Quinze ans déjà, un souffle, une éternité,
Quinze ans que je suis là, sans en comprendre la portée.
À un an, j’apprenais à vivre, fragile, innocente,
À trois ans, des problèmes, des ombres pesantes.Encore aujourd’hui, je ressens ses mains,
Leur empreinte sur mon corps, sur mes matins.
À cinq ans, le grand saut, l’école m’appelle,
Un nouveau monde, une ville nouvelle.Reconstruire ce que les premières années avaient tracé,
Avec mes mains d’enfant, tenter de recoller.
À sept ans, on me trouve "intelligente", hors normes,
Mais seule, je refuse de gravir ces formes.À onze ans, le collège, les premières amitiés,
Des liens fragiles, précieux, destinés à durer.
À douze ans, les complexes s’enracinent, je me compare,
Les moqueries, même des amies, percent mon regard.Ma mère, mon bourreau, ses mots comme des lames,
Taillent ma confiance, éteignent mon âme.
À treize ans, harcèlement, un mur contre moi,
Seule face à ce poids d’être ce "moi".Deux fois, l’obscurité m’appelle,
Deux fois, je tente de briser cette étincelle.
À quatorze ans, une lueur : l’acceptation,
Essayer d’aller mieux, tourner l’horizon.Mais quinze ans, la rechute, l’abîme m’avale,
Poussée par mon reflet, cette ombre infernale.
Trahie par ma propre main, ma propre voix,
Car je suis ma plus grande ennemie, mon propre effroi.
