Au début, ce n’était rien, juste un geste anodin,
Un tic banal, un murmure des mains.
Je jouais avec ma peau, autour des ongles tendue,
Un rituel d’ennui, à peine aperçu.
Mais le désir, insidieux, s’est fait plus pressant,
Un appel sourd, un besoin déchirant.
Arracher un peu, puis davantage encore,
Comme si ma chair abritait un trésor.
Les jambes d’abord, offertes au feu du silence,
Puis les bras, mon dos, dans une danse de souffrance.
Chaque lambeau tombé racontait une histoire,
Un fragment de moi, un éclat de mémoire.
Peut-être cherchais-je à effacer ses empreintes,
Ces mains qui sur mon corps avaient laissé leurs teintes.
Ou peut-être voulais-je simplement renaître,
Changer de peau, devenir un être autre.
Mais maintenant, allongée sur le carrelage froid,
Je contemple ce rouge qui s’échappe de moi.
Le sang serpente, dessine des chemins,
Autour des morceaux de peau qui gisent en vain.
Le miroir me renvoie un regard absent,
Un spectre d’avant, éteint dans le présent.
Suis-je en train de me perdre ou de me sauver ?
Dans ce chaos, je ne sais plus avancer.
