Je pointe un doigt tremblant vers lui,
Pour expliquer celle que je suis aujourd'hui.
Je dis à mes amis, d'un ton léger,
Que s’il y a distance, c'est lui, le premier.C’est lui qui m’a appris, sans vraiment le vouloir,
À fuir les bras tendus, les regards, l’espoir.
À repousser ceux qui m’aiment, de peur de tomber,
De peur d'être aimée comme lui sait aimer.Car lui, il aime, mais d’un amour maladroit,
Un amour qui hurle, qui gronde, qui broie,
Un amour qui frappe sans lever la main,
Un amour qu’on reçoit comme un coup de destin.Je le blâme pour chaque pas en retrait,
Pour chaque cœur que j’abandonne en secret.
Et pourtant, la vérité se cache là, nue,
C'est moi qui choisis de m’enfuir, qui continue.Je lui jette la faute, en miroir de mon ombre,
Refusant de porter mes propres décombres.
Je dis que c'est lui, que son souffle me suit,
Mais c'est ma peur qui, sourde, jamais ne fuit.Car malgré tout, malgré moi, je ressens sa colère,
Ce feu qui brûle, cette envie de taire.
À la moindre secousse, je m’éclipse, je pars,
Comme lui, devant le moindre regard.Je suis sa fille, malgré mes défenses,
J’hérite de son cœur et de sa défiance.
Et même si je crains de devenir comme lui,
Je porte son fardeau, tout comme il m’a transmis.Alors aujourd'hui, face à moi, face à eux,
Je fais un pas, juste un pas vers ce feu.
Je m'efforce d'apprendre à aimer autrement,
À rester, à m’ouvrir, même lentement.Je suis la fille de mon père, c’est vrai,
Mais chaque choix, chaque peur est à moi, désormais.
