissa les yeux.

— Tu es... différent des autres.

— On m'a toujours dit que j'étais un peu « spécial », lança Virus à la rigolade.

Un garçon aux cheveux bleus, une fossette dans la joue, toujours rivé sur ses écrans et dévorant les donuts à la chaîne, ça ne passait pas inaperçu. Et Knife avait une expression si sérieuse sur le visage que Virus essayait de détendre un peu l'atmosphère. Il n'avait aucune idée de ce à quoi pensait l'homme.

— Pas de cette façon, rétorqua Knife en secouant la tête comme si Virus était le pire des idiots. Enfin... je ne peux pas nier que tu sois « spécial » si tu le dis toi-même, mais ce n'est pas ce que je voulais dire.

— Alors quoi ?

Knife tenait toujours sa main dans la sienne et Virus ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qui se passait. Est-ce qu'il y avait un autre alter en co-front ?

— Mes pathologies ont fait fuir beaucoup de personnes... mais malgré tout ce que je t'ai fait, ce dont je me souviens et ce dont je ne me souviens pas, tu es resté.

Virus se retint de dire qu'il n'avait pas vraiment le choix. Leur chef de gang lui avait ordonné de rester au chevet de Knife et de veiller à ce qu'il ne se foute pas en l'air durant sa convalescence. C'était une mission en quelques sortes.

— Je sais que ce n'était pas forcément de ton plein gré, reprit Knife, car personne ne resterait avec moi aussi longtemps de son plein gré... mais tu devais juste t'assurer que je reste en vie. Tu n'avais pas besoin de faire... toutes ces choses... M'aider à teindre mes cheveux, cuisiner des burgers ou cuire des cupcakes pour Olivier... Peut-être parce que je ne le mérite pas, mais personne ne s'était montré aussi gentil avec moi depuis longtemps.

Chaque mot semblait un peu plus dur à prononcer, comme s'il lui brûlait les lèvres. Knife n'avait pas l'habitude de parler autant à cœur ouvert de ses émotions. Pendant des années, il avait bâti une carapace pour protéger ses sentiments. C'était nécessaire pour garder le cap en dépit des traumatismes dont il avait été victime et continuer à avancer.

Mais les gestes de Virus l'avaient touché, perçant peu à peu son armure. En-dehors de Wolf, personne ne lui avait jamais accordé autant de temps et de gentillesse.

— Ce n'était pas grand-chose et ça m'a fait plaisir. Vraiment.

C'était grave chouette de faire des cupcakes. Et la photo qu'il avait de Knife avec la bouche recouverte de glaçage était collector. Danger ni aucun autre membre du gang n'y croirait pas même s'il le lui racontait ! Knife avait plutôt tendance à effrayer et éloigner ceux qu'il fréquentait... alors l'imaginer en train de décorer des cupcakes, ça avait un petit quelque chose de surréaliste.

Knife resta silencieux, mais Virus sentait toujours la pression de ses doigts sur sa main. Il ne voulait pas le laisser partir. Et à la seconde où le jeune homme aux cheveux bleus chercha à se lever, Knife entrouvrit à nouveau les lèvres.

— Je...

Virus tourna la tête pour le regarder. Le biker avait une expression indéchiffrable. Virus ne parvenait pas à deviner ce à quoi il pensait. Il semblait à la fois sérieux et... confus ?

— Oui ?

— Je ne sais pas comment le formuler, car ça ne m'est jamais arrivé auparavant. Je n'ai jamais ressenti ça pour personne avant toi.

Le plus jeune était de plus en plus perplexe.

— De quoi est-ce que tu parles ? Je ne comprends pas.

Knife était visiblement mal à l'aise.

— Je...

— Tu me fais mal aux doigts, Knife, grimaça Virus en sentant la prise de l'homme se raffermir. Lâche ma main, s'il te plaît.

Cette remarque déstabilisa le biker aux yeux sombres, mais sa main ne quitta pas la sienne, écrasant ses doigts entre les siens.

— J'aimerais que tu restes. Avec moi.

— Je vais rester jusqu'à ce que tu sois rétabli.

Knife fronça les sourcils avec agacement. Pourquoi est-ce que son interlocuteur ne comprenait pas tout de suite ?!

Virus sentit une plus grande pression sur ses doigts qui le fit grimacer.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire.

Virus serra les dents.

— Tu commences vraiment à me faire mal. Tu veux que je perde mes doigts ou bien ?

Mais Knife l'ignora. Ce n'était pas volontaire. Il avait du mal à ordonner ses idées. La main de Virus était une ancre dans une mer trouble. À la place, il prit une courte respiration.

— Je veux... que tu sois mien. Je crois que je t'aime bien.

La respiration de Virus se coupa d'un seul coup.

Oh, souffla-t-il avec surprise.

Knife le prenait vraiment de court. Une part de lui craignait d'attiser davantage sa colère par sa réponse, mais il se devait de lui dire la vérité. Il se gratta nerveusement le crâne, cherchant des mots qui sonneraient justes.

— Knife..., murmura-t-il avec prudence, mais honnêteté, je suis désolé, mais je ne peux pas être avec toi...

D'un geste sec, Virus réussit à dégager sa main. Il se leva du matelas pour mettre une distance de sécurité entre Knife et lui, tenant sa main un peu douloureuse dans son autre paume.

— ... je ne peux pas être avec quelqu'un susceptible de me faire du mal. Ces hématomes ne sont pas apparus sur mon corps par hasard... Que ce soit toi ou un autre alter n'y change rien. Dans ma relation de couple, j'ai besoin de me sentir en sécurité avec mon partenaire... voilà pourquoi je ne peux pas être avec toi, expliqua-t-il avec une confiance et un aplomb qui le surprit lui-même. Pour le moment, j'aimerais que nous restions... amis

Il n'attendit pas forcément de réponse à sa proposition, sachant qu'un rejet amoureux n'était pas une chose aisée à encaisser. Surtout que Knife avait dû prendre tout son courage et renverser son égo pour lui avouer ses sentiments. Mal à l'aise, Virus se racla alors la gorge.

— Je vais... hum... il me semble que j'entends la moto de Wolf dehors.

Parce que l'ambiance s'était alourdie et qu'il craignait la réaction de son interlocuteur, Virus se précipita à l'extérieur en priant pour que leur relation ne se détériore pas davantage après ce rejet.

Laissé seul dans la maison, Knife porta sa main à son cœur.

Quelle était cette sensation étrange ? Celle qui lui tordait l'estomac et lui enserrait la poitrine ? C'était la première fois qu'il ressentait quelque chose comme ça.

Pour la toute première fois de sa vie, il ressentait la douleur

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