notre dame de paris raiponce et esmeralda

Chapitre 1

**La Fête des Fous**

Paris bouillonne d'agitation. La place de Grève est noire de monde, envahie par des badauds venus célébrer la Fête des Fous. Le vacarme des tambours, des flûtes et des rires s'élève comme une vague, secouant les murs des bâtisses et faisant vibrer les pavés sous les pieds des danseurs.

Au centre de cette anarchie se dresse une estrade, sommairement assemblée. Les spectateurs s'y massent, criant des plaisanteries et lançant des morceaux de pain ou des coquilles vides à quiconque ose réclamer le silence. Sur cette scène de bois, une compétition grotesque bat son plein : l'élection du Pape des Fous. Les visages grimés se succèdent, chacun plus difforme ou ridicule que le précédent, sous les applaudissements du peuple déchaîné.

Parmi eux, un homme frêle, vêtu d'une cape élimée, tente de se frayer un chemin : Gringoire. Poète sans succès, il espère que ses mots trouveront enfin leur public dans cette fête chaotique. Mais pour l'instant, personne ne prête attention à lui. Tout le monde regarde ailleurs, vers le spectacle ou la boisson.

« Faites place, poète à l'œuvre ! » s'exclame-t-il en levant haut sa plume comme un sceptre imaginaire. Mais sa voix est noyée dans les clameurs.

Au loin, une autre scène s'improvise. Une musique différente s'élève, attirant les regards. Là, deux jeunes femmes occupent le centre d'un cercle formé par des spectateurs hypnotisés.

Esmeralda, vêtue d'une robe aux couleurs vives, danse avec une grâce sauvage. Ses pieds frappent les pavés au rythme d'un tambour, tandis que ses poignets ornés de bracelets cliquettent comme des carillons. Ses longs cheveux noirs tourbillonnent autour d'elle, et un sourire éclatant illumine son visage.

À ses côtés, Raiponce, plus réservée, suit la cadence. Ses cheveux blonds, impossiblement longs, flottent comme une traîne derrière elle. Elle n'a pas la fougue d'Esmeralda, mais son sourire timide et sa beauté singulière attirent les regards.

« Regardez-les danser ! » hurle un homme dans la foule. « Deux fées sorties tout droit des flammes de l'enfer ! »

Les spectateurs applaudissent, mais au milieu d'eux, deux paires d'yeux ne clignent pas. Claude Frollo, archidiacre de Notre-Dame, observe Esmeralda d'un regard fixe, un mélange de fascination et de terreur gravé sur son visage. Plus loin, cachée à l'ombre d'un porche, Mère Gothel scrute Raiponce, ses lèvres pincées et ses doigts crispés sur son châle noir.

Frollo murmure, presque pour lui-même : « Pourquoi danse-t-elle ainsi ? Pourquoi faut-il que le mal prenne une forme si divine ? »

Gothel, quant à elle, grince entre ses dents : « Elle rayonne... mais cette lumière je la veux. »

Le tambour s'arrête. La danse prend fin sous un tonnerre d'applaudissements, mais le cœur de Frollo cogne plus fort que jamais. Alors qu'Esmeralda tend son chapeau pour recueillir des pièces, il se détourne, tirant brusquement sur sa cape pour disparaître dans les ruelles.

Gothel reste un instant figée, les yeux rivés sur Raiponce, avant de se fondre dans la foule.

Sur l'estrade centrale, un cri retentit : « Voici votre Pape des Fous ! »

La clameur s'intensifie lorsque Quasimodo, le sonneur de cloches de Notre-Dame, monte sur la scène. Son visage, marqué par une laideur presque surnaturelle, suscite une ovation immédiate. Les habitants de Paris aiment à rire de son apparence, mais ce soir, c'est lui qui porte la couronne de carton, triomphant malgré les moqueries.

Pourtant, ses yeux ne sont pas tournés vers la foule. Ils scrutent, au loin, Esmeralda et Raiponce qui disparaissent entre les ombres. Une lueur indéfinissable traverse son regard.

À l'écart, Gringoire assiste à tout cela, perplexe. Il murmure, comme s'il écrivait dans sa tête : « Paris est un théâtre, et nous ne sommes que des pantins. »

La nuit tombe lentement sur la ville. Mais dans le tumulte de la fête, quelque chose d'autre s'agite. Une obsession naît, tapie dans l'ombre.