5 novembre, 18h58 - Johan
Je souris à son message « je suis là ». Comme si je l'ignorais, alors que je campe à la fenêtre depuis qu'elle m'a dit qu'elle prenait la route. En vitesse, je vérifie mes cheveux et mon aspect général dans le miroir, puis passe les deux portes pour l'accueillir dans le hall de l'immeuble.
En ouvrant, je suis encore une fois scotché par sa beauté. Contrairement à hier, pas de robe à manches longues mais un tailleur pivoine qui fait ressortir ses taches de rousseur autant que sa taille de guêpe. Je cligne des yeux, sens un courant d'air brûlant alors qu'il fait quatre degrés dehors.
- Coucou ! s'écrie-t-elle, les pommettes rougies par la fraîcheur.
- Coucou, soufflé-je. Tu es magnifique.
- Merci ! exulte-t-elle en pivotant.
Sa queue de cheval haute se balance à ses mouvements. C'est différent. Ça lui va bien. Ça souligne la délicatesse de ses traits.
Ce port de tête, putain !
L'un des nombreux détails qui me font craquer chez elle. Là où j'ai adoré posé mes lèvres hier, quand elle me tournait le dos, collée à moi en cuillère, devant « Ça ». J'étais incapable de résister, alors qu'elle sursautait contre mon corps, déjà en tension, à chaque screamer. En vérité, je mourrais d'envie de l'embrasser dès que j'ai levé les yeux sur elle, dans ce magasin. Quand j'a vu les siens, implorants, navrés, qui appelaient à l'aide, encadrés par une cascade de cheveux mouillés. Roux, pour tout sublimer. Telle une sirène sortie d'un fantasme de marin, elle était là. Trempée. Sublime.
Ce soir, avec ce look sérieux, tiré aux quatre épingles, elle l'est encore plus.
Moi qui croyais cela impossible...
J'attrape sa main, la lève pour l'inciter à tourner. Et un rire perce, me rappelant qui elle est. Un éclat de bonheur à l'état pur. Derrière des allures sexy au possible. Multiples.
Cet air strict, alors que je lui connais un visage émerveillé, cette apparence soignée, alors que je l'ai rencontrée ensevelie sous la végétation... Cléo a mille facettes, et j'aime toutes celles que je découvre, pour le moment.
S'est-elle faite cette coiffure pour libérer l'accès à son cou ? Ou pour que je lui tire ses...
Reprends-toi, mec. Embrasse-la.
Je me penche vers elle et redis « coucou ». Naturellement, comme si, maintenant, c'était l'unique manière de se saluer, nos langues se retrouvent.
Elle interrompt notre baiser d'un gloussement.
- Quoi ? me vexé-je.
- Il y a une autre à qui tu dois dire bonjour...
- Oh, oui !
Je la suis jusqu'à sa voiture, garée à quelques mètres sur l'une des rares places disponibles gratuitement dans ma rue. Dans l'Opel grise, la chienne bullterrier de Cléo, qu'elle m'a montrée en photo hier, et que j'ai vu dans tellement de posts et de stories, saute sur place. Son gros front bombé et ses yeux ronds plein de malice me paraissent familiers.
Oui, j'avoue que je regarde le profil de la maîtresse en boucle depuis qu'on est amis sur les réseaux.
- Elle est belle ! m'exclamé-je en découvrant la chienne, qui descend du véhicule et tournoie de joie à mes pieds.
Les sourcils fins de sa propriétaire, redessinés d'un habile coup de crayon, se haussent. Pendant que je caresse sa petite molosse avec une vivacité qui semble lui plaire, elle s'enquiert :
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À mes Toujours
Любовные романыLa plus triste des séparations n'est que le début du chemin vers la plus belle des rencontres. - Victor Hugo Aigrie par sa rupture et l'année et demi écoulée à enchaîner les rencards, tous plus foireux les uns que les autres, Cléo espère bien passer...
