Vingt-cinquième virage.
Wolf était surpris, mais Virus avait l'air sûr de lui. Il prit soin de cacher la liste de course à Knife avant d'acquiescer.
— Oh et achète des légumes frais aussi ! ajouta Virus en le poussant vers la sortie. Maintenant que tu es là, on va pouvoir avoir des ingrédients frais du jour, c'est trop bien !
Le plus jeune avait l'air totalement excité par cette pensée.
— Tu sais qu'il est à moto, lui fit remarquer Knife d'un air détaché.
Wolf désigna son sac à dos d'un geste de la main.
[Je prendrai ton sac et les sacoches de la moto. Ça ira.]
Virus avait déjà les œufs, donc à partir de là... le reste devrait pouvoir être porté sans risque. Faire plaisir au jeune homme le rendait heureux.
— Qu'est-ce que tu lui as demandé d'acheter ? interrogea Knife en entendant le moteur de la moto démarrer sur le parking.
Les yeux de Virus pétillaient de malice.
— Tu verras !
Knife roula les yeux avec un air agacé avant de s'allonger à nouveau sur le lit.
Sans pouvoir s'empêcher de sourire, Virus se mit à compter les minutes jusqu'au retour de Wolf avec les courses. Il proposa une partie revanche de Mario Kart à Knife, mais sans doute encore rancunier de sa défaite de la veille, ce dernier refusa. Virus patienta donc en jouant à Animal Crossing sur sa Switch, tandis que Knife somnolait.
Parce qu'il ne ressentait pas la douleur, il était facile d'oublier que Knife était blessé. Mais quand il dormait en plein jour, Virus se rappelait qu'il avait encore besoin de repos pour se rétablir.
C'est environ une quarantaine de minutes plus tard que Wolf fut de retour. Dès qu'il entendit le moteur de la Harley, Virus accourut à l'extérieur pour l'aider à porter les courses.
— Tu as tout trouvé ?
Wolf hocha la tête en lui offrant un sourire victorieux. Il lui tendit la liste d'épicerie sur laquelle tous les items avaient été cochés.
— Trop bien ! Tu es le meilleur ! J'ai tellement hâte de voir la tête de Knife... !
Avant qu'il ne puisse rentrer avec son sac, Virus sentit Wolf lui attraper le bras. Il le regarda longuement.
— Je sais ce que tu penses, soupira Virus, tu penses que j'en fais trop, nah ?
Wolf secoua la tête.
— Tu penses que c'est une mauvaise idée alors ?
Le biker aux cheveux noirs hésita. À vrai dire, il ignorait quelle serait la réaction de Knife. Son ami pouvait être tellement imprévisible...
— Mais... s'il réagit mal... tu seras là, non ? s'enquit Virus d'une petite voix.
Wolf soupira, puis acquiesça en le poussant à l'intérieur de la petite maison. Ils allaient bien voir...
— On est de retour, chéri ! s'amusa Virus en fonçant directement dans la cuisine.
Ce surnom inattendu eut le mérite d'attirer tout de suite l'attention de Knife qui se redressa en le fusillant du regard.
— Tu cherches à aiguiser mes nerfs ou tu n'as tout simplement aucun instinct de survie... ?
Wolf entra le deuxième et déposa son sac sur le comptoir, son regard passant de Knife à Virus.
— Ne soit pas si rochon ! s'exclama Virus en sortant les ingrédients du sac et en récupérant ceux transportés par Wolf.
— Si tu continues avec cette attitude, je t'assurer que je vais te couper la langue et te la faire...
Knife se tût en voyant le regard désapprobateur que lui jetait Wolf. Aussitôt, il se renfrogna et se cala au fond du lit en grimaçant. Il comprit bien vite que Virus allait à présent se cacher derrière son nouveau garde du corps pour être absolument sans-filtre !
— Crétin..., murmura-t-il pour lui-même.
Sans perdre son enthousiasme, Virus avait terminé de disposer tous les ingrédients sur le comptoir. Il entreprit alors de préparer le mélange à gâteau. À ses côtés, Wolf lavait la vaisselle à mesure pour éviter qu'elle s'accumule.
— Oh, merde, dit soudain Virus, j'ai oublié de te demander d'acheter...
Avant qu'il ne termine sa phrase, Wolf fouilla au fond du sac à dos et lui tendit une plaque de cuisson de 12 moules à muffins.
— ... tu es vraiment le meilleur !
Car bien évidemment, Knife n'avait pas de moule à gâteaux dans ses armoires. C'était pourtant un instrument essentiel pour faire les faire cuir !
— « Meilleur », répéta Knife d'une voix ironique depuis son lit en levant les yeux au plafond. Quelle exagération...
— Quoi ? On est jaloux ? se moqua Virus en riant.
Knife ne dit rien en se tournant pour fixer le mur.
En deux-trois mouvements, Virus mit aussitôt les gâteaux au four. Puis, il s'occupa de faire le crémage avec lequel il allait les décorer.
Petit à petit, le parfum des gâteaux à la vanille se mit à envahir la petite cabane jusqu'à piquer l'intérêt de Knife.
— Qu'est-ce que vous fabriquez dans ma cuisine vous deux ? Je connais cette odeur...
Ce parfum faisait appel à de vieux souvenir enfouis, le faisant immédiatement dissocier. Au même moment, la minutie mise sur le téléphone de Virus retentit.
Bip. Biip. Biiip.
— Ah, c'est prêt justement. Tu veux nous aider à les décorer ? demanda-t-il avec un air candide en prenant les gants pour sortir la plaque de cuisson du four. Il faut juste attendre qu'il refroidisse quelques minutes. Je vais les mettre au frigo pour que ça aille plus vite.
Le regard de Knife s'agrandit de surprise en se posant sur les 12 gâteaux encore fumants. Était-ce vraiment ce qu'il croyait ? Lentement, il se leva du lit et marcha vers la cuisine, une expression indéchiffrable sur le visage.
Par réflexe, Wolf se positionna entre Knife et Virus, prêt à défendre ce dernier en cas de problème. Il n'avait aucune idée de ce que Knife avait en tête. Il s'attendait à tout moment à ce qu'il entre dans une crise de colère incontrôlable et qu'il renverse la plaque de cuisson au sol avant de se jeter sur le cuistot.
Mais Knife se stoppa avant.
— On... peut vraiment les décorer ? demanda-t-il d'une voix un peu plus aiguë, incrédule – comme s'il n'osait pas trop y croire –, mais remplie d'espoir.
La tension dans les épaules de Wolf se relâcha tout de suite. L'alter little de Knife n'allait très certainement pas représenter une quelconque menace. Il pouvait facilement reconnaître Olivier à sa voix et à la façon dont il utilisait les expressions faciles du visage. Ça n'avait rien à avoir avec l'usage qu'en faisait Knife, beaucoup plus froid et renfrogné.
— Oui, on peut, répondit doucement Virus en sortant de derrière Wolf. Tu voudrais bien m'aider ?
VOUS LISEZ
VIRUS
RomansaAprès avoir connu l'horreur dans une famille d'accueil, Wolf s'est enfermé dans le silence et Knife a des crises de colère violentes et incontrôlables liées à ses traumatismes. Quand les deux amis intègrent le groupe de bikers Gun'n'rose, Knife ne s...