13. Electrique

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24 décembre, 22h10 - Johan.

Le bâillement de Wave que j'entends, lorsque Cléo revient s'asseoir à mes côtés, m'informe du haut niveau de stress de cette dernière. Mais moi, c'est l'autre con que j'observe, pas foutu de dire à sa copine de se tenir à carreaux.

Fin, les joues creusés, les cheveux clairs, le nez couvert de points noirs et pas plus grand que Cléo, Maxime est mon exact opposé.

Que lui a-t-elle trouvé ? L'amour rend vraiment aveugle...

Je ne me sens pas du tout menacé par lui, d'une part pour le physique et d'autre part parce que j'ai confiance en Cléo, qui a bien réalisé à quel point ce n'était pas un homme bien.

Pourtant, je ne peux pas me le piffer, et j'angoisse de leur proximité. Sa manière de la regarder, à l'instant, à la fois avec irritation et envie, me donne envie de le clouer au mur.

Je n'ai jamais été jaloux de ma vie et là, mon cerveau me rappelle par tous les moyens qu'ils ont huit ans en commun. Qu'ils ont partagé bien plus de Noëls ensemble qu'elle et moi. Qu'ils ont évolué et passé des étapes que je ne pourrai pas rattraper, comme le bac, la première voiture, le premier emploi... Qu'il l'a vue nue. Qu'il l'a baisée.

Quel idiot pourrait l'avoir goûtée et ne pas ressentir de manque ? Quel hypocrite oserait me dire qu'elle ne suscite aucune envie ?

C'est une déesse au lit, aventureuse et active, je me damnerais pour son corps qui ondule si bien, pour son souffle court dans mon oreille, pour sa peau pâle si douce et constellée d'éphélides, pour ses lèvres charnues qui épousent si bien chacune des parties de mon anatomie, pour les lueurs coquines dans ses pupilles, pour ses doigts de fée...

Des flashs de nous, dans nos élans charnels incontrôlables, s'imposent à moi. Et aussitôt, la tête de Maxime remplace la mienne dans ces souvenirs torrides.

Les malingres doigts de Cléo, manucurés de rouge et blanc, passent sur les miens, crispés sur ma serviette de table, que je broyais sous la colère sans m'en rendre compte. Ses iris tremblants de compassion chassent mes inquiétudes et je me détends aussitôt.

Comment cet imbécile peut-il s'être comporté aussi lâchement et méchamment avec une femme au cœur pur comme Cléo ?

Comment ose-t-il se permettre d'être hautain et désagréable, alors qu'il est en tort et ne lui arrive pas à la cheville ?

Et surtout, de quel droit s'autorise-t-il à la dévorer des yeux, alors qu'il l'a tant négligée, et trompée ?!

S'il continue, je lui ferai avaler son air supérieur. En attendant, ma reconnaissance gomme ma mauvaise humeur. Cléo continue d'être là pour moi, de noter quand je vais moins bien, de me soutenir, même malgré tout ça.

— J'ai tellement de chance de t'avoir, lui murmuré-je.

Elle ferme les yeux et pose tendrement sa tête sur mon épaule.

Cynthia enguirlande son époux et tous deux échangent leurs places avec Julie à la cuisine, tandis que nous digérons la copieuse entrée.

— Excusez-moi, est-il possible de vous emprunter vos latrines ? demande timidement Basile.

Ce vocable est tellement en accord avec son prénom...

Je lui indique la direction à prendre au moment où ma cousine se rassoit à table. Aussitôt, elle cherche les emmerdes :

— Vous nous avez pas dit, ça fait combien de temps, vous deux ?

Comme honteuse, Cléo baisse les yeux.

À mes ToujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant