16 - Le lotus blanc

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Point de vue de Shomegaku Okita

Assise dans un couloir calme après mon entraînement au kendo, je tiens entre mes doigts la broche représentant un lotus blanc. Pour moi, ce symbole est plus qu’un simple bijou. Il incarne la pureté, la renaissance, et l’espoir. C’est ce que je m’efforce d’apporter à Wilfried, mais la tâche est ardue.

Je repense à ma récente intervention. Convaincre Sudo de changer n’a pas été simple. C’est un garçon impulsif, souvent emporté par ses émotions. Mais mon don d’empathe m’a permis de comprendre ses peurs cachées : il voulait être reconnu, mais il se sentait incapable de répondre aux attentes de cette école. En le guidant, je n’ai pas seulement sauvé son avenir académique ; j’ai gagné un allié loyal.

En marchant avec Sudo récemment, nous avons croisé trois élèves de la classe C. Ils avaient été envoyés, à n’en pas douter, par leur leader pour provoquer Sudo. Leur plan était clair : le faire réagir violemment afin de compromettre sa position. Mais je savais que Sudo avait changé.

Au lieu de répondre par la colère, il les a ignorés, un sourire tranquille sur le visage. Quand ils ont persisté, j’ai décidé d’intervenir. Je me suis tournée vers eux, sondant leurs émotions. Ils n’étaient pas mauvais en soi. Ils agissaient par peur, suivant les ordres sans réfléchir.

Je leur ai parlé avec douceur mais fermeté :

— Vous croyez vraiment que provoquer quelqu’un vous élèvera dans cette école ? Tout ce que vous faites, c’est vous rabaisser.

Leur leader les manipulait, tout comme il manipulait d’autres élèves. En les confrontant, je n’ai pas seulement protégé Sudo ; j’ai planté une graine de doute dans leur esprit. Ils hésitaient à répondre, et l’un d’eux a même failli me tendre ses points pour se racheter. Mais j’ai refusé. Ce n’est pas de l’argent ou des points que je voulais, mais un changement sincère.

Je me concentre à nouveau sur ma broche. Depuis mon arrivée dans cette école, j’ai observé en silence, comprenant les jeux de pouvoir, les ambitions et les failles de chacun. Mon don m’a offert un avantage, mais aussi une lourde responsabilité.

Wilfried.

Depuis notre rencontre au collège, il a toujours été une lumière, bien qu’entourée de ténèbres. Je le voyais comme un garçon brillant, capable de surpasser n’importe qui, mais les blessures qu’il a subies l’ont enfermé dans une spirale de méfiance et de survie.

Je ne peux pas le forcer à changer. Je dois être subtile, stratégique.

Alors que je suis plongée dans mes pensées, j’aperçois Kamuro, une élève de la classe A. Elle regarde nerveusement autour d’elle, puis tend la main vers une table où un téléphone semble abandonné. Elle s’apprête à le prendre, mais je l’arrête d’un geste rapide.

— Tu sais que quelqu’un pourrait utiliser ça contre toi, n’est-ce pas ?

Elle sursaute, lâchant le téléphone immédiatement.

— Ce... ce n’est pas ce que tu crois, dit-elle en baissant les yeux.

Je croise son regard, sondant ses émotions. Honte. Peur. Et quelque chose d’autre : un profond sentiment de contrainte.

— Tu es observée, Kamuro, murmuré-je. Fais attention.

Elle reste figée un instant, puis acquiesce légèrement avant de s’éloigner. Ce que je ne sais pas, c’est que mes mots viennent de la sauver d’une situation bien plus complexe. Si elle avait pris cet objet, elle serait tombée dans un piège.

Alors que Kamuro s’éloigne, je sens un regard sur moi. Je me retourne lentement et aperçois Igor, un membre du groupe de Wilfried. Il me regarde avec une intensité inhabituelle, comme s’il essayait de deviner mes intentions.

L'Elite Brun - Y1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant