Chapitre 5

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Droite, gauche, droite, droite, gauche, droite, gauche, gauche.

Les pieds encrés dans le sol, tous les muscles bandés au maximum, je massacrais le sac de sable qui me faisait face. Harvey avait convaincu le coach de mettre de la musique à fond pour notre dernier cours de l'année, et je débordais d'énergie.

A la fin du morceau, le prof demanda à ce qu'on se mette en duo pour s'entrainer à bloquer les attaques au visage et à l'abdomen.

On est presque toujours en nombre impair d'élèves, alors comme d'habitude je me tourne vers Harvey pour faire équipe avec lui. C'est comme ça qu'on est devenu ami, le jour où j'ai été forcée de me mettre en duo avec lui, et qu'il m'a mis son point en pleine figure parce que je n'avais pas placer mon bras correctement. J'ai eu très mal sur le coup, mais je m'en souviens quand même comme quelque chose d'un peu drôle. Je veux dire, qui d'autre que moi devient super ami avec un type qui vient de vous mettre une patate ?

Je me place face à lui et me met en garde, puis il commence a frapper.

-T'es de meilleure humeur aujourd'hui ? demande-t-il en levant un sourcil.

-C'est les vacances, je suis obligée d'être de meilleure humeur.

Je baisse un bras juste a temps pour éviter de me prendre son poing dans l'estomac.

-Tu pars quelque part cet été ? Ajoute-il

J'ai l'impression de passer un interrogatoire.

-Nan, mes parents ont pas l'argent pour payer des vacances, et la dernière fois que j'ai demandé à ma mère si on pourrais partir juste un weekend dans un endroit pas cher elle a dit qu'elle voyais pas l'intérêt.

-Ho, dans ce cas... commença -t-il, avant d'être couper par le coach qui annonça la fin du cours.

Je m'essuyais le front tandis qu'il me demandait s'il pouvait me raccompagner chez moi. Je lui répondis affirmativement et me dirigeais vers les vestiaires.

Je prenais une douche très rapidement, puis retournais vers mon casier pour m'habiller d'un vieux jogging et d'un gros pull tout moche. De l'autre coter de la pièce, un groupe de fille était encore là, déjà complètement habiller et prête à partir, qui parlaient d'une voix modérée. Certaines d'entre elle me jetais de petit coup d'œil pas du tout discret.

Leurs discussions puérils ne me concernaient pas. J'attrapais mon sac et le balançais sur mon épaule, quand l'une d'entre parla à ce moment précis d'une voix beaucoup plus forte et claire. Son intention était clairement que j'entendre cette phrase précise.

-Si elle croit pouvoir le séduire avec une dégaine pareille, elle se met le doigt dans l'œil.

Elles rirent toutes ensemble, très fières. Je me tournais vers elles, en levant un sourcil.

-Ouais c'est de toi qu'on parle. Sérieusement, tu crois vraiment qu'a une chance avec lui ? demanda l'une d'elle avec un sourire en coin.

-Séduire qui au juste ? dis-je.

-Arrête de faire l'innocente, tout le monde sait que tu kiffe Harvey, tu passes tous les entrainements avec lui, et tu le rejoins souvent devant le bâtiment. Mais t'a aucune chance ma belle.

Ce fut mon tour de rire.

-Moi ? Et Harvey ?

Je ris à nouveau. Jamais je n'aurais pensé qu'on pourrait un jour me sortir une telle débilité.

-Je ne suis pas du tout, mais lors vraiment pas intéresser par Harvey. Beurk. Il est presque comme mon grand frère, jamais de la vie je voudrais sortir avec lui. Sérieusement, vous avez rien de mieux à faire que de vous imaginer n'importe quoi ?

Je n'attendis pas de voir leur réaction, je leur tournis le dos, et je passais la porte. Je sortis dans l'air frais du soir en pouffant.

-Qu'est ce qui te fais rire comme ça ? demanda Harvey, qui m'attendais, adosser à un mur sal.

-Les filles du groupe pensent que je cherche à sortir avec toi.

Immédiatement, il éclata de rire a son tour.

-On devrait leur acheter des lunettes. N'importe qui qui nous observerais un minimum devrais savoir qu'il y a aucune chance que ça arrive. Que ce soit de ton coter ou du mien d'ailleurs, non merci, sans façon.

-Elles ont vraiment imaginer que je pourrais être intéresser par un mec aussi vieux que toi ?

Il tourna la tête dans ma direction, et croisa les bras sur son torse.

-Hé, je suis pas si vieux que ça je te signal. Je suis à peine majeur !

-C'est bien ce que je dis : t'es vieux.

Finalement, on se mit en route. On traversa tout le terrain du gymnase, jusque dans la rue. Les lampadaires n'étaient pas encore allumés.

-Tu disais quoi tout a l'heure au fait ?

-T'étais un peu trop jeune avant, mais maintenant que t'a fini le collège, et que t'a rencontré tous mes amis, je voulais te proposer de venir en vacance avec nous.

-Où ça ?

-Tout les ans on va dans le même camp de vacances, à pied pour le fun. On passe par la forêt, on campe tous les soirs pendant une semaine, puis on arrive à destination, c'est juste de l'autre coter de la foret.

-Pourquoi pas. Je suis pas partie en vacances depuis mes cinq ans, avant la mort de mon père. Il faudrait que je demande à ma mère. Il coute cher ton camp de vacances ?

-Normalement c'est une petite centaine d'euros, mais je connais bien la directrice du camp, je suis sûre que je peux la convaincre de te laisser passer gratos, au moins cette année.

Je réfléchi un instant. Partir avec un groupe de presque inconnu, a pied, pour passer toute mes vacances dans un camps, loin de ma famille, de ma maison et de mes habitudes ? Ouais, c'était une grave bonne idée !

-ça me plait bien, j'en parlerais à ma mère en rentrant.

-Tu dis qu'il connait bien les lieux ?

-Oui.

-Et les adultes qui seront responsables de vous aussi ?

-Techniquement la plupart d'entre eux sont déjà adulte, mais oui, il connait bien la directrice.

-Je vais en parler avec Léon, mais je ne suis pas contre.

-Merci beaucoup maman !

-Mais !

Evidement qu'il y a un mais. J'aurais été folle de ne pas m'y attendre.

-Mais ?

-Si ton beau-père est d'accord aussi pour te laisser partir, il faudra quand même que tu réussisses ton brevet. Si tu ne l'as pas, tu ne pars pas. 

le voile obscureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant