24 décembre, 16h20
— Mon cœur, tu en as pour combien de temps tu crois à la salle de bain ? me demande Johan, qui rassemble ses affaires dans le couloir.
— J'ai bientôt fini mon maquillage ! l'informé-je en jaugeant mon reflet dans le miroir.
Un sourire éclatant me creuse des fossettes en permanence depuis « nous » et me rend si belle.
C'est fascinant la vitesse à laquelle nous avons créé une entité et eu les réflexes qu'un « vieux » couple.
Je touche des doigts ce bonheur tant fantasmé, imaginé sous toutes ses formes, pour être frappée par la plus surprenantes d'elles : l'inattendu. Johan a croisé mon chemin alors que je me fermais à l'amour, il m'a rencontrée dans une période pleine de pessimisme, au milieu d'une vie dont je n'étais pas particulièrement fière, et l'a faite basculer vers quelque chose de tellement plus épanouissant. De sain. De certain. Une réciprocité enveloppante de tendresse, inespérée autant qu'implacable.
Et aimer de cette manière, dans la sérénité, la complicité, la fusion et la légèreté, c'est plus que je n'aurais jamais pensé vivre.
Ne jamais dire jamais.
— Top ! N'oublie pas qu'on a deux heures de route, si possible il faudrait décoller dans quarante minutes.
— Oui, je suis dans les temps !
Hors de question d'être en retard en cette occasion.
J'ai envie que tout se passe bien avec la famille de Johan, quand bien même il n'y accorde, comme moi, qu'un intérêt et attachement modérés. C'est la première fois qu'il fêtera le réveillon en compagnie d'une copine, j'en perçois toute la symbolique ; je serai à la hauteur et rendrai ces instants magiques.
— Je peux voir ? s'enquiert-il derrière le battant.
En guise de réponse, je pousse la porte. Le maître des lieux se glisse dans la petite pièce aux lumières tamisées et relève aussitôt les yeux en se mordant les lèvres.
J'éclate d'un rire touché puis me hisse sur la pointe de mes pieds pour embrasser sa joue. Lui, une expression heureuse irradiant son visage, capture ma bouche de la sienne tout en laissant ses mains courir sur mon corps à peine vêtu.
— T'es sublime.
— Et toi, tu es si beau...
Encore plus avec ces lunettes à fine monture sur le nez, l'affublant d'un air sérieux à la Clark Kent. Je caresse les lignes de sa mâchoire, soigneusement taillés, perds la notion du temps en l'admirant.
Nous dormons peu, trop occupés à courir après les grains du sablier. Nous aimerions qu'une journée en dure cinq, et nous n'aurions encore pas assez d'instants partagés. Moi qui étais toujours attachée à mes moments « solo » et qui, après plus d'un an de célibat, craignais ne plus réussir à faire de la place pour quelqu'un, ou à supporter la présence de quiconque dans mon quotidien, mon espace personnel et vital... Mes inquiétudes me paraissent si ridicules ! Tout comme tous les schémas pitoyables qui m'amenaient à donner leur chance à des pauvres gars immatures et indisponibles émotionnellement.
Johan est la raison pour laquelle ça devait ne surtout pas marcher avec un autre.
Je suis comme, enfin, alignée avec mon destin, c'est cette sensation qui me donne foi en nous. Il est celui que j'espérais, que je manifestais en pensée sans même m'en rendre compte. Celui qui a fait renaître la candeur, l'innocence, la douce vulnérabilité, la délicatesse et l'estime dans mon petit être brisé. L'or que j'ai fait couler dans mes failles, qui a magnifié mes fêlures et soudé mon âme morcelée.
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À mes Toujours
RomanceAigrie par sa rupture et l'année et demi écoulée à enchaîner les rencards, tous plus foireux les uns que les autres, Cléo espère bien passer un Noël sans accrocs. C'est sans compter Johan, l'inconnu qu'elle percute dans une boutique. Derrière des a...